Par Roger Darquenne - Jean Puissant
Maitron patrimonial (2006-2024)
Haine-Saint-Paul (aujourd’hui commune de La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies), 14 janvier 1875 – Haine-Saint-Paul, 6 août 1959. Militante socialiste, fondatrice de plusieurs associations culturelles, épouse de François Wart.
Félixa Blondiau tient, avec sa sœur, à Jolimont (aujourd’hui commune de La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies), un magasin populaire de dépôt de teinturerie, de parfumerie, de jouets, de sabots et un dépôt de fleurs de la coopérative bruxelloise, Les Fleuristes réunis. Autodidacte, elle tient, en mai 1893, à Carnières (aujourd’hui commune de Morlanwelz, pr. Hainaut, arr. Thuin), un meeting où elle traite du rôle de la femme dans le mouvement socialiste en préconisant son affiliation aux caisses de secours mutuels. C’est une des premières militantes de la région.
En 1891, Félixa Blondiau participe à la création du cercle dramatique, Le Progrès, à la Maison du peuple de Jolimont et, en 1904, crée le groupe artistique féminin, La Plébéienne. Elle a beaucoup de succès comme actrice à une époque où il est difficile de faire jouer des jeunes filles dans les cercles dramatiques ouvriers.
Pour servir à ses activités théâtrales, F. Blondiau entreprend l’écriture de petites pièces, de chansons et de poèmes en français comme en patois. Elle sera longtemps la seule femme auteur patoisant dans la région ; elle obtient à ce titre un premier prix au Concours d’art et littérature wallonnes.
Félixa Blondiau est l’auteure de pièces primées par la Commission provinciale des loisirs de l’ouvrier comme Florisa, Lison Lisette, Le pardon en 1921, Ce sacré tabac, Les sacrifiés, etc. Elle collabore à divers journaux wallons et français. La pièce, Les sacrifiés, écrite après 1918, met en scène un jeune prêtre ouvrier qui, implicitement, justifie la lutte menée par le Parti ouvrier belge (POB). La Madelon, écrite juste après la guerre, est une piécette patriotarde ; par contre Le pardon de 1921 marque la réconciliation de deux soldats agonisants, l’un allemand, l’autre français. Ces deux dernières pièces soulignent l’évolution du POB entre 1918 et 1921.
Durant la Première Guerre mondiale, Félixa Blondiau adresse à l’Autorité des requêtes en faveur des déportés et participe comme déléguée provinciale aux œuvres du vêtement, de la soupe scolaire. Elle est également déléguée-visiteuse à l’Œuvre des nourrissons et marraine des orphelins de guerre. Elle est ensuite déléguée du juge des enfants à la protection de l’enfance, secrétaire du Comité local de la Croix rouge.
Félixa Blondiau est donc un parfait exemple d’animatrice culturelle avant la lettre et « de dame d’œuvres » socialiste. Son mari, François Wart, est un des principaux dirigeants de la coopérative, Le Progrès, de Jolimont.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Roger Darquenne - Jean Puissant
SOURCES : JORIS F., 1885-1985. Histoire des fédérations. Soignies-Thuin, Bruxelles, 1985, p. 193 (Mémoire ouvrière, 10) – La Belgique active, Bruxelles, 1931, (icono) – PERIN A. F., Théâtre ouvrier en Wallonie, 1900-1940, 1979, p. 45 et sv. (icono) – LEKEU J., À travers le Centre. Croquis et mœurs, Bruxelles, 1907 (icono).