Par Claude Pennetier, Carole Pigeyre
Maitron patrimonial (2006-2024)
Née le 29 octobre 1904 à Bordeaux (Gironde), morte le 2 janvier 1993 à Bègles (Gironde) ; ménagère ; députée communiste de Gironde (1946 à 1951 puis de 1956 à 1958).
Aînée d’une famille de cinq enfants, Renée Barthe quitta l’école pour aider ses parents, après avoir obtenu son certificat d’études primaires. Elle se maria avec un paysan communiste, Gaston Reyraud, et rejoignit le Parti communiste en 1934,
Militante communiste clandestine au début de la Seconde Guerre mondiale, elle fut affectée par l’arrestation de son mari en janvier 1941. Gaston Reyraud, a été fusillé comme otage, au camp Souge le 24 octobre 1941, parmi cinquante autres victimes. Elle poursuivit ses activités dans la Résistance, aux côtés du Front national.
Arrêtée le 23 juillet 1943, elle fut internée au fort de Hâ puis à Romainville, et déportée à Ravensbrück. Libérée, revenue en France le 24 mai 1945, elle milita immédiatement à l’Union des femmes françaises et accéda au poste de secrétaire départementale, en 1946.
Elle appartint aussi, à parti de février 1946, et pendant près de dix ans au comité fédéral du PCF. Après un échec aux élections de l’Assemblée Constituante (juin 1946), elle fut élue quelques mois plus tard à l’Assemblée Nationale (10 novembre 1946), devenant ainsi la première femme députée de la Gironde. Elle figurait en seconde position, derrière Marc Dupuy, député sortant, sur la « liste du Parti communiste et d’Union républicaine et résistante », avec pour seule mention « ménagère ». La liste obtint 73 963 voix sur 384 307 suffrages exprimés soit 19,2 %. Henri Chassaing avait appuyé sa candidature, disant : « Il est temps que les femmes de la Gironde aient une des leurs, une des meilleures d’entre elles pour les représenter à l’Assemblée Nationale, en tant que député communiste » (La Gironde Populaire, 8 novembre 1946.
Elle siégea dans les trois commissions de la Marine marchande et des pêches, des Moyens de communication et des Boissons, et fut membre de la Haute-Cour de justice. Très active dans le travail parlementaire, ses interventions concernaient le plus souvent la Gironde, notamment la défense des ruraux face aux incendies et aux risques naturels, mais aussi l’installation de soldats américains (qualifiés de « troupes d’occupation ») dans la région.
En juin 1951, seconde derrière Marc Dupuy, sur la liste « d’Union républicaine, Résistante et Antifasciste pour l’Indépendance Nationale, le Pain, la Liberté et la Paix, présentée par le parti communiste français », elle recueillit 41 451 voix sur 226 237 suffrages exprimés (18,3 %) et perdit son siège. Mais elle retrouva son siège le 2 janvier 1956 et siégea à la commission de la Famille, de la population et de la santé, et à celle des Moyens de communication et du tourisme. Elle intervint en faveur des personnels des PTT, des moyens de transport et des fonctionnaires. Elle vota avec son groupe parlementaire les pouvoirs spéciaux sur l’Algérie au gouvernement Guy Mollet le 12 mars 1956 mais s’opposa au projet de loi-cadre sur l’Algérie de Bourgès-Maunoury, le 30 septembre 1957. Elle refusa de voter l’investiture de Charles de Gaulle le 1er juin 1958 et de lui accorder les pleins pouvoirs pour préparer la réforme constitutionnelle.
En 1958 et en 1962, le Parti communiste ne présenta Renée Reyraud que comme candidate suppléante de René Duhourquet dans la 6e circonscription de la Gironde, le titulaire étant d’ailleurs battu. Elle ne fut pas candidate en 1967.
Malgré ses responsabilités nationales, elle avait continué à militer localement à l’UFF, mais aussi en tant que conseillère municipale à Mérignac (1947-1953) puis à Pessac (à partir de 1953) où elle s’était installée.
Adhérente de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes, elle devint membre du comité départemental de l’association. Elle appartint également à des associations défendant la mémoire de son mari et des victimes du nazisme, comme celle des familles de déportés et de fusillés ; elle fut élue en 1948, vice-présidente du comité du Souvenir des fusillés de Souge.
Renée Reyraud eut deux enfants.
Elle mourut en 1993 à Bègles, à l’âge de 89 ans.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Claude Pennetier, Carole Pigeyre
SOURCES : Arch. Assemblé nationale. — Carole Pigeyre, L’UFF en Gironde de 1943 à 1957, maîtrise d’histoire, Bordeaux, 1997. — RGASPI, Moscou, 495 270 388 (nom déformé en Reyro René, pas encore consulté).