Par Madeleine Singer
Né le 18 mai 1930 à Paris (XVe arr.) ; professeur certifié d’histoire-géographie ; membre du comité national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1960 à 1970, secrétaire académique de Dijon (Côte-d’Or) de 1960 à 1965.
Jacques André était le fils unique de Joseph André, militaire de carrière. Il fit ses études secondaires à Paris, au collège Sainte-Barbe, puis entra en Terminale au lycée Louis-le-Grand où il passa le baccalauréat en 1948. Il s’inscrivit alors en classe préparatoire au lycée Henri IV à Paris et fut admis en 1950 à l’ENS de Saint-Cloud. Il prépara en Sorbonne la licence d’histoire-géographie qu’il obtint en 1952, puis le CAPES l’année suivante et fit à Paris l’année de CPR. Ayant été réformé, il fut nommé en octobre 1954 au collège d’Avallon (Yonne), puis deux ans plus tard au lycée Jules Renard de Nevers (Nièvre). Quand en 1971 les lycées et les collèges furent séparés, il fut affecté au collège Adam Billault de Nevers, d’où il passa en 1976 au collège Henri Wallon de Varennes-Vauzelle (Nièvre), près de Nevers, afin de se rapprocher de son domicile. Il y prit sa retraite en 1991. Il avait épousé en 1956 un professeur certifié d’histoire-géographie qui enseignait alors à Nevers. Ils eurent deux filles, l’une secrétaire, l’autre professeur de violoncelle.
Jacques André avait adhéré au SGEN en 1956, « un peu par hasard », dit-il, mais il date son adhésion réelle, c’est-à-dire militante, de 1958. Le manque de militants assura alors, « trop vite à (son) gré », sa « promotion syndicale » : secrétaire de son lycée cette année-là, il devint l’année suivante secrétaire départemental général (SDG) de la Nièvre. Or, en 1960, Guy Grand*, secrétaire académique de Dijon, fut nommé inspecteur général : Jacques André dut le suppléer, avec l’aide de Jean Rossigneux*, secrétaire académique adjoint ; ce dernier, professeur de dessin théorique technique (PETT), exerçait à Dijon et pouvait plus facilement effectuer les démarches au Rectorat. Il fallut l’arrivée à Dijon de Jean Coeurdevey, nommé en 1963 à l’École normale d’instituteurs, pour que la section académique eût en 1965 un secrétaire résidant sur place.
Dès qu’il fut secrétaire académique (SA), Jacques André siégea en cette qualité au comité national et y demeura ensuite au titre du Second degré. C’est comme membre du comité national qu’il demanda à Paul Vignaux en octobre 1964 l’inscription à l’ordre du jour du prochain comité national, du projet de nationalisation de l’enseignement élaboré par la section Premier degré de la Nièvre. Il précisait d’ailleurs qu’une bonne partie des secrétaires départementaux de son académie souhaitaient que cette nationalisation fût limitée aux établissements ayant demandé des subsides à l’État et qu’on conservât un secteur privé dans le domaine des internats. En janvier 1965, Paul Vignaux répondit que le problème serait posé au comité national de février. Mais celui-ci se contenta de rappeler la position constante du SGEN, à savoir pas de fonds publics à des établissements qui ne seraient pas intégrés dans le service public.
Secrétaire académique, Jacques André cumulait cette charge avec d’autres fonctions. Dès novembre 1960, il avait remplacé également Guy Grand au bureau national Second degré et allait y siéger pendant huit ans. Il assuma aussitôt les tâches les plus diverses, s’occupant particulièrement de la partie Second degré de Syndicalisme universitaire ; aussi un an plus tard, lors de la commission administrative du 2 décembre 1961, on se félicitait des progrès réalisés grâce à Jacques André dans les comptes rendus des réunions du bureau Second degré. Jacques André se souciait en même temps de l’action revendicative car, malgré la nécessité d’une revalorisation matérielle et morale de la fonction enseignante, rien n’était prévu dans le budget de 1961. Jacques André fut donc, le 26 janvier 1961, chargé d’un article étudiant le refus des heures supplémentaires à la rentrée ; il s’y éleva contre le principe de ces heures supplémentaires qui masquaient artificiellement la pénurie d’enseignants et ne permettaient pas la prorogation des mesures d’intégration des adjoints d’enseignement : « allons-nous continuer à travailler contre notre propre intérêt et contre l’intérêt de nos élèves en maintenant la « machine » en marche à coup d’heures supplémentaires ? ».
