BERTHET Nicolas

Par Yves Lequin, Maurice Moissonnier et Georges Raffaëlli

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 21 décembre 1875 à Saint-Étienne (Loire)  ; ouvrier passementier, puis métallurgiste ; représentant de commerce , militant syndicaliste révolutionnaire de la Loire.

Après avoir été passementier, puis métallurgiste, Berthet, au retour du service militaire, partit dans le Nord où il se fit représentant en cafés. C’est à Lens et Denain qu’il semble avoir adhéré aux idées libertaires ; en juin 1907, il était signalé par le préfet du Nord comme un agitateur dangereux, partisan de l’action directe.

Revenu à Saint-Étienne, il participa à la campagne contre les bagnes militaires, et fut proposé en septembre 1910 pour l’inscription au carnet B. En mars 1911, il fonda avec Rascle et Liothier le groupe d’action syndicaliste révolutionnaire de la région de la Loire qui, de Saint-Étienne, essaima vite à Roanne, Rive-de-Gier et Grand-Croix. Avec eux toujours, il mena une ardente campagne contre la loi des trois ans et gagna les forêts du Pilat lors de la déclaration de guerre.

Il fut embauché en novembre 1914 à la Manufacture nationale d’armes de Saint-Étienne, ce qui inquiéta les « honnêtes gens ». En 1916, il fut mobilisé à l’usine Hotchkiss de Lyon et devint en 1917 secrétaire du syndicat des aciéries (Saint-Étienne). Il intervint au cours d’un meeting pour la libération d’Andrieu en décembre 1917 dans un sens jugé « défaitiste et révolutionnaire » par le commissaire spécial : « une ère nouvelle allait surgir de cette guerre et la révolution ouvrière préparait la révolution sociale ».

Dès 1916, il avait fondé à Lyon le premier Comité pour la reprise des relations internationales qui se réunissait au Café des Réunions, 74, rue Sébastien-Gryphe. Il en était le secrétaire, Bécirard étant secrétaire adjoint et Toti trésorier. En 1919, avec Fourcade et Bécirard, il anima le Comité de défense syndicaliste. Il faisait en outre partie du Comité Villette-Paul Bert, une organisation de quartier très active où se côtoyaient socialistes et anarchistes, et encore du groupe des Causeries populaires où s’exprimaient à l’époque les différentes composantes du mouvement ouvrier.

Il figura au deuxième Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) fondé en février 1918 et dirigé par Calzan, Cuminal, Henri Michon, Capelle, G. Lévy, F. Métra tous futurs dirigeants du Parti communiste. En avril 1920, ce comité fonda une feuille intitulée Lyon-Communiste et en mai, il se restructura en se transformant en comité pour la IIIe Internationale. Berthet y était responsable du 4e secteur qui correspondait au VIIe arrondissement de Lyon (Voir F. Métra). À cette époque, il avait changé d’entreprise et, chez Weitz il avait participé aux grèves du début de 1920 dans la métallurgie. Le 28 février, pendant le mouvement, à un meeting rassemblant au cirque Rancy quatre mille grévistes, il s’était déclaré bolcheviste : « cette nouvelle étiquette représentant un régime qui donnera plus de liberté et plus de justice à la classe ouvrière » et, en raison de l’impossibilité d’arriver à une conciliation, il préconisait en conclusion de la réunion « un changement de régime favorable au prolétariat ».

Il semble que N. Berthet ait eu une assez bonne connaissance de l’activité de la minorité spartakiste et qu’il fonda beaucoup d’espoirs sur les succès des révolutionnaires allemands. Dès le 22 janvier 1917, il disait sa confiance dans l’action de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg et le 20 mars 1920, salle Oger, devant deux mille grévistes, à l’occasion de l’échec du putsch de Kapp et Lüttwitz, il n’oubliait pas de « saluer la victoire des soviets allemands » et de faire voter un ordre du jour en faveur de la République allemande des Soviets.

N. Berthet cessa, semble-t-il, de militer en 1922 après le congrès de la CGTU tenu à Saint-Étienne. Se confond-il avec Berthet, originaire de Lyon, animateur du Comité d’action contre la guerre du Maroc de Marseille (Bouches-du-Rhône) en août 1925 (Arch. Nat. F7/13090, 21 août 1925) ? Un autre Berthet apparaît à Lyon en 1927-1928 : il fit un rapport sur les coopératives à la conférence de la Région communiste lyonnaise en 1927 (IMTh., bobine 252) et intervint sur le même thème à un congrès de rayon en mars 1928 (F7/13256).

La Révolution prolétarienne, n° 109, du 10 septembre 1930 annonça sa mort survenue à la suite d’une affection cardiaque ; il avait été enterré le 31 juillet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/berthet-nicolas/, notice BERTHET Nicolas par Yves Lequin, Maurice Moissonnier et Georges Raffaëlli, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2010.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Yves Lequin, Maurice Moissonnier et Georges Raffaëlli

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053, F7/13613, rapports des 4 octobre et 10 novembre 1916 ; F7/14607. — Arch. Dép. Loire, 19 M 4, 19 M 20, 19 M 24, 19 M 25, 19 M 26 et 19 M 38. — Arch. Dép. Nord, M 157/2. — Arch. Dép. Rhône, 4 M 535 ; 10 M 83 et 84.