Par Jacques Girault
Maitron patrimonial (2006-2024)
Né le 30 décembre 1919 à Lille (Nord), (Nord), mort le 8 février 2009 à Avignon (Vaucluse) ; instituteur, professeur puis directeur de collège ; militant syndicaliste du SNI puis du SNPEN, communiste du Pas-de-Calais, conseiller municipal d’Arras (1971-1975).
Fils d’une journalière, Georges Bogaert, qui reçut les premiers sacrements catholiques, fut aussi élevé par son grand-père, ouvrier papetier à Ouve-Wirquin (Pas-de-Calais), décédé en 1929. Boursier, interne au cours complémentaire de Fruges (1932-1936), il fut admis à l’École normale d’instituteurs d’Arras (Pas-de-Calais) en 1936. Titulaire du brevet supérieur, il devint instituteur en 1939. Non mobilisé en raison de l’invasion allemande, il épousa religieusement en décembre 1939 à Boulogne-sur-mer, Rosa, Pauline, Clara Alais, (Rosa Alais), institutrice, fille d’un cheminot . Il affichait des positions athées.
Georges Bogaert, dit “ßog“, enseigna aux cours complémentaires de Lumbres (1939-1940), de Saint-Omer (1940-1943), de Fruges (1943-1945). Il accomplit le stage obligatoire d’Éducation générale et sportive d’un mois à Roubaix (mai 1943) et réussit à ne pas partir au STO. Mobilisé (août 1945-février 1946) dans des bases terrestres de l’aviation (Vitré, Boissy-la-Rivière), il reprit son service au cours complémentaire d’Aire-sur-la-Lys où il resta jusqu’en 1952.
Après avoir participé à un stage d’encadrement des auberges de jeunesse, avec son épouse, il encadra avec elle une caravane de jeunes métallurgistes des usines Cail de Denain. Parallèlement, à la Faculté des lettres de Lille, il obtint en 1950 des certificats de licence (littérature, Histoire moderne et contemporaine). À la demande de la Fédération du Parti communiste français, il prit la direction d’une école primaire à Souchez en pays minier en 1952 où il resta deux ans. Avec son épouse, il anima une activité théâtrale dans le cadre de l’Amicale laïque. Ils fréquentèrent aussi assidûment le ciné-club de Liévin. En 1954, il fut nommé au cours complémentaire de Bully-les-Mines pour enseigner les lettres, l’histoire et la géographie. Les époux suivirent entre 1958 et 1961, des stages d’initiation au cinéma à Marly-le-Roi sous l’égide de la Fédération française des cinés-clubs, puis à Phalempin, un stage de théâtre organisé par la Fédération des œuvres laïques. Rosa Bogaert fut alors chargée par la FOL d’initier les élèves-maîtres au cinéma tandis que son mari leur parlait de théâtre.
Georges Bogaert obtint en 1960 la direction du cours complémentaire d’Arras (cinq classes dans des baraquements installés dans la cour d’une caserne) qui, sous sa direction, se développa et se transforma en collège d’enseignement général puis en collège d’enseignement secondaire « Jehan Bodel » en 1968-1969. La pédagogie de cet établissement se caractérisait notamment par la pratique théâtrale à laquelle se consacraient plusieurs professeurs. Cette activité profitait de la fréquentation régulière pendant les vacances estivales du festival d’Avignon où il prit, avec son épouse, sa retraite en 1975.
Avec son épouse, Bogaert adhéra au PCF à Aire-sur-la-Lys en 1947. Il devint membre du comité de section et occupa la responsabilité de trésorier de la section (1948-1952) dont son épouse était la secrétaire en 1953. Leur activité passait par la diffusion de la presse communiste (Liberté, L’École et la Nation), le recrutement. Candidat aux élections cantonales en février 1948, retrouvant les voix communistes des élections législatives précédentes, il se désista pour le candidat socialiste qui avait donné son accord avec les « huit points » exigés par le PCF pour le retrait de son candidat au deuxième tour. Ils participèrent aussi aux « batailles du livre » (publication de leur contribution à l’enquête par Les Lettres françaises) et à diverses manifestations internationales (festival de Berlin en 1951, rencontre franco-italienne à Nice). À Souchez, aux côtés des mineurs de sa cellule, il découvrit les effets de la silicose.
