WILLM Albert [WILLM Philippe, Albert] , écrit parfois Albert Wilm

Par Justinien Raymond

Né le 24 novembre 1868 à Brest (Finistère), mort le 29 juillet 1944 à Paris (VIIIe arr.) ; avocat ; militant socialiste ; député de la Seine.

Fils d’un mécanicien du port, Albert Willm fit ses études au lycée de Brest, puis étudia le Droit aux Facultés de Rennes et de Paris. Gagné au socialisme dans les milieux universitaires, il constitua à Brest un groupe d’études sociales, participa à la propagande locale par la parole et par la presse.

Inscrit au barreau de Paris, il adhéra au POSR en 1896, ajouta à sa vie de militant la défense des ouvriers inculpés, assura la tutelle juridique de la Bourse du Travail et de l’Association professionnelle des Nouvellistes parisiens. Au second congrès général des organisations socialistes françaises à Paris, salle Wagram (1900), il représenta le syndicat des Fondeurs de Rennes (Ille-et-Vilaine) et celui des Ébénistes-réparateurs de Bordeaux affilié au POSR. En 1904, il assista Briand à Annecy dans la défense des ouvriers de Cluses (Haute-Savoie). Au Comité général des organisations socialistes issu de la première tentative d’unité, A. Willm représenta le POSR. C’est en cette qualité qu’il demanda en juillet 1901 que Jaurès fût relevé de toute délégation du Parti pour avoir laissé sa fille faire sa communion. Mais il ne fut pas suivi.

Le 2 décembre 1901, il épousa Anne Guillemot à Paris dans le XVIIe arr.

À partir de 1905, A. Willm appartint à la SFIO. La fédération de l’Hérault l’avait délégué au congrès d’unité à Paris (avril 1905). Il représenta la fédération du Nord aux congrès nationaux de Chalon-sur-Saône (octobre 1905) et de Saint-Étienne (1909), celles de la Seine à Limoges (1906) et de la Nièvre à Nancy (1907). Au congrès de Toulouse (1908) il siégea avec voix consultative comme représentant du groupe socialiste au Parlement.
Depuis les élections législatives de 1906, il était député de la 4e circonscription de Saint-Denis (Seine) : il avait recueilli au premier tour 6 626 voix sur 22 795 inscrits et fut élu au scrutin de ballottage par 9 684 contre 7 380. En 1910, il fut réélu dès le premier tour par 10 567 suffrages sur 25 891 inscrits et 19 289 votants. Le 3 janvier 1909, candidat socialiste au Sénat, dans la Seine, Willm avait recueilli 94 voix sur 945 inscrits et 937 votants.

Sa combativité, son éloquence, sa compétence juridique en firent le porte-parole du groupe socialiste dans quelques grands débats. En mai 1907, il prit la défense des fonctionnaires syndicalistes poursuivis pour avoir pourfendu par affiches le gouvernement Clemenceau (JO du 11 mai). Il prononça une violente interpellation au lendemain des événements sanglants de Draveil (JO du 6 juin 1908). Il fit un plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort (séance du 4 novembre 1908). Il stigmatisa les malversations financières intervenues dans les affaires de liquidation des congrégations (JO du 16 mars 1910). Il prit la défense des cheminots de l’Ouest-État le 5 avril 1910. Dès cette date pourtant apparaissaient des signes inquiétants. Willm était devenu l’avocat d’un riche capitaliste tunisien, Couiétas, pour qui il intervint auprès du ministre des Affaires étrangères de Clemenceau, S. Pichon, le 2 mai 1909.
Faut-il voir là le départ de l’évolution qui allait l’éloigner du socialisme ? Survenu le 4 juin 1913, un accident de voiture lui fit perdre la confiance des militants SFIO de Clichy et Levallois-Perret, les deux communes de la 4e circonscription de Saint-Denis. En quête d’un séjour campagnard dans l’Eure, Willm se trouvait dans le véhicule personnel et la compagnie d’Aristide Briand. La révélation d’une compromettante amitié avec l’ancien chef du gouvernement allait lui valoir aussitôt une demande d’exclusion que la fédération de la Seine tarda à envisager. N’attendant pas la prévisible décision finale, l’incriminé choisit de démissionner du parti en décembre 1913. Il ne renonça pas à se présenter devant les électeurs de la même circonscription, où il fut battu en 1914 par le préférèrent Bachelet, puis de la 5e de l’arrondissement de Saint-Denis passé de 7 députés en 1910 à 8 en 1914. Devancé avec 6695 voix le 26 avril par le candidat SFIO Jean Bon, 6717, il n’atteignit le 10 mai 1914 que 8228 face à 8900. Après des missions en Italie pour les Affaires étrangères de 1915 à 1919, il forma dans le département de la Loire, une liste qui n’eut aucun élu à la Chambre. Il s’était alors rallié au Parti socialiste national fondé en 1917 par Alexandre Zévaès, et participa le 8 novembre 1927 à la tentative de Gustave Hervé visant à ranimer cette formation en sommeil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article86554, notice WILLM Albert [WILLM Philippe, Albert] , écrit parfois Albert Wilm par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 21 mai 2021.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : A. Willm a collaboré au Petit Breton, au Petit Brestois, au Travailleur du Finistère, au Petit Bleu, au Petit Sou, au Soir, à l’Action, au Socialiste, à l’Humanité.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Nat., 19800035/1341/55371, dossier Willm (Leonore). — Arch. Mun. Brest, état civil ; Arch. Paris, état civil, VIIIe arr. — Comptes rendus du congrès de Wagram (1900) et des congrès du Parti socialiste. — Hubert-Rouger, La France socialiste., op. cit., p. 392 et Les Fédérations socialistes III, op. cit., pp. 148-153. — L’Humanité, 2 et 4 janvier 1909. — Journal des débats, 26 avril 1910 p.1, 6 juin 1913 p. 2, 7 juillet 1913 p. 2, 8 juillet 1913 p. 3, 9 juillet 1913 p. 3, 28 avril 1914 p. 1, 12 mai 1914 p. 2, 10 novembre 1927 p. 4 (BNF, Gallica). — Ch. Poitevin, Les Spoliations coloniales en Tunisie : autour de l’affaire Couiétas, mémoire de maîtrise, Vincennes, 1973. — Yves Billard, Le Parti républicain-socialiste de 1911 à 1934, thèse, histoire, Paris 4, 1993.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 392.

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