Par Louis Botella
Maitron patrimonial (2006-2024)
Né le 19 avril 1906 à Nice (Alpes-Maritimes), mort le 11 janvier 1965 à Paris (XXe arr.) ; docker puis employé ; syndicaliste CGT puis Force ouvrière (FO) ; secrétaire général de la Fédération des employés Force ouvrière (FO) 1950-1965 ; résistant.
Le père d’Adolphe Sidro était géomètre, sa mère, d’origine italienne, était couturière. Orphelin, il travailla d’abord comme docker, puis dans l’hôtellerie, et enfin comme employé à Paris. Il adhéra aux Jeunesses communistes mais quitta le mouvement communiste après les Procès de Moscou.
Secrétaire de la section syndicale du Bon Marché à Paris, il participa aux grèves et négociations de 1936-1937. Licenciés des grands magasins en 1937, il entra à l’Union des Caisses d’Assurances sociales de la région parisienne en 1938.
Après sa démobilisation en 1940, il participa aux cercles syndicalistes qui cherchaient à reconstituer la CGT et fut un des fondateurs du journal Résistance Ouvrière avec Raymond Bouyer, du secteur de la presse à la Fédération des employés. Il s’occupa également de la presse au sein de la Fédération des employés.
En 1945, Adolphe Sidro fut élu secrétaire de la Fédération des employés CGT, chargé de la section du Commerce et de la section des Organismes sociaux. Il participa à la mise en place de la Sécurité sociale avec Oreste Capocci,
le secrétaire général de la Fédération des employés CGT.
Le 4 janvier 1948, le conseil national de sa fédération décida, par 31 voix contre 13, d’adhérer à FO.
Oreste Capocci resta à la tête de la Fédération des employés FO et Adolphe Sidro fut élu, comme Georges Charréron, Pierre Dercourt, Roland Waseige, secrétaire fédéral. Tous ces responsables furent confirmés dans leurs fonctions lors du congrès ordinaire d’octobre 1948.
Lors du congrès fédéral suivant, en octobre 1950, Adolphe Sidro devint secrétaire général de la fédération, devenue entre temps, Fédération des employés et cadres FO. Oreste Capocci fut porté à sa présidence. Adolphe Sidro assuma ce mandat jusqu’à son décès.
Il intervint à la tribune à tous les congrès confédéraux à partir d’octobre 1950. Il fut, avec Roger Lapeyre, Alexandre Hébert*, Camille Mourgues, Pierre Felce, l’un des orateurs les plus écoutés lors de ces congrès.
Notamment en octobre 1950, il vota contre le projet d’invitation formulée par la direction confédérale visant à inviter la CFTC et la CGC à participer à une partie de ce congrès.
En octobre 1956, il invita le congrès confédéral à manifester le samedi 27 octobre soit devant l’ambassade de Hongrie à Paris, soit devant le Mur des Fédérés pour apporter le soutien aux insurgés hongrois. Toujours au cours de ce congrès, Adolphe Sidro fut l’un des trois orateurs, avec Alexandre Hébert (UD de Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et Diagne (PTT Sénégal), de la motion de la minorité au sein de la sous-commission sur l’Algérie. Adolphe Sidro, comme ses deux autres collègues, s’exprimèrent, sans préjuger du statut futur de l’Algérie, en faveur de la reconnaissance accordée au peuple algérien de disposer de lui-même, d’un cessez-le-feu immédiat et de négociations entre les parties. Le texte minoritaire obtint 2 225 voix contre 9 522 en faveur du texte majoritaire défendu par Camille Mourgues (secrétaire général de la Fédération des PTT), Fernand Manchon (UD. de Constantine), Mohammed Kellal (Syndicat des cadres des PTT de l’Ile-de-France).
En 1959, il critiqua sévèrement le gouvernement du général de Gaulle. Pour lui le nouveau régime issu des élections de septembre 1958 « oscille entre consulat et régime présidentiel ». Il déclara ensuite « Est-ce que, nous ne devons pas continuer de dire dans l’organisation que notre mouvement, qu’il veuille ou non, est un mouvement de gauche, que bien entendu qu’il ouvre la porte à tous les travailleurs sans distinction d’opinion… »
Il fit partie de liste des 26 membres du Comité de solidarité et de défense des syndicalistes algériens, – proches de Messali Hadj – liste publiée en février 1958 par La Révolution prolétarienne. Il figura également partie de la liste des 58 signataires de l’appel de Cassou lancé aux démocrates français, faisant écho à celui du 11 juin 1959 de Messali Hadj en vue de « la cessation des luttes fratricides entre Algériens et des attentats terroristes… »
Comme André Giauque, il était partisan d’une ouverture vers la CGT.
De 1957 à 1962, Adolphe Sidro participa activement à la mise en place de l’UNIRS (Union nationale des institutions de retraite des salariés), de l’UNEDIC (régime d’assurance chômage) et de l’ARRCO (caisses de retraites complémentaires des salariés non-cadres), qui concernaient la plupart des sections de la fédération. Il fut membre de la commission exécutive confédérale et membre du Conseil économique et social, ainsi que vice-président de la Fédération internationale des employés et techniciens (FIET).
Il eut beaucoup de mérite à maintenir l’unité de sa fédération qui ressemble davantage à une mini-confédération qu’à une fédération professionnelle verticale.
Adolphe Sidro mourut le 11 janvier 1965. Son corps fut exposé au siège de la confédération et les obsèques eurent lieu à Nice.
Maitron patrimonial (2006-2024)
Par Louis Botella
SOURCE : Jeanne Siwek-Pouydesseau, « Les cols blancs fonctionnaires et employés dans la CGT-FO », dans Michel Dreyfus et alii, La naissance de Force Ouvrière, Presses Universitaires de Rennes,2003, p. 131. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 1948-1965. – Comptes rendus des congrès confédéraux de 1948 à 1963. – Alain Bergougnoux, « Force ouvrière », Editions du Seuil, 1975. — Notes de Michel Dreyfus et Jeanne Siwek-Pouydesseau. — Nedjib Sidi Moussa in « Face à la guerre d’Algérie : transactions anticoloniales et reconfigurations dans la gauche française », Studi di Storia Comtemporeana, janvier 2012, www.diacronie.it. — État civil.