LE VERGE Lucien

Par Christian Bougeard

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 11 novembre 1920 à Maël-Pestivien (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 16 juillet 2008 à Callac (Côtes-d’Armor) ; cultivateur ; maire de Maël-Pestivien (1959-1989) ; conseiller général communiste de Callac (1958-1964).

Dixième enfant d’une famille de douze dont le père était maçon et la mère agricultrice, Lucien Le Verge, tuberculeux, quitta l’école en 1937. Lorsqu’en 1940, ses frères furent faits prisonniers, il resta à la ferme pour aider sa mère. Ses frères aînés étaient membres du PCF avant la guerre et lui même y adhéra en 1944. Vivant dans une zone de maquis FTP du Centre Bretagne bretonnant, Lucien Le Verge participa en 1944 au ravitaillement du groupe installé sur sa commune. Dès la libération, il anima les Comités de défense et d’action paysanne (CDAP) organisés par le PCF dans cette région, dont il devint permanent pour les Côtes-du-Nord. Un congrès départemental des CDAP se réunit à Saint-Brieuc le 5 janvier 1945. Plus de 70 CDAP auraient été formés en deux mois selon L’Aube nouvelle alors que les Renseignements généraux notaient qu’ils recrutaient peu d’adhérents. Ils fusionnèrent dans la nouvelle CGA au printemps 1945 et Lucien Le Verge devint l’un des deux secrétaires administratifs du syndicat agricole lorsqu’il se mit en place en 1945. En outre, lors de la première conférence régionale du PCF réunie à Saint-Brieuc les 24 et 25 mars 1945, il présenta le rapport paysan et annonça que le parti comptait déjà « environ 3 000 paysans » (2 500 selon Les Carnets de Marcel Cachin) sur 10 500 adhérents. Il faisait partie de la direction très rajeunie du PCF et fut l’un des dix membres élus au bureau fédéral lors du congrès de novembre 1946 à Guingamp mais il n’appartenait pas au comité directeur de la CGA mis en place à la suite des élections de mars 1946.

En fait, ses problèmes de santé l’obligèrent, à partir de février 1946, à interrompre ses activités syndicales et à réduire ses activités politiques alors qu’il aurait été secrétaire fédéral vers 1946-1947. La guérison de la tuberculose en 1949, lui permit de reprendre des activités militantes tout en exploitant une petite ferme d’environ huit hectares. En mars 1949, il était au comité fédéral du PCF mais ne l’était plus en 1954. Pourtant, au début des années 1950, Lucien Le Verge était bien dans la ligne du parti. Ainsi, en 1952, conseiller municipal depuis 1947, il obtint l’exclusion du maire communiste de Maël-Pestivien François Le Denmat, élu en 1945 et réélu en 1947 car il refusait d’entériner la condamnation de Marty et de Tillon. De 1945 à 1956, Maël-Pestivien qui était le siège d’une section composée de trois cellules sur deux communes (35 adhérents en 1958) donna toujours plus de 50 % des voix aux listes du PCF.

En avril 1958, Lucien Le Verge se présenta aux élections cantonales dans le canton de Callac qui avait eu un élu socialiste, François Lucas, de 1945 à 1951. Au 1er tour, le sortant RGR plévéniste Auffret qui avait battu le candidat communiste au second tour en 1951, fut lui-même distancé à droite par le maire de Carnoët (1953-1989) Joseph Tréguier. Au second tour, Lucien Le Verge l’emporta avec 51,9 % des voix. Ce gain compensait la perte du canton de Guingamp où François Leizour était battu. Le PCF conservait cinq sièges sur 48 dans les Côtes-du-Nord. L’année suivante, aux élections municipales de mars 1959, François Le Verge devint maire de Maël-Pestivien, assisté de son épouse, Reine Le Normand (épousée en mars 1947 à Saint-Gilles-Vieux-Marché) comme secrétaire de mairie, et le resta jusqu’à son retrait en 1989. Il fut candidat suppléant du PCF aux élections sénatoriales de 1959, 1962 et 1971 dans les Côtes-du-Nord. Il intervint régulièrement au conseil général de 1958 à 1960, notamment à la Commission des travaux, des routes et du tourisme pour défendre les intérêts de son canton et du Centre Bretagne mais ensuite il sembla se désintéresser des travaux de cette assemblée, refusant de se représenter en 1964. Il proposa Marcel Le Goaët de Callac qui fut élu. Lucien Le Verge préféra s’investir dans la gestion communale s’intéressant particulièrement aux questions scolaires.

Il fut emblématique de cette génération de « notables rouges » paysans du Centre Bretagne issus de la Résistance communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/le-verge-lucien/, notice LE VERGE Lucien par Christian Bougeard , version mise en ligne le 3 avril 2012, dernière modification le 17 juin 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor. — L’Aube nouvelle, 1944-195). — Entretien d’Arnaud Le Breton avec Lucien Le Verge du 29 mars 1996. — Arnaud Le  Breton, L’évolution du communisme rural dans le sud-ouest des Côtes-du-Nord 1958-1983, maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1988. — Alain Prigent, Histoire des Communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, imprimerie Jacq, 2000.