La FEN ayant lancé seule le 24 février 1961 une grève administrative à laquelle le SGEN s’associa, cette grève fut arrêtée le 22 mars par la FEN après l’annonce par le Ministre de quelques mesures très partielles (relèvement notamment des 25 points de l’indice des certifiés). Le SGEN ayant arrêté à son tour le mouvement le 8 avril, Jacques André fut chargé, par son académie, de blâmer à la commission administrative de mai « la précipitation de l’arrêt de la grève, à un moment où beaucoup de points restaient obscurs ». Peu après il protestait contre la circulaire du ministre Pierre Sudreau qui régentait la manière de tenir le cahier de textes ! Le bureau Second degré du 28 septembre 1961 demanda aux collègues de tenir cette circulaire pour « nulle et non avenue ». Puis en décembre 1961, Jacques André prit la défense des vacances d’été des examinateurs du baccalauréat car les dates de l’examen allaient les réduire ; cela motiva une protestation du secrétaire national Second degré, Jacques Julliard*, lors de l’audience du ministre Pierre Sudreau, le 6 juin 1962.
Dans sa participation au bureau Second degré, Jacques André ne se limitait pas à l’action revendicative : préoccupé de la réforme de l’enseignement élaborée par le SGEN, il demandait qu’on étudiât ses incidences sur les conditions de travail des enseignants. Présent à la journée pédagogique du 4 février 1962, organisée par le SGEN à Paris, il se chargea avec Fernand Labigne* de la commission de formation des maîtres. Puis lorsque se réunissait la commission socio-pédagogique du SGEN, il savait y apporter, comme le 15 avril 1962, le point de vue d’un provincial résidant dans un département où la dispersion des effectifs scolaires posait des problèmes spécifiques (internats, professeurs itinérants, etc.).
En même temps, soucieux d’organisation et de propagande, il rendait compte dans Syndicalisme universitaire de la session consacrée à ce sujet, laquelle eut lieu à Bierville en novembre 1961 ; il évoquait notamment les moyens de faire découvrir aux adhérents le caractère général et confédéré du SGEN. Aussi, à la rentrée de 1962, il envoya à tous les responsables un questionnaire concernant le matériel de propagande (affiches, tracts, dossiers du secrétaire d’établissement et du secrétaire départemental, etc.) ; les réponses à ce questionnaire purent éclairer les travaux du comité national réuni le 8 décembre.
Or depuis juin 1962, Jacques André avait une nouvelle responsabilité car Jacques Julliard souhaitait la constitution de commissions étudiant les problèmes propres tant aux agrégés qu’aux certifiés. Jacques André se chargea de cette dernière qu’il allait animer jusqu’en Mai 68. Il lui fallut rechercher des correspondants dans chaque académie, organiser une ou deux fois par an des réunions que ses articles dans Syndicalisme universitaire avaient préparées. Ainsi furent mises au point les revendications de cette catégorie. Elles concernaient d’abord la possibilité d’enseigner dans les deux cycles vu qu’en 1963, le ministre Christian Fouchet avait créé les 25 premiers CES. Les certifiés se préoccupaient également de leur maximum de service devenu trop lourd depuis qu’en lycée, ils effectuaient en fait le travail des agrégés. Ils réclamaient aussi un reclassement indiciaire qui les situerait aux deux tiers de l’écart séparant l’instituteur de l’agrégé. Ces revendications n’avaient pas un caractère catégoriel car elles étaient soumises au Syndicat général qui les approuva à diverses reprises, par exemple lors de la commission administrative du 1er mai 1965. La commission des certifiés soutenait en même temps l’entrée, dans leur catégorie, des adjoints d’enseignement qui, par la circulaire du 17 septembre 1962, pouvaient devenir certifiés en passant les seules épreuves pratiques du CAPES : « mesure de justice et de réparation envers des licenciés souvent chargés d’études ou d’écritures alors que parfois l’enseignement était confié à des bacheliers ou à des pharmaciens ». Bien entendu la commission réclamait en même temps des mesures de compensation en faveur des certifiés par concours qui avaient pour cette raison débutés plus tardivement dans l’enseignement.
