Le cimetière Macpela à Jersey abrite une tombe collective où furent inhumés, à partir de 1853, dix-sept exilés (quinze français, un polonais et un danois) proscrits par le régime de Napoléon III, la Russie et des pays germaniques. Ce lieu de mémoire matérialisé par quelques stèles, les « pierres des martyrs », fut, à l’occasion de chaque inhumation, un espace de réunion des républicains et nationalistes européens en exil. Charles Heurtebise et Charles Ribeyrolles y appelèrent à « la République universelle, démocratique et sociale », Victor Hugo à la délivrance de tous les peuples et à l’égalité politique des femmes avec les hommes. L’anarchiste Joseph Déjacque y fit un discours polémique, intervinrent également Pierre Leroux et le polonais Zenon Świętosławski… Leurs discours, publiés notamment dans le journal L’Homme, connurent une diffusion internationale faisant de ce lieu et de Jersey un phare et un bastion de la reconquête républicaine.