ANDRIEUX Maurice

Par Jacques Girault

Né le 17 avril 1925 à Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais), mort le 8 décembre 2008 à Hersin-Coupigny ; instituteur et journaliste ; militant communiste du Pas-de-Calais ; maire d’Hersin-Coupigny (1959-1988), conseiller général, député (1967-1981).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils d’un mineur de fond, ancien combattant, syndicaliste, victime de la silicose à cinquante-sept ans, Maurice Andrieux reçut les premiers sacrements catholiqueM, mais ne fréquenta plus l’église après sa communion. Élève de l’école laïque, puis du cours complémentaire de Bully-les-Mines, il réussit le concours de l’École normale d’instituteurs en 1940, mais celle-ci fut dissoute peu après. Il reçut sa formation au collège de Béthune. Engagé dans les Francs-tireurs et partisans français depuis le début de 1944 (secteur de Beuvry), il passa le baccalauréat (lettres) en 1944.

Maurice Andrieux, instituteur depuis octobre 1945, membre du Syndicat national des instituteurs, fut détaché dès novembre, à la demande du Parti communiste français, au Centre d’éducation ouvrière de Carvin. Il était chargé d’initier les délégués mineurs et les élus des comités d’entreprise au droit du travail. Selon son témoignage : « j’apprends beaucoup plus de ces contacts avec les militants ouvriers que je ne leur apprends ». Ces centres furent dissous à la fin de 1947.

Maurice Andrieux adhéra au PCF en 1945, mais la fédération communiste considéra que son adhésion commençait quand il rejoignit les FTPF en 1944. Il suivit une école de section à Carvin puis une école fédérale à Sallaumines. Le Parti lui demanda peu après de devenir rédacteur au journal quotidien communiste Liberté à la fin de 1946. Affecté aux informations locales, il assura les reportages sur la grève de la fin 1947 dans le bassin minier. Devenu responsable du secteur « mouvements sociaux » et de la rubrique « Le front du travail », il fréquenta l’école de trois mois réservée aux journalistes, organisée par le PCF (octobre 1948). Il passa alors à La Tribune des mineurs, périodique de la fédération CGT du sous-sol, tout en exerçant la responsabilité d’instructeur politique auprès des fédérations communistes de la Somme et du Nord-Maritime. Dans le même temps, chargé d’animer dans le Pas-de-Calais la « bataille du livre », il organisa de nombreuses rencontres d’écrivains (Louis Aragon, Dominique Desanti notamment) avec les mineurs. Puis il entra en 1951 comme secrétaire général de la rédaction au quotidien Ce Soir où il demeura jusqu’à la disparition du journal. En septembre 1952, le secrétariat du PCF donna son accord pour qu’il retrouve un poste dans l’enseignement.

Maurice Andrieux reprit alors son métier d’instituteur à Hersin-Coupigny, réadhéra au SNI ainsi qu’à la FEN-CGT. Membre du bureau de la sous-section de Bully-les-Mines, il fit partie du conseil syndical de la section départementale du SNI. Il anima l’amicale laïque de Hersin-Coupigny, participa aux activités du Comité départemental d’action laïque jusqu’en 1959. Lors des grèves de l’été 1953, il fut chargé de suivre le secteur de Nœux-les-Mines.

Membre du comité et du bureau de la fédération communiste du Pas-de-Calais de 1949 à 1951, Maurice Andrieux le redevint à son retour de Paris en 1953. En 1957, responsable du travail parmi les instituteurs, il demanda à ne plus figurer au bureau fédéral à partir de 1960 en raison de ses responsabilités électives. Passionné de littérature, il publiait régulièrement dans Liberté des récits populaires vivants.

Maurice Andrieux fut candidat aux élections municipales d’Hersin-Coupigny en 1953 sur la liste communiste qui fut battue par la liste socialiste sortante ayant recueilli les voix de la droite locale ? En 1959, après l’élection de la liste communiste au premier tour, il fut élu maire. Dès lors, il se consacra surtout à ses tâches municipales et le secrétariat de la fédération communiste le regrettait. Aussi accepta-t-elle de le retirer du bureau fédéral en 1963 et de ne le réélire qu’au comité fédéral. Non réélu par la conférence fédérale de 1964, il retrouva le comité fédéral en 1968 et y demeura jusqu’en 1972. Reconduit comme maire, dès les premiers tours, en 1965, 1971 et 1977, et au deuxième tour de 1983, il démissionna en 1988, pour permettre à son adjointe de lui succéder à la tête de la liste communiste réélue en 1989 dès le premier tour.

