BOIVIN Auguste, Eugène, Gaston

Par Daniel Grason

Né le 22 juillet 1899 à Sées (Orne), mort le 10 juillet 1963 à Paris (Xe arr.) ; fraiseur-aléseur ; militant communiste ; conseiller municipal de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) ; interné.

Fils d’Eugène cultivateur et de Blanche née Mairey, sans profession, Auguste Boivin vint en région parisienne. Il épousa le 4 février 1922 Suzanne Maingot à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Il adhéra au Parti communiste, était membre du rayon de Bobigny de la région Paris Est. Fraiseur-aléseur il travaillait aux établissements Rateau à La Courneuve. Marié et père de quatre enfants, il vivait avec sa famille dans une maisonnette dont il était propriétaire au 43 rue du Pan à Romainville. Il fut élu conseiller municipal communiste de la ville le 12 mai 1935, sur la liste dirigée par Pierre Kérautret. Le conseil de préfecture le déchut de son mandat le 15 février 1940.

Il travailla à partir du 18 août 1941 à la Société française de broyeurs Henry et Cie à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Une vaste opération d’ensemble mobilisa le 24 septembre 1942 l’ensemble des forces de police et de gendarmerie du département de la Seine. Dès le petit matin 1621 ex-militants communistes furent interpellés, Auguste Boivin était du nombre. Cette action visait à les dissuader de participer à la résistance, il était soupçonné de poursuivre clandestinement son activité passée. En application du décret-loi du 18 novembre 1939 qui prévoyait sur décision du préfet l’extension des mesures d’internement à l’encontre des « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique », il était interné au camp des Tourelles à Paris (XXe arr.), puis dès le 25 septembre à Pithiviers dans le Loiret.

La direction de l’Hôpital Saint-Antoine (XIIe arr.) intervint dès le 15 octobre 1942, indiquant que l’état de santé d’Auguste Boivin nécessitait de nouveaux examens. Dès le 17 octobre son épouse écrivit au préfet, elle indiquait que son mari était « malade », qu’il « venait d’être opéré d’un ulcère de l’estomac voici 4 mois et n’était pas guéri étant toujours en traitement ». Elle lui demandait de « faire quelque chose ». Le Maire de Romainville à la tête de la délégation spéciale nommée par Vichy, ajouta quelques lignes dactylographiées qu’il signa. Il certifia que Monsieur Boivin, Ancien Conseiller municipal et Administrateur du Bureau de Bienfaisance […] suspendu de ses fonctions, se trouve dans un état de santé précaire. […] Monsieur Boivin depuis sa suspension n’a plus manifesté aucune activité en faveur de son ancien parti et qu’il est digne de bienveillance ».

Le patron d’Auguste Boivin s’adressa au préfet de police le 27 octobre 1942, il sollicitait sa libération. Il indiquait « qu’il était le seul Ouvrier Aléseur » de l’entreprise. « Il nous a toujours donné la plus entière satisfaction tant au point de vue mentalité que capacité professionnelle ». Il redoutait « qu’une détention prolongée mettrait sa santé en très grave péril ». Il concluait en demandant « une décision favorable à son égard ».

Le préfet de police donna l’ordre de libérer Auguste Boivin le 23 novembre 1942.

Auguste Boivin mourut le 10 juillet 1963 à Paris (Xe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article100791, notice BOIVIN Auguste, Eugène, Gaston par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 26 avril 2015.

Par Daniel Grason

SOURCE : Arch. Dép. Seine, DM3 ; Versement 10451/76/1. – Arch. PPo. BA 1836, 1W 0897. – État civil, arch. Dép. de l’Orne, 3NUMECEC 464/3 E2 464 99.

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