Membre du Syndicat national des instituteurs, Bogaert militait aussi à la FEN-CGT. La fédération communiste du Pas-de-Calais, considérant qu’il était « un des rares instituteurs communistes qui milite activement au sein du syndicat autonome », le proposa pour le stage central destiné aux instituteurs communistes en 1952 à Viroflay. Son appréciation était « très bonne école. Excellent esprit de parti ». Aussi devint-il le responsable fédéral à L’École et la Nation. Militant sur le terrain syndical tout en accordant « une place primordiale au Parti », il dut faire admettre à ses camarades, en 1954, selon les consignes du PCF, de se consacrer uniquement au SNI. Il fut par la suite un des militants du courant « Unité et Action » dans le département.
Georges Bogaert faisait partie du comité fédéral depuis 1953. Il fut réélu jusqu’en 1957. Le rapport indiquant les raisons de sa non-réélection en 1957 notait qu’il avait peu participé aux réunions du comité fédéral après novembre 1956, prétextant la maladie de son épouse, dirigeante de l’Union des femmes françaises. En fait selon la fédération, « ce n’est pas la vraie raison. En vérité, ce camarade a été très impressionné par les évènements de Hongrie et par le XXeme congrès. Il est sous la pression de l’ennemi. Il est de plus en plus coupé de la classe ouvrière. Nous proposons de le relever du comité fédéral tout en veillant par la suite à l’aider à se placer à nouveau sur de fermes positions du Parti. » Prenant connaissance en 2004 des motivations avancées par la Fédération, Bogaert faisait remarquer qu’il avait défendu le siège de la fédération communiste à Lens en octobre 1956, qu’il avait « approuvé sans réserve ni états d’âme l’intervention armée soviétique », qu’il avait exprimé dans des réunions cet accord, mais, qu’en dépit des démentis apportés par des communistes influents, la fédération avait maintenu sa version. Il ajoutait d’autre part que la maladie de son épouse était une pure invention. Cette mise à l’écart semblait bien relever de la volonté de resserrer l’équipe dirigeante fédérale autour du noyau ouvrier et de continuer à refuser de s’intéresser aux questions culturelles. Quoi qu’il en fût, il continua à militer dans les organisations de base et en milieu enseignant. À Arras, à partir de 1960, il entra au comité de la section communiste.
Il fut l’un des huit candidats du PCF, en 1971, sur la liste d’Union de la gauche conduite par Guy Mollet à Arras. Membre de la commission des affaires culturelles avec l’adjoint délégué communiste, il apporta son concours à l’organisation des semaines culturelles. La retraite venue, il démissionna du conseil municipal le 13 octobre 1975.
Avec son épouse, Bogaert fréquentait régulièrement le festival d’Avignon. Ils décidèrent de s’installer dans cette ville où il fut pendant quelques années secrétaire puis trésorier de la cellule Pierre Baizet. Il écrivit sous le titre « Un dangereux plaidoyer » dans La Marseillaise en juillet 1980, un article critiquant les propositions du dirigeant socialiste Dominique Taddéi.
Hostile à la ligne inspirée par Robert Hue qu’il assimilait à « une dérive social-démocrate », Bogaert et son épouse décidèrent de ne pas reprendre leurs cartes du Parti communiste en 2000 tout en se considérant « toujours communistes ».
Toujours membre du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale et de Fédération générale des retraités, Georges Bogaert continuait à faire partie de l’Association des Amis de Robespierre à Arras et avec son épouse, cotisait à l’association des pupilles de l’enseignement public du Pas-de-Calais.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Jacques Girault
SOURCES : Archives du comité national Parti communiste français. — Renseignements fournis par l’intéressé et par Christian Lescureux.