DEBONS Claude [Dictionnaire des cheminots]

Par Michel Gorand

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 16 mai 1949 à Firmi (Aveyron) ; secrétaire général de l’UPR-CFDT des cheminots de Paris St Lazare de 1978 à 1988. ; secrétaire général adjoint (1992-2000) puis secrétaire général de la Fédération Générale des Transports et de l’Equipement (FGTE-CFDT) de 2000 à 2003 ; membre du comité central de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de 1979 à 1983 ; membre du Collectif national AC ! (1993-1996) ; membre du conseil d’administration d’ATTAC (1998-2000).

Le père de Claude Debons était menuisier, puis à son retour de captivité en Allemagne (guerre 39-45), il travailla aux Houillères de Decazeville ; sa mère était couturière. Son grand père était mineur de fond et l’autre grand père était chaudronnier à l’usine. Claude Debons a gardé le souvenir de la grève dure avec occupation, des mineurs en 1961 que vécut son père, syndiqué FO. Après ses études primaires à Firmi, au cœur du bassin houiller de Decazeville, Claude Debons, qui était fils unique, effectua à partir de 1960 quatre années d’études au lycée technique de Decazeville où il assuma ses premières responsabilités comme délégué de classe. Après le BEPC, il devint pensionnaire (et délégué de classe) au Lycée Foch à Rodez de 1964 à 68, où il obtint son baccalauréat de Sciences expérimentales. C’est là qu’il participa à Mai 68, aux manifestations, assemblées générales, défilés, à sa première « grève » avec occupation du lycée, à ses premières prises de parole devant 1500 participants. Il y découvrit, selon lui, non seulement le bouillonnement des idées mais aussi la transfiguration des individus dans l’action collective par la prise d’initiatives et de responsabilités. Animateur de comités d’action lycéens, il prit ses premiers contacts avec les syndicats ouvriers. De 1968 à 1971, il poursuivit ses études à l’Université de Toulouse jusqu’au niveau du DUEL en histoire, économie et philo. Il milita à l’UNEF de 1968 à 1971 et adhéra à la Jeunesse communiste révolutionnaire dissoute en 1968 puis devint responsable sur Toulouse de la ligue communiste de 1970 à 1974. Il participa au congrès de fondation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en 1972 après dissolution de la ligue communiste suite aux affrontements parisiens avec l’extrême droite. A Toulouse Claude Debons s’impliqua également dans des initiatives de solidarité au peuple Vietnamien ainsi que de soutien à la lutte antifranquiste en Espagne.