Ces revendications devaient être défendues au Ministère. Lors d’une audience demandée par le SGEN, René Haby alors directeur de l’enseignement reconnut aux certifiés en janvier 1964, la vocation d’enseigner dans les deux cycles. Nouvelle audience des secrétaires Second degré, Laure Cartier* et Marcel Michel* accompagnés de Jacques André, le 10 février 1965, auprès de Sidet, directeur du personnel. Mais c’est seulement la circulaire du 7 février 1967, « Une victoire syndicale », qui recommanda aux chefs d’établissement l’organisation de services mixtes, lycées-CES, pour la prochaine année scolaire. Quant aux autres revendications qui avaient des incidences financières, il fallut attendre Mai 68. La grève des heures supplémentaires, déclenchée en septembre 1963 par le SNES et le SGEN, se solda seulement par la promesse de la réunion d’une commission ministérielle, dite commission Laurent, le SNES ayant rapporté son ordre de grève le 12 octobre tandis que le SGEN la continuait jusqu’au 23 octobre. Or, au bout d’un an, ladite commission n’aboutit qu’à peu de choses, accordant par exemple une décharge d’une heure aux certifiés qui avaient huit heures de cours avec des classes dépassant 35 élèves (il leur fallait dix heures auparavant).
Toutes les responsabilités de Jacques André impliquaient chaque année une douzaine de voyages à Paris, tant pour les bureaux Second degré que pour les comités nationaux, sans compter les congrès nationaux alors bisannuels. Or Jacques André n’eut jamais de décharge syndicale alors qu’à cette époque le trajet Nevers-Paris exigeait deux heures et demie rien que pour l’aller. On comprend que dans son rapport pour le congrès de 1962, Jean Mousel* ait rendu hommage au dévouement des provinciaux et tout particulièrement à celui de Jacques André, qui venaient ainsi partager le travail des Parisiens. Aussi, lors des élections au Conseil de l’enseignement général et technique (CEGT) du 16 mars 1966, Jacques André fut tête de liste des certifiés SGEN ; le scrutin étant encore majoritaire à cette époque, il ne risquait pas de voir augmenter ses charges. Mais lors des élections aux Commissions administratives paritaires nationales (CAPN) de 1965 et de 1969, il représenta sur la liste SGEN la commission des certifiés dans un rang qui n’entraînait pas l’obligation de siéger.
En même temps sur le plan régional, Jacques André assumait les responsabilités d’un SD qui était aussi en cette qualité membre du bureau de l’Union départementale (UD) CFTC-CFDT de la Nièvre. Ce fut le cas lorsque le 27 octobre 1960, à l’instigation de l’UNEF, des manifestations en faveur de la paix en Algérie se déroulèrent à Paris et dans 45 villes de province. À Nevers comme le rapporte Syndicalisme universitaire, il y eut de 50 à 70 % de grévistes à l’appel de la CGT, de la CFTC et de la FEN ; 2 000 personnes prirent part à un défilé en ville et il y eut des débrayages dans la région. Jacques André suivait de près l’évolution de la situation locale, déplorant au comité national du 3 décembre 1961 « l’apathie de la masse et la force du courant raciste ».
