ANDRÉ Jacques, Raymond, Georges

Par Bruno Poucet

Né le 5 octobre 1939 à Carquefou (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; professeur des écoles dans l’enseignement primaire privé ; syndicaliste CFTC, puis CFDT ; président du syndicat de l’enseignement privé CFDT de Loire-Atlantique, secrétaire général de la FEP-CFDT, membre du bureau national confédéral de la CFDT ; membre du syndicat des retraités de l’enseignement privé CFDT, membre du bureau de l’union locale des retraités de Nantes.

Jacques André, né en pays nantais, est le fils de Henri André, petit agriculteur et de Gabrielle Auray, sans profession, d’une famille de tradition catholique qui avait sept frères et sœurs dont il est l’avant-dernier. Jacques André s’est marié le 1er septembre 1962 à Héric (Loire-Atlantique) avec Marie-Paule Fraud, née le 1er avril 1939 à Héric, elle-même institutrice et syndiquée à la CFTC, puis CFDT. Ils ont eu trois enfants.
Après des études à l’école primaire libre de Mauves sur Loire, Jacques André a été sollicité par le curé pour entrer au séminaire, mais choisit d’être instituteur. Une bourse d’études lui a été octroyée par la Direction diocésaine de l’enseignement libre de Loire-Atlantique, ce qui lui a permis de suivre les cours de l’internat Saint-Joseph à Chateaubriant (Loire-Atlantique) où il a passé le brevet élémentaire, seul diplôme exigé pour enseigner dans le privé, à l’époque.
En septembre 1955, à l’âge de seize ans, il était nommé dans une école privée à Héric où, sans aucune formation, il devait faire face à 48 élèves de cours élémentaire. La rémunération mensuelle est faible : 15 000 F. Il passe le Certificat Libre d’Aptitude Professionnelle (CLAP) qui lui a permis d’être soumis au régime des conventions collectives, en tant qu’enseignant du corps diocésain. Il militait alors dans l’Action Catholique des Maîtres de l’enseignement Privé (ACMEC).
En novembre 1959, c’était le départ pour le service militaire pendant vingt-huit mois dont la moitié de la durée en Algérie. Après son retour et son mariage, il était nommé, en 1962, avec sa femme à Assérac (Loire-Atlantique) dans une école à deux classes dont il était le directeur. Très vite, il découvrait que cette école paroissiale dépendait étroitement du curé qui contrôlait tout, financièrement parlant.
En 1962, c’était la signature d’un contrat simple avec l’État, selon les dispositions prévues par la loi Debré. Depuis 1963, Jacques André est donc payé par l’État, sa rémunération a ainsi plus que doublé cette année-là. En 1965, Jacques André a passé et obtenu son Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) dans des conditions assez particulières puisque les membres du SNI boycottaient le jury d’examen. En 1967, par suite de la fermeture de l’école, il était nommé directeur à Montoir de Bretagne, près de Saint-Nazaire : il passait ainsi d’une école rurale à une école urbaine et ouvrière. Le milieu des chantiers navals continuait, en effet, à fréquenter l’Église et à mettre ses enfants dans l’école privée. En 1971, c’était le départ pour Sainte-Luce, près de Nantes où il était directeur d’une école à quatre classes. Il y était resté jusqu’à son départ en retraite en 1996. Toutefois, ayant été progressivement totalement déchargé de cours pour exercer des responsabilités syndicales, en 1985, il cessait, de fait, d’exercer son métier d’instituteur pour devenir permanent syndical.
Jacques André avait adhéré au syndicat CFTC de Loire-Atlantique en 1957 et avait exercé des responsabilités de plus en plus importantes, à son retour du service militaire. Car, au début, le syndicat n’était pas très revendicatif : on réfléchissait aux questions pédagogiques, on faisait des colis pour les jeunes appelés en Algérie. En 1965, le syndicat avait fait grève pour améliorer les conditions de travail : ce fut le tollé général de la part des parents d’élèves. Jacques André était, à partir de 1967, collecteur : il était responsable d’une dizaine d’écoles où il ramassait les cotisations, transmettait les informations aux adhérents. Jacques André avait participé à la même date à la création d’une UL à Guérande avec quelques ouvriers. Il avait été nommé conseiller syndical d’un syndicat qui comportait, à l’époque, un bon millier d’adhérents. Les débats étaient essentiellement d’ordre professionnel.
En novembre 1970, Jacques André était élu président du syndicat de Loire-Atlantique, le plus important des syndicats de la FEP-CFDT en nombre d’adhérents. Progressivement, il y avait eu différence de perception entre la pratique militante du primaire et celle du secondaire. Les premiers, davantage centrés sur les questions professionnelles, estimaient qu’on allait trop vite, alors que les seconds, de plus en plus marqués par le marxisme et les questions de société, avaient le sentiment inverse. Jacques André avait dû gérer ces contradictions, sans véritable formation et sans lien avec la FEP-CFDT, très lointaine. Le syndicat de Loire-Atlantique, en définitive, était de tradition anarcho-syndicaliste.
