POMARÈDE Joseph, Michel, [connu sous le sobriquet de « Jo »].

Par André Balent

Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 25 février 1912 à Prades (Pyrénées-Orientales), mort le 26 mars 1973 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; représentant de commerce ; pensionné ; permanent politique ; militant de la SFIO puis du PSOP et du PCF ; membre du secrétariat de la fédération PCF ; conseiller municipal de Perpignan ; responsable du Mouvement de la paix : directeur du Travailleur catalan, hebdomadaire fédéral du PCF.

Joseph Pomarède [sur son acte de naissance son nom est orthographié « Pommarède » ; le deuxième « m » disparaît ensuite de la documentation privée et publique]. Son père, prénommé Michel était maréchal des logis au 43e régiment d’artillerie, était alors âgé de vingt-deux ans. Sa mère, Henriette Salvador, sans profession était âgée de dix-neuf ans. Pomarède fut reconnu pupille de la nation par jugement du tribunal civil de Prades du 19 septembre 1919, Pomarède se maria une première fois à Perpignan le 16 juin 1934 avec Marguerite, Eugénie Fruitet. Ce mariage fut dissous par le tribunal civil de Prades. Il se maria à nouveau à Perpignan le 21 février 1949 avec Berthe Saloum. Pomarède était père d’une fille prénommée Michèle.

Joseph Pomarède, alias « Jo », avait adhéré avant 1939 à la SFIO puis au PSOP. Mobilisé en 1939, il fut prisonnier de guerre en Allemagne rapatrié comme grand malade. Jusqu’en 1945. Il résida d’abord à Osséja (Pyrénées-Orientales), en Cerdagne, où il était venu faire soigner les séquelles d’une tuberculose. Il adhéra au PCF en Cerdagne à la Libération. Dès 1945, il adhérait aussi au Mouvement des prisonniers de guerre dont il était le vice-président départemental.
Les dirigeants fédéraux parti préférèrent Pomarède à des militants pourtant mieux enracinés localement ou ayant participé activement à la Résistance comme par exemple Antoine Cayrol, Victor Kapler. Il fut ainsi désigné candidat du PCF dans le canton de Saillagouse (c’est à dire l’essentiel de la Cerdagne française) pour le renouvellement général des conseillers généraux de septembre 1945. Seul candidat opposé à Barthélemy Lledos (SFIO), il fut battu par ce dernier (Lledos, 1884 voix, Pomarède 705).

Par la suite, Pomarède, établi à Perpignan, s’intéressa à la situation politique en Cerdagne, allant jusqu’à publier un long commentaire du résultat des élections municipales d’octobre 1947 dans cette partie du département (« Victoire républicaine en Cerdagne. Saillagouse, Valcebollère, Llo, Porta, Nahuja, Palau-de-Cerdagne, Angoustrine ont des maires communistes », Le Travailleur Catalan, 25 octobre 1947). Pour sa part, Pomarède avait, sans succès, présenté sa candidature dans la commune cerdane d’Ur où il résidait.

Joseph Pomarède siégea au comité fédéral et au bureau fédéral au moins à partir de février 1953 et jusqu’en 1969 et peut-être au delà (il fut réélu à ces deux instances par la conférence fédérale du 15 décembre 1968). Il remplaça Gérald Andreu* élu au secrétariat fédéral le 16 mai 1954 (Raoul Vignettes, premier secrétaire fédéral) indisponible à la suite d’une maladie. Il accéda une fois, de façon officielle, au secrétariat de la fédération communiste des Pyrénées-Orientales : le 30 avril 1961, il devint secrétaire à la propagande (Joseph Albert, secrétaire fédéral et Fernand Cortale, secrétaire à l’organisation).

Il fut candidat à Perpignan aux élections municipales du 26 avril 1953. Il fut avec 7495 voix l’un des onze élus du PCF au conseil municipal de Perpignan (André Tourné, Raoul Vignettes, Fernand Cortale, Albert Estève, Pierre Farines, François Puig, Jean Ganteil, Albert Coste, Roger Bertrand). À ce scrutin, la SFIO eut neuf élus parmi lesquels Henry Mercader, Félix Depardon et Marcel Biscaye. Pomarède fut à nouveau candidat à Perpignan aux élections municipales des 8 et 15 mars 1959. Au premier tour, il était en troisième position sur la liste d’Union ouvrière et démocratique (PCF) après Raoul Vignettes et Fernand Cortale. Il obtint 7763 voix. Au deuxième tour, il se retrouva en huitième position sur la liste d’Union des gauches issue de la fusion des listes communiste, d’Union de forces démocratiques (PSA, UGS, UP, Ligue des droits de l’Homme. Voir Lloansi Cyprien) et d’une partie de la liste du Parti socialiste SFIO. Cette liste d’union était conduite par Félix Depardon, maire SFIO sortant de Perpignan. Cette liste fut battue par celle de Paul Alduy*. Pomarède obtint 11489 voix, les meilleurs scores étant réalisés par Raoul Vignettes (11813 voix ) et Félix Depardon (11506 voix).

