Par Jean Neuville
Maitron patrimonial (2006-2024)
Directeur du Journal des chemins de fer, témoin à la Commission du travail de Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) de 1886.
Bertiaux témoigne lors de la réunion de la Commission du travail de Bruxelles du 3 août 1886. Il commence son intervention en soulignant l’accueil réservé fait à la Commission « car elle était composée uniquement de gens riches. » Mais, selon lui, les réactions changent car les ouvriers y ont été admis. Il déplore l’absence de beaucoup de personnes à cette enquête dont tous les agents de l’État. « Un ouvrier de l’État n’ose pas entrer dans une ligue ouvrière et surtout n’ose pas venir déposer. » Son témoignage résulte de l’enquête faite par ses soins auprès des employés des chemins de fer et des tramways.
Bertiaux décrit longuement la situation des ouvriers (chauffeurs, piocheurs, visiteurs, etc.). Il déplore l’absence d’uniformité de leurs salaires ce qui n’est pas le cas des employés, dénonce la gestion des caisses de pension et de secours ouvrières par des fonctionnaires, sans qu’il y ait une participation des ouvriers. Il dénonce le salaire des femmes gardes-barrières qui est de 60 centimes par jour alors que les gardes-barrières masculins perçoivent entre 4 francs 20 et 2 francs 40. Un dialogue a lieu sur cette question avec un membre du bureau de la Commission qui met en avant les avantages perçus par ces femmes.
Bertiaux dénonce également les conditions de travail des travailleurs des compagnies de chemins de fer, notamment la faiblesse des salaires ou encore le non versement de primes pourtant prévues lors de certaines prestations, le temps de travail élevé (quatorze heures par jour), le mauvais fonctionnement de certaines caisses de pension.
Bertiaux conclut son intervention en demandant la réforme électorale : « sa conviction personnelle est qu’aucune réforme sérieuse ne se réalisera avec notre système électoral actuel. Seule l’extension du droit de suffrage peut nous donner un Parlement s’occupant des intérêts de tous et s’attachant à protéger les humbles et les petits qu’opprime la féodalité industrielle ».
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Jean Neuville
SOURCE : Commission du travail instituée par Arrêté royal du 15 avril 1886. Procès-verbaux des séances d’enquête concernant le travail industriel, section régionale B, vol. II, Bruxelles, 1887, p. 33-35.