BARTHELON Émile

Par Roger Pierre

Né et mort à Bourg-lès-Valence (Drôme) : 2 octobre 1872, juin 1934 ; ouvrier à la Cartoucherie, puis agent de maîtrise à l’Arsenal de Valence ; militant syndicaliste ; radical puis socialiste ; maire de Bourg-lès-Valence.

Émile Barthelon était le fils d’un journalier habitant à Bourg-lès-Valence, dans le quartier ouvrier de la Table Ronde. Dès sa sortie de l’école, il entra à la Cartoucherie nationale, la plus importante entreprise du département, où il travailla comme serrurier, puis comme mécanicien, jusqu’en 1922 ; sa femme y fut aussi employée. Ils avaient plusieurs enfants.

Militant du Parti radical, il maintint au syndicat de la Cartoucherie dont il devint secrétaire en 1903 l’orientation réformiste donnée par son prédécesseur, Paul Alb. La Bourse du Travail de Valence, reprise en mains par les mutualistes, de 1906 à 1910, le délégua en octobre 1906 au congrès de la CGT et à la conférence des Bourses, à Amiens. En avril 1903, à la faveur d’une élection complémentaire, puis le 3 mai 1908, il fut élu au conseil municipal de Bourg-lès-Valence sur des listes de « concentration républicaine » auxquelles étaient opposés des candidats socialistes.

Cependant, en mai 1909, Émile Barthelon adhéra au groupe socialiste SFIO de Bourg-lès-Valence et il fut l’année suivante le trésorier du comité électoral de Roux-Costadau, sans rompre pour autant ses anciennes attaches, car en 1912 il fut réélu au conseil municipal sur une liste de concentration républicaine, radicale et socialiste dirigée par Perrier, que les syndicats avaient vivement combattu au cours de la longue et dure grève des ouvriers de l’usine Albert. Il assista également au XVIIIe congrès du Havre en septembre 1912.

Pendant la guerre, il resta affecté à la Cartoucherie dont les effectifs s’élevèrent jusqu’à 4 000 ouvriers et ouvrières ; il y reprit la direction du syndicat reconstitué à la fin de 1916, et y garda, surtout parmi les femmes, une forte influence, nourrie par ses démarches personnelles auprès des autorités, des parlementaires, des ministères. Fidèle aux dirigeants majoritaires de la CGT et du Parti socialiste, Barthelon s’opposa au courant pacifiste et révolutionnaire qui montait à Valence et dans la Drôme ; en mai 1920, il ne cacha pas son hostilité aux grèves et la Cartoucherie ne suivit pas l’ordre donné par la Fédération. Les conceptions de Barthelon le conduisaient, tout naturellement à combattre l’adhésion à la IIIe Internationale et à l’Union des syndicats de la Drôme, où il se fit vainement l’avocat de la direction confédérale ; il fut le principal artisan de la scission et de la constitution le 3 mars 1922 d’une Union départementale dissidente dont il assura quelque temps le secrétariat, avant de l’abandonner lorsqu’un peu plus tard il fut nommé agent de maîtrise à l’Arsenal de Valence.

Toujours réélu au conseil municipal, Barthelon fut adjoint en 1924 et maire en 1929 ; il prit sa retraite en janvier 1932 et se consacra entièrement à l’administration de la cité ouvrière, présida les sociétés locales, fit construire un groupe scolaire, des abattoirs, etc. À sa mort, Marcel Cartier, qui était alors secrétaire de la Fédération socialiste, le compara à Jules Nadi, auquel l’apparentait effectivement un abord facile, l’empressement à rendre service, ses qualités d’administrateur et surtout son opportunisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article98314, notice BARTHELON Émile par Roger Pierre, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 28 octobre 2022.

Par Roger Pierre

SOURCES : Arch. Nat. F7/13601. — Arch. Dép. Drôme, 13 M 341, 35 M 55 et 56, 80 M 7. — Le Prolétaire, La Drôme socialiste. — Le Journal de Valence, La Volonté socialiste. — Registre des procès-verbaux de l’Union des syndicats de la Drôme, 1919-1922. — R. Pierre, Les Origines du syndicalisme et du socialisme dans la Drôme, Éd. Sociales, 1973, pp. 157, 173, 243.

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