Par Marie-Cécile Bouju
Maitron patrimonial (2006-2024)
Né le 11 mai 1910 et mort le 5 décembre 1973 à Alençon (Orne), maître imprimeur, résistant.
Fils de Fernand Grisard, typographe, et de Gabrielle Sauvé, sans profession, Bernard Grisard fut adopté par la deuxième femme de son père, Georgette Alphonsine Rebichon, en novembre 1933. Dans les années trente Bernard Grisard était directeur général de l’Imprimerie Alençonnaise (SA). Cette entreprise se situait 2 place Poulet-Malassis à Alençon. De taille importante (près de 100 salariés dans les années 1950, 170 en 1967), elle avait été fondée en 1671 par Jean Malassis.
En 1939, Bernard Grisard était trésorier du Groupement des commerçants de la Chambre de commerce d’Alençon.
Sous l’occupation, Grisard mena une action résistante dès le début 1941 : il imprimait de fausses étiquettes pour l’envoi de colis aux employés de l’imprimerie, prisonniers en Allemagne. Puis il fut sollicité pour imprimer de faux papier, d’abord par l’abbé Marcel Poulain (1911-1988), vicaire à Alençon, puis par d’autres mouvements – l’Imprimerie alençonnaise imprimait des cartes d’identité pour la préfecture de l’Orne. Les fausses signatures étaient faites par Jean-Dominique Boucher alors adolescent. L’atelier étant installé dans le clocher de l’église Notre-Dame d’Alençon, le groupe fut surnommé « l’Officine des faux papiers » ou « l’Officine du clocher de Notre-Dame ». Initialement destinée à aider les prisonniers en fuite, le groupe procura aussi des faux papiers pour les juifs et les résistants. Grisard estima avoir fabriqué près de 6000 faux.
Le 5 janvier 1944, Grisard fut arrêté avec deux membres de l’Officine – le père Marcel Ferré (qui avait remplacé l’abbé Poulain en 1943 dans le groupe) et Paul Gost. Ils furent déportés, Gost n’a pas survécu. D’abord détenu à la Caserne Bonet puis à la prison d’Alençon, Grisard a été transféré à Compiègne le 14 avril 1944. Le 12 mai, il fut déporté à Buchenwald, puis à Dora le 6 juin 1944, puis à Bergen-Belsen le 4 avril 1945. Il a été libéré le 23 avril 1945 et rapatrié le 29.
Il semble qu’en dépit des séquelles de sa déportation, il reprit son poste à la tête de l’imprimerie.
Grisard s’était marié le 8 juin 1934 à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine) avec Adrienne Louise Sazérat et,à la libération, était père de trois enfants.
Une plaque en hommage aux principaux membres de « l’Officine du clocher de Notre-Dame » a été inaugurée à Alençon en 2014.
Firmin-Didot contrôlait la majorité des parts de l’imprimerie en 1973. En 1998, elle fut placée en redressement judiciaire. Rachetée par la SA Morland (Jacques Morland), elle fut reprise en 2003 par le groupe Allied multimedias, devenant l’Alenconnaise d’impression. En conflit avec SA Morland, elle ferma ses portes en 2004.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Marie-Cécile Bouju
SOURCES : AN F12 9488, 197714190/55 et 68AJ341. – SHD GR 16 P 271237. – Paul Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, p. 349-350 (nommé par erreur Girard). – « 1671-2004 : l’imprimerie a vécu », Sud-Ouest, 21 septembre 2004, p. 9. – État civil.