JUMEAU François Nicolas (père).

Par Jean Puissant

Maitron patrimonial (2006-2024)

Wihéries, (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons), 23 mars 1875 – Wihéries, 1er décembre 1945. Ouvrier mineur, militant socialiste, syndicaliste, coopérateur, conseiller communal, bourgmestre représentant le Parti ouvrier belge de Wihéries, père de François et Joseph Jumeau, alias Pierre Hubermont.

L’existence de la famille Jumeau est assez connue grâce à un texte de la cadette, Addy (Adolphine), de la fratrie des enfants de François Jumeau père (1949) et à l’étude minutieuse de Daniel Charneux, Claude Duray et Léon Fourmanoit (2021) consacrée à Pierre Hubermont, pseudonyme de Joseph Jumeau. Ils nous servent pour évoquer la vie privée des trois personnalités de la famille : François Jumeau père qui fait l’objet de la présente notice, François Jumeau fils et Joseph Jumeau (voir Sources).

Wihéries est un village rural, mais peuplé d’ouvriers mineurs, en bordure du bassin minier du Borinage (pr. Hainaut), comme du Nord de la France. Nombreux sont les habitants qui y travaillent. François Jumeau est le fils de Charles Jumeau, mineur, boulanger puis piocheur aux chemins de fer, né à Élouges (aujourd’hui commune de Dour) le 12 octobre 1841, et de Adolphine Liénard, boulangère, née à Wihéries le 10 octobre 1843 et y décédée le 27 juin 1902. Il est issu d’une fratrie de huit enfants, trois filles et cinq garçons. C’est une famille de mineurs. Mineur lui aussi, François Jumeau travaillerait aux côtés de cousins à Liévain (département du Pas-de-Calais, France) de l’âge de douze ans jusqu’en 1892, année durant laquelle les émeutes anti-ouvriers belges le contraignent à rentrer en Belgique. Puis il repart en France pour revenir pour le tirage au sort en 1896. Ayant tiré « un mauvais numéro », il fait son service militaire de deux ans au 12e de ligne à Liège (pr. et arr. Liège). Après quoi, il reprend le chemin de la mine. Il sera ouvrier mineur pendant plus de vingt-cinq ans.

François Jumeau (père) est d’abord un militant syndical, fondateur de la section locale du syndicat des mineurs et de sa caisse de secours, puis de chômage à partir de 1901. Ouvrier de préparatoires au puits Saint-Antoine à Dour, François Jumeau dépose le 3 août 1907, en tant que délégué du Syndicat des ouvriers mineurs de Wihéries et d’Élouges, devant la Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille, lors de la séance du groupe de Dour, section de Mons. Il critique l’organisation du travail qui ne permet pas aux équipes d’être des plus efficaces, particulièrement la perte de temps occasionnée aux ouvriers de préparatoires pour réparer les voies, « car il n’y a pas d’ouvriers pendant la nuit pour raccommoder » et la présence de grisou qui impacte l’utilisation des lampes.

Militant socialiste, François Jumeau devient membre de la coopérative La Ruche boraine, fondée en 1902 en raison du refus de la société Les Socialistes réunis de Dour d’ériger une maison du peuple à Wihéries, notamment pour y installer le syndicat des mineurs. Il en devient secrétaire-gérant, puis le directeur à la mort de son fondateur, Adolphe Cantineau, en 1915. Une bibliothèque y est fondée. 375 familles y sont affiliées dans les années 1920.

François Jumeau est élu conseiller communal de Wihéries en 1907. Pendant la Première Guerre mondiale, il travaille au comité local de secours et d’alimentation. Il devient bourgmestre représentant le Parti ouvrier belge (POB) de Wihéries en 1921. Parti en exode en 1940, il est remplacé à son poste. Il reprend ses fonctions en 1944.

Membre du Comité de patronage des habitations à bon marché, François Jumeau est administrateur de la société Notre maison à Pâturages (aujourd’hui commune de Colfontaine, pr. Hainaut, arr. Mons). Il siège au comité fédéral de la Fédération socialiste républicaine de 1921 à 1940. Il préside la fanfare locale La Revanche.

Le 27 mai 1901, François Jumeau épouse à Wihéries Marie-Bernardine Abrassart (Wihéries, 25 août 1881 – Mons, 25 octobre 1960), très catholique alors que lui est socialiste, agnostique sinon athée. Le couple a quatre enfants dont François (fils) et Joseph, alias Pierre Hubermont. Il est chevalier de l’ordre de Léopold.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/jumeau-francois-nicolas-pere/, notice JUMEAU François Nicolas (père). par Jean Puissant, version mise en ligne le 10 avril 2020, dernière modification le 19 juin 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Jean Puissant

SOURCES : DELATTRE N., « Fiche généalogique de François Nicolas Jumeau », dans geneanet.org, page consultée le 13 novembre 2922 – Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille. Enquête orale. Déposition des témoins. Section de Mons, groupe de Dour, Bruxelles, 1907, p. 115 (nom orthographié « Jumaux ») – JUMEAU A., Bon sang ne peut mentir, s.l., 1949 – CHARNEUX D., DURAY C., FOURMANOIT L., Pierre Hubermont. Écrivain prolétarien. De l’ascension à la chute, Bruxelles, MEO, 2021.