Par Yves Le Maner, Michel Pigenet
Maitron patrimonial (2006-2024)
Né en février 1901 à Annay (Pas-de-Calais), mort en déportation le 15 août 1942 à Auschwitz (Pologne occupée) ; marinier ; militant syndicaliste et communiste du Nord de la France.
Issu d’une famille de mariniers, marinier lui-même, Télesphore Lalouette adhéra au syndicat unique de la Batellerie dès sa création, à Dunkerque en 1929, et y milita aux côtés de Roger Blankaert. Membre du conseil de ce syndicat qui rayonnait sur toute la région Nord de la France à partir de son siège de Dunkerque, Lalouette dirigeait plus particulièrement la section de Chauny (Aisne). Il y mena notamment, en 1933, l’action en faveur des bureaux de tour et pour la réglementation des heures, principaux problèmes corporatifs des mariniers à cette époque.
Mais, après les négociations des accords Matignon de juin 1936, Lalouette fut exclu du SUB par Blankaert et fonda, à Douai (Nord), où il s’était établi, une section du syndicat des bateliers artisans, affiliée à la CGT. Secrétaire général du SBA de Douai, il parvint à grossir les rangs de son organisation, dont les effectifs dépassèrent, dès 1937, ceux du syndicat concurrent.
Délégué au congrès de la Fédération des Ports et Docks de janvier 1938, il intervint au nom du syndicat de la batellerie artisanale de Douai et de son millier d’adhérents pour déplorer que la direction fédérale ait “ laissé tomber ” ses camarades pendant la grève de 1936. L’attaque, inspirée par les anciens unitaires, visait, sans le nommer, Roger Blanckaert, le secrétaire fédéral en charge des questions de la navigation intérieure. Au reste, Lalouette demanda que l’on désigne des gens qualifiés pour représenter les bateliers.
Au début de la guerre, Lalouette reprit son travail de marinier mais conserva ses fonctions syndicales et politiques (il appartenait au Parti communiste depuis la fin des années trente). Devenu, en 1940, secrétaire de la section du SBA de Longueil-Annel (Oise), Lalouette continuait de militer ouvertement. Arrêté en 1941, il fut interné pendant neuf mois au camp de Royallieu (près de Compiègne, Oise) puis déporté au camp de concentration d’Auschwitz, en Pologne occupée, où il mourut le 15 août 1942.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Yves Le Maner, Michel Pigenet
SOURCES : Biographie rédigée à partir de l’enquête effectuée par Michèle Vandenbussche, professeur au CES de Grande-Synthe (Nord), grâce au témoignage des parents de Télesphore Lalouette. — Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, zone interdite, op. cit.. — Archives nationales : F22 1968, 1970. Congrès de la Fédération nationale des Ports et Docks, les 27-29 janvier 1938 (Nantes).