Par Jacques Girault
Né le15 septembre 1877 à La Cadière (Var), mort le 29 septembre 1945 à La Cadière-d’Azur ; courtier en vins ; adjoint au maire de La Cadière ; conseiller d’arrondissement « socialiste » du canton du Beausset (Var) de 1922 à 1939.
Fils de cultivateurs, Marius Blanc, « propriétaire », courtier en vins à La Cadière, marié dans la commune en novembre 1923, fut élu conseiller municipal de ce village, le 12 mai 1912 avec 355 voix sur 575 inscrits. Il fut réélu, le 30 novembre 1919, avec 265 voix sur 554 inscrits. La liste « d’Union républicaine et socialiste » comportait des socialistes SFIO dont Blanc selon le sous-préfet. Le 10 décembre, il devenait adjoint au maire. En mars 1920, il faisait partie du bureau de la section de la Ligue des droits de l’Homme qui se créait. En 1920, les socialistes se divisèrent : la majorité passa au communisme ; les autres préférèrent par la suite ne pas reconstituer de section socialiste. Blanc était donc toujours considéré comme socialiste sans toutefois militer à la SFIO.
Le 14 mai 1922, Blanc était élu conseiller d’arrondissement du canton du Beausset. Il battait le candidat protégé par le conseiller général à tendance radicale-socialiste. Sur 2 222 inscrits, il obtenait 746 voix. Le sous-préfet, tout en indiquant son appartenance à la section SFIO qui « compte des membres exaltés » ajoutait : « semble ne pas devoir jouer un grand rôle au conseil d’arrondissement et paraît se tenir quelque peu à l’écart de l’Administration ».
Blanc restait très proche des communistes et participait à leurs réunions. En novembre 1922, il était au bureau d’une réunion sur l’amnistie au cercle de La Cadière.
Après la démission collective du conseil municipal, le 14 avril 1924, Blanc fut réélu, le 8 juin, avec 254 voix (en dernière position) sur 448 inscrits. Il fut à nouveau réélu le 3 mai 1925 sur une liste « d’Union républicaine et socialiste » avec 197 voix (encore en dernière position) sur 448 inscrits. L’élection pour le poste d’adjoint, le 17 mai 1925, donna, après le troisième tour, un même nombre de voix (huit) pour Blanc et son adversaire, colistier pourtant, « radical-socialiste » qui fut proclamé élu au bénéfice de l’âge. Aussi, Blanc donna-t-il sa démission de conseiller municipal six jours plus tard. Que s’était-il passé ? La vie politique locale semblait voir s’affronter un bloc à tendance plus conservatrice et un bloc à tendance plus socialiste qu’arbitrait le maire Henri Jansoulin. Quand ce dernier se retira, l’affrontement eut lieu aux élections municipales de 1929. Blanc animait avec les conseillers municipaux les plus proches de la SFIO une liste « des candidats républicains socialistes ». Le 5 mai, il arrivait en deuxième position de sa liste avec 147 voix sur 424 inscrits, mais n’était pas élu le dimanche suivant, avec 152 voix alors que quatre de ses colistiers obtenaient la majorité absolue.
Après la démission du maire, des élections complémentaires furent nécessaires. Devant l’offensive du notaire Teisseire qui espérait pouvoir accéder à la magistrature suprême, la candidature de Blanc permit l’union temporaire au sein du Bloc ouvrier et paysan. L’« ancien maire Jansoulin, le dirigeant de la liste adverse, le mois précédent, Bonifay Athanase, le secrétaire de la cellule communiste cosignèrent un appel :
« Pour ou contre le fascisme [...]. D’un côté le candidat de Teisseire [...]. De l’autre, un homme probe et honnête au point de vue politique et privé, est le porte drapeau du monde du travail. Classe contre classe, voilà le mot d’ordre. Face au Bloc bourgeois, formons le Bloc ouvrier et paysan. Contre la guerre qui vient, contre le cléricalisme qui menace. Contre l’union nationale et ses soutiens, les social-démocrates, contre la répression, contre la féodalité de classe de la bourgeoisie. Pour la défense de la Russie socialiste, pour l’amnistie pleine et entière, pour les revendications des travailleurs. »
Une telle mobilisation permit la victoire de Blanc qui obtenait 186 voix le 30 juin 1929 et devançait son adversaire de dix-sept voix seulement. Le 7 juillet, si Bonifay était élu maire contre Teisseire par deux voix de majorité, Blanc battait le même Teisseire de deux voix aussi pour le poste de premier adjoint.
L’année précédente, Blanc avait été confirmé comme conseiller d’arrondissement. Alors que son bulletin de vote portait « candidat républicain de gauche », il obtenait la majorité relative le 14 octobre 1928, avec 506 voix sur 2 283 inscrits, mais devait attendre le dimanche suivant où il l’emportait avec 586 voix.
Toujours considéré comme SFIO par le sous-préfet, Blanc fit partie du comité central qui présida la candidature de [Pierre Renaudel-128542]> aux élections législatives de 1932. Suivit-il Renaudel au Parti socialiste de France ? Selon des témoignages, il refusait d’appartenir à un parti politique depuis 1920. Que se passa-t-il exactement dans les rapports avec le maire Bonifay qui, alors se rapprochait de la SFIO. Le 7 octobre 1934, Blanc était candidat au conseil d’arrondissement comme « républicain-socialiste » avec le soutien du Parti socialiste de France. Il arrivait en tête avec 535 voix sur 2 383 inscrits. Mais Bonifay publia un très vif appel en faveur de candidat communiste Marius Mari. Blanc fut élu malgré tout le dimanche suivant avec 741 voix, battant le candidat de l’unité socialiste-communiste. Le sous-préfet de Toulon affirmait alors qu’il avait une « influence » et une « autorité très restreintes ».
Lors du renouvellement municipal en 1935, Blanc ne fut pas candidat. Il était qualifié en 1937 par le sous-préfet de « socialiste indépendant » et soutint la candidature du maire de Saint-Cyr pour le conseil général contre le maire communiste du Beausset, Marius Mari.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021. — Arch. Dép. Var, 2 M 3 50 ; 2 M 6 23, 6 25, 7 24 1, 28 1, 30 1, 31 1, 33 1 ; 3 Z 2 5, 2 9, 2 10. — Témoignages de Victor Étienne, de Marius Mari.