Il fut candidat dans la circonscription de Perpignan-Céret aux élections législatives de novembre 1958, colistier comme suppléant de Raoul Vignettes, secrétaire fédéral et novembre 1962, colistier comme suppléant de Joseph Albert, secrétaire fédéral. Dans les deux cas, les candidats communistes furent battus par Paul Alduy.

Joseph Pomarède fut candidat à des élections cantonales, en mars 1958, dans le canton de Céret (battu par Henri Guitard, SFIO) ; en mars 1964 dans le canton d’Arles-sur-Tech (battu par Baptiste Pams, SFIO).

Joseph Pomarède fut responsable du Travailleur catalan dont il assura la direction politique. Polémiste de talent, il écrivait chaque semaine des articles ou éditoriaux. Il écrivit son dernier article le samedi qui précéda son décès alors qu’il ressentait les prémisses de la crise qui l’emporta. Il fut aussi responsable départemental du Mouvement de la Paix. Résidant à Perpignan aux HLM du Bas-Vernet, il présida l’Amicale des locataires de ce groupe d’immeubles au sein de laquelle il milita assidument. Il était également membre du bureau départemental de la fédération des conseils de parents d’élèves. Il militait aussi dans les organisations d’anciens combattants et anciens prisonniers de guerre.

Après les événements de mai 1968, il s’efforça, à la différence d’autres responsables départementaux, de maintenir le contact avec l’extrême gauche. Intéressé par l’histoire politique et sociale des Pyrénées-Orientales, il facilita, à partir de 1972, les contacts d’André Balent avec des militants communistes d’avant la Seconde Guerre mondiale afin de rédiger des notices biographiques pour la troisième partie du Maitron (1914-1939).

Joseph Pomarède ne fit jamais mystère de son passé pivertiste, alors que d’autres communistes de sa génération ayant transité par le PSOP comme Fernand Cortale, considéraient cet engagement militant de la fin des années 1930 comme une sorte de péché originel qu’il fallait à tout prix expier.

Il mourut en 1973 évitant ainsi d’être marginalisé comme Joseph Albert, au moment de l’accession d’Henri Costa au secrétariat fédéral. Ses obsèques civiles eurent lieu le 28 mars à Perpignan devant un grand nombre de militants. Joseph Albert, secrétaire fédéral, André Tourné député, Maurice Iché président départemental des anciens prisonniers de guerre, Émile Roudayre, du Parti socialiste et adjoint de Perpignan étaient présents. Après la cérémonie le corps fut transporté à Prades et fut inhumé au cimentière près de ses parents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/pomarede-joseph-michel-connu-sous-le-sobriquet-de-jo/, notice POMARÈDE Joseph, Michel, [connu sous le sobriquet de « Jo »]. par André Balent, version mise en ligne le 25 juillet 2014, dernière modification le 18 juin 2024.

Maitron patrimonial (2006-2024)

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 49 W 41 (conseil général 1944-1945) ; 94 W 42, EL 1958. — Arch. com. Prades, état civil, acte de naissance de Joseph Pomarède et mentions marginales. — Le Travailleur catalan, hebdomadaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales, en particulier le numéro du 30 mars 1973 (hommage et nécrologie). — L’Indépendant, 11, 28, 30 avril 1953 ; février et mars 1959 ; 28 mars 1973. — Arch. de la fédération communiste des P.-O (1953-1968) publiées in Georges Sentis, Éléments pour un dictionnaire des militants communistes des Pyrénées-Orientales dans les années 1945-1968, Lille, Marxisme / Régions, 1998, non paginé.— Roger Bernis, Roussillon politique. Du réséda à la rose… I, Le temps de Quatrième (1944-1958), Toulouse, Privat, 1984, 286 p. [p. 28]. — Souvenirs personnels d’André Balent.