MINELLO Robert

Par Michel Carvou

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 27 août 1945 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ; dessinateur industriel, technicien administratif ; militant syndicaliste CFDT chez Peugeot à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), délégué syndical (1976-2007), délégué du personnel, délégué au comité d’établissement (1977-2005), membre de l’Inter Peugeot CFDT (1976-2007), secrétaire de l’Union locale CFDT de Nanterre (Hauts-de-Seine) (1980-2007).

Les parents de Robert Minello, Guiseppe Minello et Stella, née Dalle Prane, étaient d’origine italienne, respectivement de Padoue et de Trévise, tous deux catholiques pratiquants. En 1934, son père, d’origine paysanne, quitta la propriété familiale où il n’y avait pas assez de travail et vint s’installer en France, en Saône-et-Loire, où il exerça des emplois d’ouvrier agricole. En 1943, Giuseppe Minello fut contraint de choisir entre le Service de travail obligatoire (STO) et la mine. Ce fut ainsi qu’il devint mineur dans le Bassin de Blanzy. Naturalisé français en 1953, adhérent à la CFTC, Giuseppe Minello trouva la mort dans la catastrophe minière du puits Plichon à Montceau-les-Mines, le 16 janvier 1958. Il laissait une femme, sans profession, qui par fidélité à la mémoire de son mari adhéra à la CFTC, un garçon de treize ans, Robert, et sa sœur cadette.

Robert Minello fit ses études primaires à l’école du quartier du Bois-du-Verne à Montceau-les-Mines et ses études secondaires, de 1960 à 1963, à l’école du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Il y prépara un CAP de dessinateur industriel qu’il n’obtint pas. En septembre 1963, il entra comme ouvrier de jour au Bassin de Blanzy (3 000 salariés) où il resta un an avant de partir au service militaire qu’il effectua au 511e régiment du train à Auxonne (Côte-d’or), de septembre 1964 à décembre 1965. Démobilisé, il reprit pendant quatre mois son emploi au bassin de Blanzy puis entreprit un stage de plasturgiste qu’il effectua au centre FPA de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) d’avril à octobre 1966. Il y obtint un CAP de plasturgiste.

De novembre 1966 à mars 1967, Robert Minello travailla comme ouvrier plasturgiste dans l’entreprise de signalétique Néotubex, à Autun (Saône-et-Loire), avant de revenir en région parisienne. Il fut d’abord employé, de mars à juin 1967, chez Graphoplex, rue de Montsouris (Paris XIVe arr.). En août 1967, il fut embauché par Automobiles Peugeot au centre de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) où il resta jusqu’à son départ à la retraite en avril 2007. De 1967 à 1980, il travailla à la direction des pièces de rechange (DPR) en tant que dessinateur calqueur puis dessinateur de catalogue. En 1980, suite au transfert de la DPR à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) et à Vernon (Eure), il resta sur le site et fut muté au centre d’études rebaptisé GIE PSA Études et Recherches dans le cadre du rapprochement entre Peugeot et Citroën, puis PCA Peugeot-Citroën, en 1998, lorsque la fusion entre les centres d’études Peugeot de La Garenne-Colombes et celui de Citroën à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) fut effective. Robert Minello y termina sa carrière en 2007, au département électronique, comme technicien administratif.

Par ses origines familiales, Robert Minello avait été sensibilisé aux préoccupations du monde du travail et à l’action syndicale. Lorsqu’arrivèrent les évènements de mai 1968, il vota l’occupation du centre Peugeot de la Garenne-Colombes. Sympathisant de la CFDT après le conflit, il adhéra à cette organisation en 1974 et s’investit dans la section syndicale animée par Michel Carvou, François Laurent*, Gérard Vinay, Claude Chapuis, Christian Hazard. En 1976, il fut nommé délégué syndical. De 1977 à 2005, il occupa les fonctions de délégué du personnel, membre du comité d’établissement, membre du CHSCT. De 1977 à 1981, il fut élu au comité central d’entreprise d’Automobiles Peugeot et, de 1981 à 2005, il fit partie du comité de groupe européen et du comité de liaison.

Robert Minello eut à affronter les années répressives de l’après-68 chez Peugeot. Celles-ci se caractérisaient par une politique organisée d’intimidation des militants et sympathisants des organisations syndicales CFDT et CGT et l’implantation, à l’initiative et avec le soutien affiché de la direction, d’un syndicat « maison » membre de la Confédération française du travail (CFT), confédération connue pour sa proximité avec l’extrême droite. Lorsque, à partir de 1976, ce syndicat commença à perdre son crédit auprès des salariés du centre de La Garenne-Colombes, la direction accompagna sa transformation en sections CFTC et FO qui bénéficièrent ouvertement de ses bonnes grâces et de ses faveurs.