Candidat en 1962 au Conseil général, il fut élu en 1964 dans le nouveau canton de Liévin-Nord-Ouest. Réélu en 1970, battu en 1982 par le candidat socialiste, réélu en 1976, il était membre de la commission des affaires culturelles, suivait aussi les questions de l’enseignement. Il fut pendant quelques années membre du conseil régional.

Marié en juin 1951 à Lens avec une militante de l’Union des femmes françaises, Marcelle, trésorière départementale de l’UFF au début des années 1960, qui fut membre du comité de la fédération communiste de 1962 à 1970, Maurice Andrieux vivait maritalement depuis 1973. Veuf en août 2002, il se remaria en novembre 2002 à Hersin-Coupigny.

Dans la nouvelle circonscription (10e) de Bruay où se représentait un député socialiste SFIO qui avait élu en 1962 grâce au report de voix de droite, alors que le candidat communiste arrivait nettement en tête au premier tour, le PCF présenta Andrieux aux élections législatives de 1967. Le 5 mars, il arrivait en tête avec 16 095 voix sur 50 589 inscrits, devançant le candidat socialiste qui se désista pour lui et il l’emporta au deuxième tour avec 25 124 voix sur 42 795 votants (61 % des suffrages exprimés). De nombreux électeurs socialistes s’abstinrent, plutôt que d’avoir à voter pour le candidat communiste. À nouveau candidat en 1968, il réunit 15 392 voix sur 50 423 inscrits et l’emporta au deuxième tour, moins largement qu’au scrutin précédent, avec 21 061 voix sur 41 265 votants (53,4 % des suffrages exprimés). Ce mandat lui fut renouvelé en 1973 (17 220 voix sur 51 244 inscrits, le 4 mars, et 25 024 voix sur 42 233 votants au deuxième tour, 62,2 % des suffrages exprimés) et en 1978 (19 966 voix sur 57 122 inscrits, le 12 mars, et 29 734 voix sur 43 306 votants au deuxième tour). Seul en lice, il ne recueillait pas la totalité des voix qui s’étaient portées au premier tour sur le candidat socialiste. Candidat en 1981, avec 15 827 voix, devancé par le candidat socialiste, il se désista ; mais plus du quart de ses électeurs ne suivirent pas son appel.

Membre du bureau du groupe communiste à l’Assemblée nationale depuis 1968, Maurice Andrieux était le responsable communiste de la commission des affaires sociales, familiales et culturelles. Ses principales interventions portèrent sur les questions et les budgets de l’Éducation nationale, sur l’interruption volontaire de grossesse et sur les motions de censure. Auteur d’une proposition de loi sur la création d’un office public de gestion du patrimoine minier en 1973, qui ne fut jamais examinée, il devint en 1977-1978 un des vice-présidents de l’Assemblée nationale.

Maurice Andrieux participa, aux côtés de Robert Ballanger, président du groupe parlementaire communiste, à la critique de la politique eurocommuniste du secrétaire général qu’il jugeait « opportuniste ». En juin 1981, la section de Hersin-Coupigny qu’il animait condamna la participation communiste au gouvernement. Il intervint dans ce sens, lors de la réunion départementale des élus communistes et républicains. Il annonça qu’il ne figurerait plus parmi les candidats communistes au conseil général en 1982. La fédération communiste ne le fit pas figurer sur la liste du Parti aux élections législatives en 1986, candidature qu’il aurait refusée selon son témoignage.

En 2001, Maurice Andrieux, toujours membre du PCF, tenta de créer une association « Communistes fidèles » qui ne reçut qu’un accueil mitigé. Il cessa peu après toute activité politique. Veuf en août 2002, Maurice Andrieux publia, la même année, six nouvelles (Le pain de l’alouette, La déclaration, Le poing du mort, L’engin de Jules, Dernières volontés, Le coup perdu) inspirées le plus souvent par la vie des mineurs, sur le site Internet « Corons des sœurs » (http://membres.lycos.fr/andrie).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10081, notice ANDRIEUX Maurice par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 septembre 2021.

Par Jacques Girault

[Assemblée nationale, Notices et portraits]
Réunion de la section communiste de Bully-les-Mines, au centre Maurice Andrieux.
Réunion de la section communiste de Bully-les-Mines, au centre Maurice Andrieux.
Réunion de la section communiste de Bully-les-Mines, écoutant Maurice Andrieux.
Réunion de la section communiste de Bully-les-Mines, écoutant Maurice Andrieux.

SOURCES : Arch. comité national PCF. — Presse nationale. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales.— La Voix du Nord, décembre 2008.

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