Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, Dominique Tantin
Né le 10 mai 1908 à Paris (XIVe arr.), fusillé par les Allemands le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien (commune de Suresnes, Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier métallurgiste ; secrétaire de la Région parisienne des Jeunesses communistes ; élève de l’École léniniste internationale ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).
Fils d’un imprimeur-conducteur né le 5 mai 1889 à Fromentières (Marne) mort en 1916 pour la France à Hangest (Somme) et d’une couturière, elle-même fille d’un caviste d’Épernay et d’une marchande de légumes, Maurice Ancelle fut mis en pension puis placé chez des paysans et envoyé enfin, jusqu’à l’âge de douze ans, dans un orphelinat tenu par des religieuses.
Après avoir obtenu le Certificat d’études primaires, Maurice Ancelle voulut devenir électricien mais sa mère contraria ses projets en le faisant entrer en apprentissage chez un sculpteur sur bois. N’aimant pas ce métier, il se fit alors embaucher comme groom dans quelques grands hôtels, devint garçon de café puis partit pour Bruxelles en 1927, où il gagna sa vie en étant successivement aide-électricien, vendeur ambulant ou aide-sculpteur sur bois.
Maurice Ancelle connut le PC par des Italiens qui fréquentaient le bistrot que sa mère et son beau-père avaient tenu en 1926 à Saint-Denis puis par ceux qu’il fréquenta à Bruxelles. Il était contre la guerre du Maroc et participait aux bagarres pour Sacco et Vanzetti.
À son retour de Bruxelles, en décembre 1927, il entra dans une chocolaterie où il fit la connaissance d’Armandine Chevrier, sœur d’un camarade, qui lui indiqua l’existence de la cellule communiste locale. Il lisait déjà L’Humanité et adhéra aux JC le 12 janvier 1928. Il assista à trois réunions la première semaine et fut vite confronté au trotskisme qui était dominant dans son rayon et en devint vite un adversaire.
Quittant la chocolaterie, Maurice Ancelle fut embauché chez Renault à la chaîne de finissage, puis chez Citröen comme soudeur électrique, où il fonda une cellule des JC. Il devint ensuite pendant huit mois commissionnaire au 120 rue Lafayette, à la Fédération des JC puis passa au service du PC mais demanda assez vite à retourner à l’usine pour pouvoir militer : SOMUA. à Saint-Ouen comme tourneur, Thomson comme cisailleur, Wonder comme manoeuvre, chez Luchaire comme cisailleur... où, chaque fois, il fut mis à la porte après avoir formé une cellule.
Maurice Ancelle était devenu, pendant ce temps, secrétaire de rayon des JC ainsi que secrétaire et membre du bureau du 8e rayon du PC Il appartenait également au comité régional et à au bureau de la 4e Entente. Il avait aussi adhéré au syndicat en avril 1928, au SRI et au SOI. Il n’eut jamais de responsabilité au sein de la CGTU, bien qu’il ait été membre de sa confédération des jeunes.
La police l’arrêta plusieurs fois pour collage d’affiches, en juillet 1928 et lors d’une manifestation à Saint-Denis en septembre 1928. Ouvrier métallurgiste domicilié chez ses parents à Saint-Ouen (Seine), Maurice Ancelle participa à la conférence communiste de la Région parisienne, salle Reflut à Clichy, le 24 mars 1929. La police voulut interpeller un « délégué étranger » qui tenta de se réfugier dans la salle, mais il fut arrêté malgré une bagarre avec les congressistes. À la sortie les militants narguèrent les inspecteurs : une seconde bagarre éclata provoquant une blessure grave dans les rangs policiers. L’agent Resclon, frappé avec des manches de pioche, mourut dans les jours qui suivirent. La police entra en force dans la salle et arrêta les cent vingt-neuf délégués.
À nouveau arrêté pour distribution de tracts chez Citroën en 1929 et le 13 juillet 1929, ce qui lui valut un mois de prison, Ancelle fit appel mais en vain et dut purger sa peine (à la Santé où il fit la grève de la faim pour obtenir le régime politique et à Fresnes) pendant un an. À sa sortie de prison, il partit faire son service militaire à Hagueneau (23e régiment d’infanterie). En rentrant du régiment, Maurice Ancelle trouva du travail chez Delaunay-Belleville à Saint-Denis puis comme terrassier à Saint-Cyr.
Il avait alors pris la direction du rayon des JC et participait au travail « anti » militariste. Quittant son chantier, Maurice Ancelle fut envoyé en Bretagne où il resta quarante-cinq jours comme délégué des JC et de la CGTU auprès des sardiniers en grève puis fut à nouveau embauché chez Citroën dans un atelier-école sous un faux nom où il s’occupa du travail « anti ».
En novembre 1932, il appartenait au bureau de la région parisienne lorsque le Parti communiste l’envoya suivre les cours de l’École léniniste internationale à Moscou, où il arriva le 22 novembre 1932. Dans son autobiographie signée un mois plus tard il écrivait : « Sans être d’aucun groupe je reconnais avoir surestimé le rôle de la JC à l’égard du PC pendant la période 1929. » Secrétaire de la Région parisienne des Jeunesses communistes, Maurice Ancelle organisa le congrès extraordinaire d’Ivry-sur-Seine le 6 février 1934, et entraîna les congressistes place de la Concorde pendant la soirée. Il siégeait au bureau national des Jeunesses communistes en 1936.
Il s’engagea dans la résistance communiste dès 1941 et participa à la récupération de 300 kg de dynamite à la carrière de Clichy en septembre 1941 et des attaques de convois allemands dans la banlieue Nord en octobre 1941.
Membre des FTPF en mars 1942, il fut responsable du secteur P.5 sous le pseudo de Lacroix, devint membre du Comité militaire régional et capitaine en octobre 1942, puis responsable de la Seine-et-Marne et d’une partie de la Seine et Oise en janvier 1943. Il organisa des comités populaires du Front National pour la libération et l’indépendance, mouvement de résistance dirigé par le Parti communiste français (PCF).
Il fut arrêté le 11 avril 1943 à Paris par une Brigade Spéciale de la police française, puis incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut condamné à mort le 23 septembre 1943 pour « activité de franc-tireur » par le tribunal allemand de la Kommandantur du Gross Paris siégeant rue Boissy d’Anglas (VIIIe arr.) et fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien le 23 octobre 1943 à 12h15. Il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), tombe 12/40.
Il fut réinhumé dans le carré militaire du cimetière de Pierrefitte-sur-Seine (Seine, Seine Saint-Denis) où il était domicilié. Il fut homologué au grade de lieutenant à titre posthume.
Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, Dominique Tantin
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes de Thomas Pouty). —RGASPI, Moscou, 495 270 893. — Arch. Nat. F7/13119, rapport du 24 mars 1929. — Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse. Les Jeunes dans la Résistance, Paris, Éd. sociales, 1972. — Jacques Varin, Jeunes comme J.C., Paris, Éd. Sociales, 1975. — Secrétariat d’État des Anciens combattants et victimes de guerre. — Komintern : l’histoire et les hommes, op. cit. — Note de Jean-Pierre Ravery.