SNELL Henry

Né le 1er avril 1865 à Sutton-on-Trent, Nottinghamshire ; mort le 21 avril 1944 à Londres ; parlementaire travailliste et propagandiste de la libre pensée.

D’origine rurale, Henry Snell est mis au travail aux champs dès l’âge de huit ans et à douze ans il se loue comme valet de ferme. Sa scolarité est donc très rudimentaire. Quand il a quatorze ans environ, il part pour Not-tingham chercher du travail et est embauché dans les cabarets de la ville, expérience qui le dégoûte à jamais de l’alcool et du tabac.

C’est sur la place du marché de Nottingham qu’il assiste pour la première fois à des meetings en faveur de la libre pensée. En particulier il entend là Charles Bradlaugh* dont la forte personnalité le marque profondément. Il suit régulièrement les réunions de la Société nationale de la libre pensée (National Secular Society), tandis que la lecture de « Progrès et Pauvreté » (publié en Angleterre en 1881) le confirme dans ses idées avancées. C’est à la suite du célèbre duel oratoire entre Bradlaugh et Hyndman*, le 17 avril 1884, que Snell s’oriente vers le socialisme ; il est d’ailleurs influencé aussi par la conversion au socialisme d’Annie Besant* à la même époque. Du coup, il adhère à la section de la Social Democratic Federation de Nottingham. Snell connaît ensuite une éprouvante période de chômage qu’il n’oubliera jamais. En 1890, il quitte Nottingham pour Londres où il devient l’adjoint du secrétaire de la section de Woolwich de la Charity Organisation Society (Société d’organisation de la bienfaisance) dont il va très vite détester la philosophie. Autodidacte, Snell s’entraîne à devenir un bon orateur. Il prend régulièrement la parole dans les réunions de l’Ethical Society, fer de lance de la libre pensée et dans les meetings socialistes, tout en militant activement à Woolwich où, en compagnie de Robert Banner, il jette les bases d’une section socialiste locale.

En 1895, Snell est nommé secrétaire du premier directeur de la London School of Economics, fondée cette même année. Ensuite la Société fabienne l’utilise comme conférencier itinérant (lui-même fait partie de l’exécutif de la Société pendant plus de vingt ans). En 1899, il entre à la Fédération des Sociétés morales (Union of Ethical Societies) d’abord comme enseignant puis comme secrétaire. De 1907 à 1931, il assure en plus le secrétariat de la Ligue de l’enseignement laïque (Secular Education League). Lui-même se décrit « follement anticlérical de conviction et tempérament », et chez lui la libre pensée l’emporte sur le socialisme.

En 1919, Snell devient conseiller municipal de Londres ; en 1922, prenant sa revanche de deux échecs subis en 1910 et 1918, il est élu député de Woolwich. A la Chambre des Communes, il contribue à la création du groupe travailliste pour le Commonwealth auquel il consacre le plus clair de son activité parlementaire.

En 1931, Snell est anobli et entre à la Chambre des Lords avec le titre de baron. Il avait abandonné toute responsabilité municipale en 1925 mais lorsque le Labour emporte pour la première fois la majorité au conseil municipal de Londres (London County Council), Snell devient président du Conseil de comté jusqu’en 1938.

Depuis la Première Guerre mondiale, Snell avait tempéré ses opinions et pris ses distances avec l’aile gauche du mouvement travailliste. De caractère renfermé il avait peu d’amis et il était resté célibataire. Ses Mémoires sont d’une belle écriture et les premiers chapitres qui évoquent à la fois la vie à la campagne dans les années 1960-1970, le mouvement libre penseur et les débuts du socialisme dans les années 1880 constituent un témoignage de valeur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75805, notice SNELL Henry, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : Daily Life in Parliament (La vie quotidienne à Westminster), Londres, 1930. — Men, Movements and Myself (Les hommes, les mouvements et moi), Londres, 1936.

BIBLIOGRAPHIE : G.D.H. Cole, History of the Labour Party from 1914, Londres 1948. — Fifty Years of the Woolwich Labour Party 1903-1953, R. Stucke ed., Londres, 1953. — E. Royle, Radicals, Secularists and Republicans : Popular Freethought in Britain, 1866-1915, Manchester, 1980. — Dictionary of National Biography, 1941-1950.

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