BILLOD Albert [BILLOD Joseph, Emile, Alcide, dit Albert]

Par Robert Debant, Jean Sagnes, Roland Andréani

Né le 26 juillet 1881 à Bozouls (Aveyron), mort le 10 juin 1944 à Paris XIVe arr. ; professeur de lettres ; socialiste SFIO ; maire de Montpellier (Hérault), 17 mai 1925 - 19 mai 1929.

Dès le 20 octobre 1892, Albert Billod perdit son père, Alcide, un Franc-Comtois conduit dans l’Aveyron par une carrière de gendarme, d’abord brigadier à Bozouls, puis maréchal des logis à Cassagnes-Bégonhès. Sa mère, née Mathilde Léonie Monjaux, était sans profession à sa naissance. Il poursuivit pourtant des études qu’il prolongea à la faculté des lettres de Toulouse. Répétiteur stagiaire à Vic-en-Bigorre, puis après le service militaire, du 14 novembre 1902 au 19 septembre 1903, à Figeac, il fut titularisé le 7 janvier 1904 dans ce collège qu’il quitta dès la fin de l’année scolaire. Un congé annuel renouvelé quatre fois lui permit de résider à Toulouse de 1904 à 1909. Boursier d’agrégation en 1906-1907, il parvint à une première admissibilité au concours en 1908.
Si l’on ignore quels furent ses moyens d’existence pendant cinq ans, c’est de cette période que date son engagement à la Jeunesse socialiste révolutionnaire en 1904, puis au Parti socialiste dès l’unification. Délégué en 1909 au lycée d’Aurillac et régulièrement maintenu dans la chaire de 3e, il milita au sein de la Fédération socialiste du Cantal jusqu’en 1913, année où reçu agrégé des lettres, il fut muté à Nantes. Essentiellement tournée vers la banlieue et la région rurale de la Loire-Inférieure, son activité politique fut bientôt interrompue par sa mobilisation. Blessé le 23 septembre 1914, le sergent d’infanterie retourna au front avant de passer au service auxiliaire en 1916, puis placé en sursis, de regagner le lycée de Nantes à la rentrée scolaire de 1917. En janvier 1919, il rejoignit le lycée de Carcassonne, son épouse en congé depuis le départ d’Aurillac, ayant pu en octobre retrouver un poste à l’école normale d’institutrices de l’Aude. En accord avec la tendance dominante de la section de la ville dont il était l’un des membres les plus actifs, il rompit quelques lances avec les socialistes narbonnais. Au congrès fédéral d’avril 1919, il déposa une motion condamnant l’impuissance des pays capitalistes à faire la paix et réclamant la dictature du prolétariat. S’étant alors opposé à Ferroul* sur les responsabilités des socialistes dans la guerre en refusant de jeter l’anathème sur les seuls Allemands, il en dénonça au congrès d’août, les véhémentes critiques formulées dans la République sociale contre la Révolution russe, et s’offrit à lui répondre dans les colonnes duMidi socialiste. Qualifié d’« extrémiste » par le préfet, il occupa la quatrième place sur la liste SFIO de Félix Aldy*, Léon Hudelle*, Jean-Baptiste Faure*, et Adrien Nonier*. Avec 11 016 voix, il fut loin des 12 247 recueillies par Aldy à ce scrutin législatif qui, marqué par une forte abstention, vit le succès des radicaux obtenant, sous la conduite de Jean Durand et Albert Sarraut, une moyenne de quelque 25 000 suffrages, devant un peu plus de 20 000 pour une liste de droite, attachée sous le nom d’« Union républicaine des mutilés et combattants », à dénoncer le « péril bolchevik » et à critiquer les politiciens traditionnels.
Muté au lycée de Montpellier en octobre 1920, Billod défendit la motion Longuet au congrès fédéral tenu au chef-lieu de l’Hérault en décembre. Du congrès suivant, à Sète en février, à celui de Montpellier en octobre 1921, il fut secrétaire de la Fédération socialiste SFIO pour ne rester ensuite que secrétaire fédéral adjoint. Rédacteur en chef du Languedoc socialiste et vice-président de la section montpelliéraine de la Ligue des Droite de l’Homme en 1924, il figura l’année suivante sur la liste SFIO qui en mai 1925, devança les radicaux au premier tour. Au second, le succès du Cartel des gauches donna donc pour la première fois, le choix du maire aux socialistes. Le nouveau conseiller municipal Billod fut élu après le refus de Louis Mazel* qui, membre de l’assemblée sortante et familier de l’administration communale, n’accepta que le poste de premier adjoint.
Durant l’exercice de son mandat, il se situa à la droite de la Fédération socialiste de l’Hérault en compagnie des parlementaires, Édouard Barthe*, Jean Félix* et Camille Reboul*. Candidat du parti en 1928, il recueillit 5 170 voix sur les 15 882 votants de la 2e circonscription de Montpellier, derrière le radical Alès, élu député dès le premier tour. Écarté de la mairie un an plus tard par l’échec de la coalition des socialistes et des radicaux dissidents devant Benjamin Milhaud favorisé au ballottage par le retrait de la liste de droite, le militant, trésorier du syndicat de l’enseignement secondaire et supérieur de l’Hérault depuis le 1er janvier 1928, quitta Montpellier pour Paris et le lycée Henri IV à la rentrée scolaire de 1929.
Il fut l’un des sept délégués de la Fédération de l’Hérault au 29e congrès national (Paris, 29 mai-1er juin 1932), avant de démissionner de la SFIO fin 1933 ou début 1934, pour adhérer au PSDF néo-socialiste comme Reboul et Barthe.
De son mariage contracté le 31 octobre 1910 à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime) avec Jeanne Françoise Claire Eugénie Thérèse Desré, alors professeur à l’école primaire supérieure d’Aurillac, il avait eu trois enfants : Louise Marie Thérèse le 21 février 1912 au chef-lieu du Cantal, puis le 16 avril 1914 au domicile familial, 48 rue Félix Faure, à Nantes (1er canton), Yvette Lucie Suzanne, la première épouse de l’écrivain Roger Caillois, et enfin Pierre Georges Albert, également né à Nantes, le 20 janvier 1918, et décédé le 16 juin 1948 à l’hôpital des tuberculeux de Saint-Martin-du-Tertre (Val-d’Oise).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article100157, notice BILLOD Albert [BILLOD Joseph, Emile, Alcide, dit Albert] par Robert Debant, Jean Sagnes, Roland Andréani, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 12 juin 2020.

