LEGRAND Jules.

Par Jean Neuville

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Typographe, dirigeant de l’Association libre des compositeurs typographes de Bruxelles devenue en 1869 l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes.

Jules Legrand est contrôleur de l’Association libre des compositeurs typographes du 22 juin 1866 au 6 juin 1867, puis secrétaire adjoint de l’association, devenue en 1869 l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes, du 7 juin 1867 au 2 juin 1870.

En décembre 1867, certains organes de presse, « soi-disant « radicaux », veulent diminuer le coût de leur impression. Cette décision porte préjudice aux compositeurs. L’association lance aussitôt une campagne, dirigée par Henri Kats et Jules Legrand, contre cette tentative de réduire la composition dans les journaux de province grâce à des pages clichées à Bruxelles.

Jules Legrand est nommé rapporteur de la commission, créée le 4 avril 1867 par l’Association pour organiser la célébration de son 25ème anniversaire et fonder la Fédération typographique. Selon E. Hubert (voir Sources), c’est Jules Legrand qui, le 2 mai 1867, propose de créer une fédération typographique regroupant l’association libre et les autres associations typographiques de Belgique sous le nom d’Association générale typographique belge. Il serait également l’initiateur du projet créant un journal de propagande destiné aux typographes « en province ». Par contre, J. De Boë (voir Sources) attribue cette idée d’une fédération typographique et d’un journal à un certain Colin : elle aurait été émise lors d’un banquet de l’association en 1850. Toujours est-il que la décision finale de créer la Fédération typographique est prise lors de la célébration du 25ème anniversaire de l’association de Bruxelles le 25 décembre 1867. Mais en 1868, un incident émaille les pourparlers devant aboutir à la réalisation des statuts de la Fédération. Henri Grégoir propose un amendement précisant que la nouvelle fédération « ne pourra jamais s’occuper que des intérêts directs des compositeurs typographes ». Adopté à une faible majorité, il entraine la démission de certains dirigeants de l’Association dont Henri Kats et Jules Legrand en février 1868. Le premier comité « définitif » de la fédération est désigné le 8 juillet 1869. Legrand n’en fait pas partie.

En août 1868, Jules Legrand est le délégué de l’association libre auprès de l’Association typographique de Mons (pr. Hainaut, arr. Mons) qui fête l’anniversaire de sa fondation.

Jules Legrand est, notamment avec Henri Kats, un des premiers collaborateurs d’une feuille, Grève des typographes, publiée lors de la grève de janvier 1869, lancée par l’Association libre des compositeurs typographes en faveur de la révision du tarif de main-d’œuvre. À la fin du mois de janvier, la grève est terminée. La Grève des typographes n’ayant plus de sens, elle devient, en février 1869, La Presse ouvrière qui paraît jusqu’en novembre 1869. Cet organe est dirigé par Jules Legrand, Henri Kats et Alphonse Van Calken*.

Toujours en 1869, Jules Legrand et Henri Kats interviennent auprès de la police pour faire libérer Adrien Tordeur, secrétaire de l’Association des imprimeurs, emprisonné à la suite d’incidents provoqués par le placardage d’une affiche l’« atteinte à la liberté individuelle » subie par dix ouvriers pressiers licenciés pour avoir refusé de démissionner de l’Association libre.

Le 7 avril 1870, Jules Legrand est chargé du rapport de la commission qui examine la proposition de créer une imprimerie coopérative. Une majorité favorable se dégage à la commission, mais, en mai 1870, au poll de l’association, la proposition est rejetée par 194 voix contre 142.
Le 7 octobre 1870, Legrand est un des signataires de la proposition de majorer l’indemnité de la caisse de prévoyance aux chômeurs de dix-huit à vingt-quatre francs par quinzaine.

Le 6 juillet 1871, Jules Legrand fait partie de la commission créée pour étudier la proposition d’Antoine Logé d’étudier la question de l’apprentissage, fort répandu dans les ateliers ce qui concurrence l’ouvrier, et de soumettre à l’association les mesures à prendre. Il est chargé de la rédaction d’un projet de règlementation de l’apprentissage.

En octobre 1872, Jules Legrand fonde, avec Prosper Verbayst, Le Gutenberg, périodique pour les typographes. Il écrit l’article-programme du premier numéro. En 1876, Le Gutenberg est remplacé par L’Imprimerie belge, organe présentant les améliorations techniques apportées au secteur de la typographie, etc.

Le 21 août 1874, Jules Legrand fait partie de la délégation qui se rend chez Auguste Beernaert, ministre des Travaux publics, pour « lui exposer le préjudice qu’allait causer à la typographie bruxelloise la nouvelle adjudication des imprimés de son département donnée à des maisons de province » et d’en revenir aux termes du cahier des charges de l’adjudication de 1869. Par la suite, il participe à toutes les démarches déployées, dont une pétition de 989 signatures, par cette délégation pour obtenir gain de cause. Ces initiatives sont restées sans résultat pour l’association.

Le 5 mai 1881, Jules Legrand est nommé secrétaire rapporteur de la commission en charge de l’examen de la révision du tarif de main-d’œuvre. Le travail de cette commission, qui dure cinq mois, aboutit « au principe d’une demande de majoration de salaire de 50 centimes par jour ». En décembre 1881, il est un des délégués, avec Henri Kats, Gustave Mondet et Martin Schuyts, qui présente et négocie le nouveau tarif avec les patrons.

En 1884, Jules Legrand fait partie de la délégation de cinq membres, avec Antoine Delporte, Gustave Mondet, Alfred Dufour et Victor Lefèvre, chargée d’une enquête sur le travail dans les prisons. Cette initiative intervient dans un contexte où il est question de créer des imprimeries dans les prisons.

Jules Legrand n’est pas seulement un militant syndical actif depuis 1866. Il adhère à la ligue « En avant » qui réunit les typographes partisans de la lutte politique en faveur du suffrage universel – La ligue typographique bruxelloise de la réforme électorale qui réunit en 1882, 417 membres du syndicat sur 685 –, et la représente au Conseil fédéral régional du Parti ouvrier belge (POB) en 1885. Il est également membre de l’AGO (Association générale ouvrière), dont il est l’élu au Conseil des prudhommes de Bruxelles de 1883 à 1889, et le représentant au Conseil des hôpitaux de la ville en 1895. Comme membre de l’AGO à cette date, il a sans doute quitté le POB en 1889.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/legrand-jules/, notice LEGRAND Jules. par Jean Neuville, version mise en ligne le 30 mai 2020, dernière modification le 19 juin 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Jean Neuville

SOURCES : HUBERT E., Historique de l’Association libre des imprimeurs-typographes de Bruxelles, Bruxelles, 1892, p. 109, 120, 121, 128, 132, 136, 148, 152, 154, 155, 156, 157, 163, 164, 172, 197-201, 204, 208 – DE BOË J., Un siècle de luttes syndicales en Belgique, 1842-1952, Bruxelles, p. 151-152 – PEIREN L., De kinderen van Gutenberg. Geschiedenis van de grafische vakbeweging in Belgïe voor 1975, Brussel-Gent, VUB-AMSAB, 2006.