Quand Jacques André fut déchargé de sa fonction de secrétaire académique, il se préoccupa au nom des collègues de toute l’académie, des rapports syndicats-partis. Bien qu’il n’eût jamais la carte d’un parti politique, il voulait que fussent entendues au plan national toutes les composantes de la gauche. Le 9 septembre 1965, il envoya à Paul Vignaux une lettre rédigée avec Jean Rossigneux, qui répondait aux circulaires reçues et en particulier à celle du 30 juin, relative à l’offre lancée par le congrès socialiste tant au SGEN qu’à la FEN et au SNI, de prendre part à une « assemblée des organisations concernées par le projet de Fédération démocrate-socialiste ». Ce projet avait été formulé par 0, alors candidat à l’élection présidentielle, qui venait d’ailleurs de retirer sa candidature, le 25 juin, car il n’avait pas réussi à constituer ladite Fédération. Mais cette idée de Fédération inquiétait Jacques André et J. Rossigneux car la SFIO (section française de l’Internationale ouvrière) en était « la principale inspiratrice », alors que « les adhérents SGEN engagés politiquement ne se situent pas à la SFIO, mais bien davantage au PSU (Parti socialiste unifié) ». En outre malgré l’importance électorale de la SFIO, il ne fallait pas oublier que c’est « un appareil lourd et vieux, n’ayant pas peur des compromissions », tandis que le PSU est un parti « minoritaire, jeune, ayant un appareil de militants, mais une représentativité réduite ». Donc tous deux demandaient que le bureau national, tout en préservant son indépendance, examinât les appels lancés par le PSU avec « la même sympathie que l’avait été l’appel du comité "Horizon 80" », c’est-à-dire de l’association constituée pendant l’été 1964 afin de mettre au point le programme de Gaston Defferre. Paul Vignaux leur envoya le double de sa réponse du 14 septembre 1965 à Édouard Depreux, secrétaire national du PSU : dans cette lettre il proposait qu’une délégation du SGEN eût avec une délégation du PSU un échange de vues sur leurs propositions concernant l’enseignement. Mais on ne sait si ces contacts ont eu lieu car on n’en trouve pas trace.
Ce fut d’ailleurs la candidature de François Mitterrand, le 9 septembre 1965, qui passa alors au premier plan des préoccupations du SGEN. Aussi lorsqu’en octobre 1965, « le candidat unique de la gauche » se rendit à Toulouse, Clermont-Ferrand et Nevers, les responsables SGEN de ces villes reçurent une note de Paul Vignaux les incitant à participer à ces réunions où seraient invités avec les élus, les représentants des organisations syndicales : il fallait marquer la place du SGEN en intervenant sur la politique de la Science et de l’Éducation ainsi que sur « ses implications en matière de force de frappe nationale et de coopération avec des pays du Tiers-Monde ».
D’autres difficultés surgirent quelques mois plus tard. Certes le 30 décembre 1965, Paul Vignaux avait pu en téléphonant à Jacques André démentir l’information parue dans Tribune socialiste, organe du PSU, selon laquelle le SGEN faisait partie du comité directeur de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), devenue effective sans le MRP (Mouvement républicain populaire), le 10 septembre précédent. Mais Jacques André s’inquiétait d’y voir siéger Pierre Cournil, à titre d’observateur, sous l’étiquette de Reconstruction, pour équilibrer, disait Paul Vignaux, la FEN qui figurait dans ce comité sous la forme du club Jean Jaurès, et pour « ne pas se couper des milieux qui ont découvert le SGEN à l’occasion des présidentielles ». Jacques André consulta alors des camarades de l’académie membres du comité national, Francine Bernard pour les CET, Jean Rossigneux et Claude Marnières*. Il transmit leurs avis à Paul Vignaux le 7 janvier 1966 : C. Marnières et lui-même étaient les plus réservés car « la SFIO molletiste s’y est taillée la part du lion, soit au titre du parti, soit avec les clubs satellites » ; toutefois ils ne s’opposaient pas à l’entrée de Reconstruction dans la Fédération, en espérant que cette entrée serait remise en cause, s’il apparaissait que son action était inutile. Ils souhaitaient aussi que les SA et membres du comité national fussent régulièrement informés, bien que juridiquement Reconstruction ne les concernât pas.
Nouveau débat à l’occasion des élections législatives de mars 1967 qui furent l’objet d’une prise de position au comité national du 30 octobre 1966. A son retour Jacques André envoya à Paul Vignaux une lettre de protestation relative aux méthodes de travail du comité national car le texte qui y fut débattu, ne fut ni envoyé à l’avance, ni même distribué aux délégués lors de leur arrivée : il s’agissait de donner mandat au bureau national d’établir « un projet de lettre aux candidats dont l’idée directrice sera une politique nationale de la Science et de l’Éducation impliquant défense et promotion du service public ». Suite à des interventions, il fut précisé que ce projet de lettre serait soumis à un comité national restreint. Paul Vignaux répondit le 8 novembre à Jacques André en arguant du travail qui lui incombait.