Par Robert Debant, Jean Sagnes, Roland Andréani

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron, état civil et 1 R 856, matricule 1148. – Arch. Dép. Charente-Maritime. –Arch. Dép. Cantal. – Arch. Mun. Nantes. – Arch. Dép. Aude, 2 M 75 et 5 M. – Arch. Dép. Hérault, 15 M 73. – Arch. Paris. – Bulletin administratif de l’Instruction publique, n° 1604, 16 janvier 1904, p. 36, n° 1641, 1er octobre 1904, p. 597, n° 1695, 21 octobre 1905, p. 927, n° 1752, 1er décembre 1906, p. 976, n° 1802, 13 novembre 1907, p. 760, n° 1837, 1er août 1908, p. 228, n° 1853, 21 novembre 1908, p. 861, n°1895, 18 septembre 1909, p. 758, n° 1898, 9 octobre 1909, p. 884, n° 1900, 23 octobre 1909, p. 1019, n° 1995, 16 septembre 1911, p. 681, n° 2094, 6 septembre 1913, p. 505, n° 2101, 25 octobre 1913, p. 828, n° 2103, 8 novembre 1913, p. 968-969, n° 2108, 13 décembre 1913, p. 1245, n° 2345, 12 octobre 1918, p. 667, n° 2437, 14 août 1920, p. 428, n° 2646, 1eroctobre 1929, p. 338. – Le Devoir socialiste, 1920-1921. – Le Languedoc socialiste, 1925-1934. – Gérard Cholvy (dir.), Histoire de Montpellier, Toulouse, 1984, nouvelle édition, 2001, p. 424.

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