En 1971, Claude Debons entra, comme auxiliaire, aux PTT (Centre de chèques postaux puis centre de tri postal) à Toulouse. Il adhéra à la CFDT où il prit des responsabilités locales. Pour lui, la CFDT c’était Eugène Descamps*, Frédo Krumnov*, Mai 68, les luttes de Lip… Il participa à la longue grève des PTT de 1974 au Centre de tri postal de Toulouse où il était l’un des porte-parole CFDT lors des assemblées générales. Il vécut un intermède d’une année comme secrétaire d’intendance universitaire à Rouen où il se syndiqua au SGPEN – CGT. En octobre 1976, il entra à la SNCF comme Dessinateur au Service de l’Equipent à la Direction régionale de Paris St Lazare. Il adhéra à nouveau à la CFDT, sa formation syndicale acquise précédemment l’amena à prendre rapidement des responsabilités locales : secrétaire de la section syndicale de la Direction régionale puis, à partir de 1977, secrétaire général du syndicat des cheminots CFDT de Paris Ouest Rive Droite ainsi que membre du bureau de l’UPR-CFDT de Paris St Lazare. En 1978, Claude Debons devint secrétaire général de cette UPR et le resta jusqu’en 1988. Dès cette année 1978, son syndicat prit position au congrès confédéral de Brest, contre le « recentrage » confédéral. Il fut aussi membre du bureau du comité régional Transport et Equipement CFDT de l’Ile de France de 1978 à 1990. Durant cette période, il siégea dans différentes délégations du personnel et dans différents comités d’établissement au niveau local et régional. En 1980 il participa à des initiatives de solidarité avec Solidarnosc ainsi qu’à un voyage de soutien politique et matériel en Pologne. Il fut impliqué dans la longue grève des nettoyeurs en 1981 comme responsable CFDT sur Paris St-Lazare. Il devint permanent syndical de la FGTE-CFDT à partir de 1982. Par ailleurs il fut membre du comité central de la Ligue communiste révolutionnaire de 1979 à 1983 et continua de siéger dans différentes commissions nationales de la LCR jusqu’en 1990. Cependant dès le milieu des années 1980 l’engagement syndical important de Claude Debons prit le pas sur l’engagement politique. Lors de la grève des cheminots de l’hiver 86-87 il fut le coordonnateur régional CFDT à Paris St Lazare. De 1986 à 1990, il siégea au conseil puis au bureau de l’URI CFDT Ile de France. En 1990, il fut élu au Secrétariat national de la FGTE – CFDT et s’impliqua dans le secteur action revendicative. Il devint le Secrétaire général adjoint de la FGTE, en remplacement de Gérard Boussac à partir de mars 1992, et fut chargé de l’action revendicative. À partir de cette date il siégea au Conseil National de la CFDT. Claude Debons étant pour un syndicalisme ouvert sur tout ce qui bouge dans la société, il participa fin 1993 à la création d’Agir ensemble contre le chômage (AC !) et à l’animation des marches de chômeurs en 1994 ; il fut le responsable du journal « La Marche » qui paraissait alors. Il fut membre du collectif national AC ! de 1993 à 1997. Les responsabilités de Claude Debons au sein de la FGTE-CFDT où il est chargé de l’action revendicative, l’amenèrent à s’impliquer fortement dans l’animation des conflits routiers de 1992 (15 jours), 1996 (3 semaines) et 1997 (15 jours) et de participer aux négociations nationales. De 1991 à 2001, il représenta la FGTE-CFDT au Conseil National des Transports. En 1996 il participa à la création de l’association « Tous Ensemble » regroupant une opposition de gauche au sein de la CFDT, initiative prise à la suite des actions de novembre – décembre 1995 contre le plan Juppé qu’approuvait la confédération. En 1994 – 95 il participa également au lancement de la Convention pour une Alternative Progressiste (CAP) puis en 1996 à la création des Etats généraux du mouvement social, animés par Pierre Bourdieu, et en 1997 à la création de la Fondation Copernic où il devint membre du bureau en 2004. Cette même année il fut candidat aux élections Européennes de Juin sur la liste Gauche populaire et citoyenne (PCF et mouvement social).

En 1998, il participa à la création d’ATTAC où il représentait la FGTE – CFDT comme membre fondateur. Il participa également à la création de RESSY (Recherche, Société, Syndicalisme) regroupement de chercheurs et de syndicalistes CGT, CFDT, FSU, SUD. Ces divers engagements amenèrent Claude Debons à participer aussi à la création de diverses revues : Alternative syndicale en 1983, Collectif en 1987, Tous Ensemble en 1996, mais également à écrire dans diverses revues, notamment Politis, Critique communiste, Utopie critique. D’autre part, il coordonna le livre Routiers, les raisons de la colère (Éditions de l’Atelier, 1997) et contribua à Les perspectives de la protestation (Syllepse, 1998) et à Travail salarié et conflit social (PUF, 1999). À partir de 1998, Claude Debons s’impliqua dans le mouvement Altermondialiste et participa aux Forum sociaux mondiaux de Porto Alègre et Mumbay et Forum européens de Florence, Paris Saint Denis et Londres.

Lors du congrès fédéral de La Bresse en mai 2000, Claude Debons fut élu secrétaire général de la FGTE-CFDT et il s’impliqua alors dans l’action syndicale internationale. Il quitta ses responsabilités syndicales CFDT en novembre 2003 lors du départ collectif du congrès extraordinaire des Cheminots CFDT. Il rejoignit la CGT où il devint membre de l’espace Europe – international. Au 1er juin 2004, il prit sa retraite professionnelle de la SNCF, à cinquante-cinq ans, comme Cadre Equipement de Direction.Il joua ensuite un rôle actif à la fondation Copernic (co-président). Il fut un des animateurs de la coordination des collectifs pour le « non » lors du Référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe du 29 mai 2005 en France, qui se sont rebaptisés par la suite Collectifs du 29 mai. Il fut la cheville ouvrière de la structuration des comités antilibéraux (2006-2007).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/debons-claude-dictionnaire-des-cheminots/, notice DEBONS Claude [Dictionnaire des cheminots] par Michel Gorand, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 20 août 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Michel Gorand

SOURCES : Archives syndicales. — Correspondances et renseignements communiqués par Claude Debons.