PASSEDOUET Auguste, Jules

Né le 28 avril 1838 à Brest (Finistère) ; mort le 17 juin 1876 en déportation ; comptable ; membre de l’Internationale ; communard, chef de bataillon fédéré, déporté en Nouvelle-Calédonie, où il mourut.

Selon Délion, op. cit., Auguste Passedouet « commença par être marchand de vins, puis se lança dans le journalisme et fut successivement gérant du Globe, du Corsaire et du Satan ». Il collabora avec Vinçard aîné à La Mutualité, journal du travail, des sociétés coopératives et de secours mutuels, fondé à Bruxelles en novembre 1865.
IL se maria le 3 mai 1862 à Paris XIVe arr. avec Eugénie Lozouet, fuitière.
Le 17 mai 1869, il prit la parole lors d’une réunion de 500 personnes à la Salle de la Fraternité (27, avenue d’Italie), appartenant à Jules Nostag, défendit le socialisme et conclut en s’exclamant : « Laissez passer la liberté sociale ! »

Avec M. Vuillaume et L. Sornet, en février 1870, il fit paraître La Misère, petite feuille in-4° qui eut sept numéros (6-12 février). Secrétaire-correspondant de la section de la Maison-Blanche de l’Internationale fondée en avril 1870 — Voir Dict., t. IV, p. 57 — Passedouet fut impliqué dans le troisième procès de l’Internationale — Voir Varlin. Le 8 juillet, il fut renvoyé de la prévention d’avoir appartenu à une société secrète, mais convaincu d’avoir, à Paris, fait partie de l’AIT non autorisée, et condamné à deux mois de prison, 25 f d’amende et quatre mois de contrainte par corps le cas échéant.

Passedouet, qui avait habité un temps, 7, rue de Constantine, VIIe arr., fut nommé, après le 4 septembre 1870, maire du XIIIe arr., mais il ne fut pas élu le 5 novembre.

En 1871, la Commune de Paris le délégua à la mairie du XIXe arr. « où, du reste, il se conduisit personnellement avec beaucoup d’honnêteté » (Délion, op. cit.) La commission communale du XIXe arr. comprenait avec lui Ansel, Chilmann, Debeaumont, Guyot, P. Mallet, Pascal, Pichot, Poujois et Vincent (cf. Murailles... 1871, op. cit., pp. 242, 465). Il collabora à La Montagne de G. Maroteau, 2-25 avril 1871.
Chef de la XIXe légion, il combattit jusqu’au bout, fut fait prisonnier le 28 mai 1871 et condamné, le 30 mars 1872, par le 3e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Sa femme fut également détenue.

Dans Mémoires d’un jeune homme, pp. 295-299, H. Bauer — Voir ce nom — a parlé avec sympathie de Passedouet que la folie gagna à la presqu’île Ducos : « À quarante ans, il était d’intelligence claire et précise, de caractère ferme et droit. Le bon sens, la raison souriante et pratique qui n’excluent pas l’action le placèrent au-dessus des têtes du parti révolutionnaire. Son instruction étendue, il l’a acquise par la volonté et la patience, pauvre être abandonné, élevé à l’école des enfants de troupe du régiment [...]
« Lors de la Commune, il hésitait à s’y rallier, mais son tempérament de révolté, ses relations antérieures, ses convictions plus fortes que la prudence ou l’ambition le mirent aux premiers rangs de l’armée révolutionnaire [...]
À la presqu’île Ducos, « on le surveilla de près, car il était dangereux d’approcher de lui. L’affreuse agonie de son âme se prolongea durant quelque semaines. À l’heure de la mort, il sembla sortir de son état comateux et, se dressant sur son lit, la face rassérénée, avec un long regard autour de lui, il murmura : « Quelle existence ! quelle existence ! » Et il retomba inerte. Il était délivré. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article67608, notice PASSEDOUET Auguste, Jules, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 10 septembre 2022.

ŒUVRE : Le Droit Républicain (La liberté, l’égalité, la solidarité économique ne peuvent résulter que du socialisme), Paris, Rouge frères, sd, 1 p.

SOURCES : Arch. Nat., H colonies 95. — Arch. Nat., 45 AP/5. — Troisième procès de l’AIT à Paris, op. cit. — P. Délion, Les Membres de la Commune, op. cit., pp. 425-426. — La Comune di Parigi (G. Del Bo) op. cit. — Notes de Julien Chuzeville.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit., p. 370.

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