L’année suivante, Jacques André se préoccupa, avec Jean Coeurdevey, de l’intervention du SGEN dans la crise du Moyen-Orient. Le gouvernement israélien, inquiet des accords militaires signés par l’Égypte avec la Jordanie et l’Irak, avait déclenché les hostilités le 5 juin 1967 au matin. Le soir même, Paul Vignaux, après avoir consulté Jean Mousel, envoya un télégramme à l’Histadrouth, la principale centrale syndicale d’Israël : il exprimait au nom du SGEN sa « sympathie profonde dans lutte si courageuse Israël pour droit à l’existence ». Par ce télégramme, le SGEN paraissait pencher pour l’une des parties alors que le premier jour des hostilités, l’affaire était encore très obscure. Bien entendu nous ne détaillerons ni la prise de position du bureau national du SGEN qui se réunit deux jours plus tard, ni la réponse de Paul Vignaux à la lettre que Jacques André lui avait envoyée le 12 septembre. Mais celle-ci illustre sa vigilance constante à l’égard de la politique suivie par le SGEN.
En Mai 68, Jacques André participa évidemment à Nevers aux diverses manifestations. À la rentrée les commissions « agrégé » et « certifié » furent mises en sommeil car le bureau national Second degré se préoccupait de la réalisation des promesses faites aux enseignants lors des accords de Grenelle signés le 27 mai par le gouvernement, le patronat et les syndicats. Jacques André cessa donc d’assister au bureau Second degré et fréquenta peu régulièrement le comité national auquel il appartint jusqu’en 1970. Il se consacra à sa région et devint en 1970 secrétaire général de l’UD-CFDT de la Nièvre ; il céda alors à un autre militant la charge de SD SGEN de la Nièvre. Il resta cinq ans à la tête d’une UD qui s’engageait dans la lutte politique en ayant le souci de garder son image d’organisation syndicale indépendante. C’est dans cet esprit que cette UD intervint dans la campagne présidentielle de 1974, consécutive à la mort de Georges Pompidou le 2 avril : elle prit position en faveur de François Mitterrand, candidat unique de la gauche, et publia, après le premier tour, un long communiqué qui dénonçait l’attitude de Valéry Giscard d’Estaing : il « méprise profondément les syndicats » et pratique « une fiscalité frappant fort peu les hauts revenus ». Le congrès de l’UD, les 7 et 8 juin, salua « la courageuse campagne de F. Mitterrand et le large succès obtenu par l’union de toute la gauche, tant celle qui se réclame du Programme commun que celle qui se situe dans le courant du socialisme autogestionnaire ». V. Giscard d’Estaing avait été en effet élu par 50,6 % des suffrages exprimés contre 49,3 % à F. Mitterrand.
Dans les débats qui avaient surgi après Mai 68 entre les « minoritaires » et Charles Piétri, Jacques André penchait en faveur de ce dernier : nous apprenons par une lettre de J. Mousel à Jean Coeurdevey qu’au congrès de 1970, Jacques André mit 85 % des mandats de la Nièvre du côté de C. Piétri. Toutefois lorsqu’en 1972, François Garrigue, candidat des « minoritaires », fut élu, cela ne lui parut pas un motif suffisant pour quitter le Syndicat auquel il appartenait toujours en 1999. À cette époque il poursuivait son travail dans le cadre de l’UD-CFDT de la Nièvre, en étant membre de la commission juridique qui conseille les salariés ayant des litiges avec leurs employeurs. Outre son rôle au plan national, Jacques André fut un de ces militants régionaux qui font la solidité d’une organisation.
Par Madeleine Singer
SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, thèse, Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J1471, notamment les cartons 1, 4 et 5 pour la correspondance) ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987. — Le SGEN. Des origines à nos jours, Le Cerf, 1993. (Arch. Dép. Nord, J1578). — Syndicalisme universitaire, 1960-1970. — Diverses lettres parmi lesquelles celle de Jacques André à Madeleine Singer, 28 juillet 1982 (Arch. privées).