Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier
Maitron patrimonial (2006-2024)
Née le 24 mars 1805 à Sorèze (Tarn), morte le 5 juin 1865 à Paris. Saint-simonienne puis fouriériste ou plus exactement fouriérisante comme son mari. Initiatrice de l’enseignement professionnel féminin.
De vieille souche protestante, Élisa Grimailh rencontra le jeune professeur saint-simonien, Charles Lemonnier*, en 1827. Mais ce fut la parole de Jacques Rességuier qui opéra sa conversion. Et elle était saint-simonienne convaincue quand elle épousa Charles Lemonnier en 1831.
A la différence de ce dernier, et pour des raisons tenant à la morale, elle fut résolument du parti de Bazard contre Enfantin — ce qui entraîna quelque temps une séparation des deux époux et retint sans doute Charles de participer à la retraite de Ménilmontant. Élisa suivit ensuite son mari à Bordeaux où il allait exercer sa seconde profession, celle d’avocat. C’est dans cette ville qu’en 1844, le couple recueillit Flora Tristan*, qui, malade et épuisée par sa propagande en faveur de l’Union ouvrière, mourut à leur domicile. Élisa revint avec Charles à Paris lorsqu’il fut nommé, grâce à la camaraderie saint-simonienne, d’abord directeur du contentieux de la Compagnie du chemin de fer du Nord, puis secrétaire du Crédit mobilier.
En 1848, Élisa Lemonnier, s’intéressa aux ateliers féminins créés pour combattre le chômage et créa elle-même un atelier de couture, qui fit vivre 200 mères de famille pendant deux mois. En juin 1848, elle publia les statuts de l’Union fraternelle des travailleuses, organisation qu’elle venait de créer avec douze autres militantes féministes. Elle continua de suivre les expériences faites par les femmes elles-mêmes ultérieurement. Sa formule préférée, qu’elle ne se lassait pas de répéter aux femmes était : « N’attendez pas que les hommes agissent pour vous ; agissez donc vous-mêmes, et quand ils vous verront à l’œuvre, ils commenceront à vous prendre au sérieux. »
En 1856, Élisa Lemonnier créa une Société de Protection maternelle qui envoyait les jeunes filles qui s’adressaient à elle ou qui lui étaient indiquées dans un établissement particulier près de Francfort-sur-le-Main.
En 1862, avec l’appui d’François Arlès-Dufour*, d’Hippolyte Carnot*, de Michel Chevalier* et des Péreire*, entre autres saint-simoniens, elle ouvrit à Paris, rue de la Perle, le premier cours d’enseignement professionnel féminin. Il fallut bientôt trouver de plus vastes locaux, rue du Val-Sainte-Catherine.
Le cours d’Élisa Lemonnier était un externat, bon marché et laïque, qui accueillait les élèves de 8 à 18 heures. On y donnait un enseignement général, un enseignement professionnel commun (travaux ordinaires des ménagères) et enfin un enseignement spécialisé ou plutôt six enseignements spécialisés : couture, lingerie, dessin sur étoffe, gravure, commerce, peinture sur porcelaine. Après examen de sortie, les anciennes élèves étaient placées par le cours lui-même qui avait plus de demandes d’emploi que d’offres à proposer.
En 1862, on dut ouvrir une seconde école, rue Rochechouart.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier
SOURCE : Mme Coignet, Biographie de Mme Lemonnier, fondatrice de la Société pour l’Enseignement professionnel des femmes, brochure in-8° de 23 pages publiée en 1866 par les soins de la Société (Bibl. Nat., Ln 27/22103), 3e, éd., Paris, 1898. — Biographie par Marie Cérati dans Femmes extraordinaires, Éditions de la Courtille, 1979.