Les restructurations successives du centre furent, pour Robert Minello et sa section syndicale, des moments intenses d’action. En 1980, le déplacement du département des pièces de rechanges à Vernon et à Cergy-Pontoise fit l’objet d’intenses négociations du plan social. En 1998, lors de la création de PCA Peugeot-Citroën, la CFDT dût mener l’action sur le terrain juridique pour obtenir un plan social. Une bataille judiciaire qui le conduisit plusieurs fois devant les tribunaux permit d’obtenir un rattrapage de carrière pour les militants dont l‘évolution avait été gelée pendant des années.

De 1976 à 2007, Robert Minello représenta sa section à l’inter Peugeot CFDT où il rencontra les responsables CFDT des autres centres et usines Peugeot de France, parmi lesquels Pierre Petit-Collin et Jean-Pierre Dubois de Sochaux, Gaby Pinte de Lille, Mark Richard de Mulhouse. Avec la commission exécutive de l’inter, dont il devint membre, il travailla à l’évolution de l’inter Peugeot en inter PCA Peugeot-Citroën (1998). Il suivit les négociations pour le passage aux 35 heures chez Peugeot qui se conclurent par un accord signé par la CFDT en 1999, ainsi que celles pour un régime de prévoyance pour les cadres et assimilés, également signé par la CFDT l’année suivante.

Son engagement dans l’inter Peugeot, puis PCA Peugeot-Ciroën l’amena à participer à la vie de la branche automobile de la Fédération générale des mines et de la métallurgie (FGMM) animée successivement par Bernard Poirier, Guy Popieul, Bernard Espel. Il prit part aux rencontres nationales et internationales concernant le groupe Peugeot ainsi que l’automobile en général, notamment celles, entre syndicats, gouvernement et experts français, sur le véhicule électrique. Il fit partie de la délégation de la FGMM, au congrès des syndicats PSA du Mercosur à Montevideo, en Uruguay en 1998. Au titre de l’inter PCA Peugeot-Citroën, il siégea au conseil national de la branche automobile de la Fédération européenne de la Métallurgie (2005-2007). Il participa à la rencontre européenne de Francfort des comités de groupe sur les chartes éthiques en 2005 et fut membre de la délégation FGMM lors de la négociation d’une « charte éthique » chez PSA, organisée sous l’égide de la Fédération internationale des ouvriers sur métaux (FIOM) en 2006. La même année, il représenta la FGMM et l’inter PSA à Bruxelles lors d’une rencontre organisée sous l’égide de la Fédération européenne de la métallurgie (FEM) lors de la fermeture de l’usine PSA de Ryton en Angleterre.

À côté de son engagement syndical dans son entreprise et dans sa branche, Robert Minello tint à garder du temps pour l’action interprofessionnelle de proximité. À partir de 1977 il s’investit dans l’Union locale CFDT de Nanterre (Hauts-de-Seine), ville dans laquelle il résidait depuis 1970, et en fut le secrétaire de 1980 à 2007. Avec Jean Louis Logre et William Vaudou, il assura les permanences juridiques ouvertes aux salariés de la ville, apporta son soutien aux conflits des petites entreprises, assista la création de sections syndicales CFDT et mena la lutte contre les marchands de sommeil. Il représenta son UL au conseil de l’Union départementale CFDT des Hauts-de-Seine animée par son secrétaire général Jean Marie Sépulchre.

Mandaté pour représenter la CFDT à la sécurité sociale de 2001 à 2003 puis au tribunal des affaires de la Sécurité sociale (TASS) à partir de 2004, Robert Minello continua ce mandat après avoir pris sa retraite en avril 2007.

Parallèlement à son engagement syndical, Robert Minello fut candidat aux élections municipales de Nanterre sur une liste « Verts et associatifs » en 2001, en position non-éligible.

Il siégea comme administrateur au Foyer de jeunes travailleurs les Bouviers à Colombes (Hauts-de-Seine) jusqu’à ce que le foyer ferme ses portes, en 1996, faute de pouvoir être réhabilité. En 2004, il reprit un mandat d’administrateur dans l’association les Crea’s de Nanterre qui présenta un projet alternatif à celui des Bouviers.

Il vécut maritalement avec Élisabeth Coing-Mallet.

 

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/minello-robert/, notice MINELLO Robert par Michel Carvou, version mise en ligne le 4 février 2021, dernière modification le 7 octobre 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par Michel Carvou

Sources : Arch. fédérales FGMM-CFDT. — Arch. UPSM-CFDT. — Claude Angéli, Nicolas Brimo avec la collaboration de Marc-Rémy Donnatin, Une milice patronale : Peugeot, Cahiers libres 303, Maspero, 1975. — Entretiens avec Robert Minello, novembre 2010.