En 1972, lors du congrès fédéral de Saint-Etienne, la ligne politique que le syndicat soutenait n’avait pas été adoptée par la FEP-CFDT. Le syndicat voulait la fusion et la transformation du système d’enseignement privé et public, comme il l’avait proposé lors du colloque de Nantes (1968-1971). Le syndicat refusait l’étatisation : mais, c’est finalement cette ligne politique qui s’était imposée à la FEP-CFDT.
En 1977, Jacques André était finalement élu au bureau fédéral : il était chargé de suivre les questions du primaire et l’action revendicative. Il a participé à de multiples négociations pour les conventions collectives des personnels d’éducation, d’administration et de service et également des maîtres du primaire. En 1980, Jacques André devait quitter le bureau pour laisser sa place à Guy Champain, secrétaire général de la région des Pays de Loire qui regroupait à elle seule le quart des adhérents de toute la FEP-CFDT. Il y avait eu progressivement une cassure dans la région entre le syndicat de Loire-Atlantique et les autres syndicats de la région (Mayenne, Vendée, Sarthe, Maine-et Loire) davantage influencés par l’idéologie marxiste étatiste. Lorsqu’il y avait eu, en 1983, création d’un nouveau syndicat le SNUDEP-FEN, avec comme responsable Guy Champain, Jacques André fut réélu au bureau national de la FEP-CFDT et retrouva sa responsabilité du primaire.
En 1985, il lui avait été demandé d’être permanent à la FEP, à un moment où celle-ci était en très mauvaise posture à la suite de l’échec du projet Savary de réforme de l’enseignement privé. Progressivement, Jacques André était amené à suivre de plus en plus la vie interne de l’organisation, si bien qu’en 1986, il était élu secrétaire général de la FEP-CFDT. Jacques André avait travaillé, dans un premier temps, pendant six ans, avec un président, Paul Giraud : Jacques André suivait davantage les questions pratiques, liées à la vie interne de l’organisation. Ce fut l’époque de la reconstruction d’une organisation qui était affaiblie par les tensions internes, les échecs de l’action revendicative et le contexte politique (démission d’Alain Savary).
De 1992 à 1996, Jacques André était seul à la tête de la FEP-CFDT puisque la fonction de président avait été supprimée. Il travailla à poursuivre le rapprochement de la FEP-CFDT avec la Confédération CFDT - il fut, d’ailleurs élu membre du bureau national confédéral de 1994 à 1996 - poursuivit la politique de rapprochement avec le secrétariat général de l’enseignement catholique, travailla à améliorer les relations avec l’État et, à ce titre, fut l’un des signataires des accords Lang/Cloupet sur la formation initiale des professeurs du secondaire en 1994. Jacques André participa également à la création d’un syndicat de la formation permanente dans la FEP - le SYNAFOR (syndicat national de la formation) développa la formation syndicale en soutenant l’organisation de sessions décentralisées ; il soutint, enfin, le renouvellement de la politique de communication de la FEP en participant à la création en 1993 de Fep-Magazine, publication mensuelle à destination des adhérents et des Cahiers de la Cerf, publication trimestrielle de réflexion. Toute cette période a été plutôt faste pour la FEP-CFDT qui a retrouvé un nombre important d’adhérents et, en 1995, une première place aux élections professionnelles qu’elle avait perdue en 1979.
En 1996, après sa retraite, Jacques André a pris part aux activités de la section des retraités de Loire-Atlantique et, à ce titre, depuis 1999 il siège au bureau de l’UL des retraités de Nantes. Il a travaillé sur demande de la FEP, avec le groupe chargé de proposer une réforme des statuts de la FEP en 2002.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10054, notice ANDRÉ Jacques, Raymond, Georges par Bruno Poucet, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2008.

Par Bruno Poucet

ŒUVRE : nombreux articles dans les journaux de la FEP-CFDT (signés ou non), postface à Bruno Poucet, Entre l’Église et la République, une histoire de la Fédération de la Formation et de l’Enseignement Privés CFDT, Paris Éditions de l’Atelier, 1998, 252 p. ; réalisation des interviews dans Histoire et mémoire de la FEP-CFDT, (B. Poucet, dir.) Paris, Éditions de L’Harmattan, 1999, 226 p ;

SOURCES : Arch. FEP-CFDT . — Témoignage oral de Jacques André. — Bruno Poucet, Entre l’Église et la République, une histoire de la Fédération de la Formation et de l’Enseignement Privés CFDT, op. cit. ; Histoire et mémoire de la FEP-CFDT, Paris, Éditions de L’Harmattan, 1999, 226 p.

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