Par Jean Puissant
Maitron patrimonial (2006-2024)
Élouges (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons), 19 novembre 1870 – Wihéries (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons), 4 juin 1915. Ouvrier mineur puis porion, magasinier, dirigeant de coopérative, dirigeant syndical, secrétaire de la Fédération socialiste républicaine du Borinage du Parti ouvrier belge, conseiller communal puis échevin socialiste de Wihéries.
Adolphe Cantineau est le fils d’Adolphe Cantineau, né à Blaugies (aujourd’hui commune de Dour) le 17 décembre 1835, porion, veuf en premières noces de Placidie Canivez (décès à Dour le 25 septembre 1860), et de Silvie Marie Rose Joseph Hayez, née à Élouges le 19 mai 1844, journalière, lesquels se sont mariés à Élouges le 20 août 1862.
Ouvrier mineur à l’âge de treize ans, Adolphe Cantineau est porion aux charbonnages de l’Ouest de Mons en 1893. Cette année-là, il perd son emploi à la suite de la grève en faveur du suffrage universel. Il devient ensuite magasinier dans une usine de Blanc-Misseron dans le département du Nord (France).
Secrétaire de la coopérative de Wihéries, Adolphe Cantineau devient permanent en 1903. Il dirige également le syndicat local des mineurs. En 1903, il est membre du Comité exécutif de la Fédération régionale des mineurs. Il en est le secrétaire de 1904 à 1907. La Fédération syndicale est alors dominée par les mandataires politiques et les coopérateurs. Elle réunit quatorze syndicats locaux, jaloux de leur autonomie, et 3.460 membres. En 1904, Adolphe Cantineau souligne : « C’est l’organisation syndicale qui marche le moins bien dans le Borinage… Les résultats obtenus ne sont pas à la mesure des efforts consentis » (Rapport au Congrès national des mineurs, 13 novembre 1904). Le 4 juin 1905, il émet le vœu de voir l’organisation syndicale « voler de ses propres ailes ». Issu d’une section syndicale comme d’une commune modeste à l’échelle de l’arrondissement, Cantineau ne dispose pas de l’autorité nécessaire pour modifier la situation. Il faudra la désignation d’un secrétaire permanent en 1908, provenant de la section locale la plus forte et la mieux organisée pour induire le changement.
En 1907, Adolphe Cantineau, secrétaire fédéral du Parti ouvrier belge (POB), est élu au conseil communal de Wihéries, il est nommé échevin. Lors de la séance d’installation du nouveau conseil, il prononce une déclaration d’intention, imprimée par la commune, qui définit son état d’esprit : « Le programme socialiste, c’est l’institution du continuel perfectionnement et du bien-être de l’humanité… c’est la suppression radicale de la misère… La révolution sociale n’est qu’une chimère… Nous arriverons au but par l’évolution lente et irrésistible de toutes les forces sociales, par l’éducation des masses et par la paix universelle ». Le conseil, unanime, décide de faire afficher cette profession de foi. Adolphe Cantineau est alors membre du Comité de la Fédération socialiste républicaine du Borinage (pr. Hainaut). Il souligne ainsi le décalage entre la radicalité présumée de cette Fédération et son solide ancrage dans le réformisme du POB de l’époque.
Malade, Adolphe Cantineau, marié depuis le 13 juillet 1895 à Sylvie Elvire Faidherbe, née à Wihéries le 4 février 1871, ménagère, se retire quelques années plus tard. Il meurt de « la maladie du mineur » en juin 1915 en son domicile situé rue du Quesnoy à Wihéries.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Jean Puissant
SOURCES : Papiers personnels de Francis Drugman – PUISSANT J., L’évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage, rééd., Bruxelles, 1993.