Par Jean Maitron, Claude Pennetier
Né le 7 novembre 1875 à Mehun-sur-Yèvre (Cher), mort le 24 novembre 1933 à Saint-Cyr-l’École (Seine-et-Oise, Yvelines) ; cheminot puis manœuvre ; maire socialiste puis communiste de Saint-Cyr-l’École de 1919 à sa mort ; député de Seine-et-Oise (1924-1928).
Fils d’ouvriers agricole, ouvrier agricole lui-même, Ernest Bizet quitta les champs pour l’usine et devint cheminot au réseau de l’État. Il était chef aiguilleur en 1919. Secrétaire du syndicat des cheminots de Versailles dès 1903, il anima les grèves de 1920 et fut révoqué. Le Parc d’artillerie de Versailles l’embaucha comme manœuvre en 1922.
Ernest Bizet avait accompli un premier mandat de conseiller municipal à Saint-Cyr-l’École entre 1908 et 1912. Réélu en novembre-décembre 1919 comme tête de liste socialiste, il accéda à la première magistrature municipale et garda cette fonction aux élections de mai 1925 et mai 1929. Bizet avait adhéré au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Candidat de son parti aux élections cantonales pour la circonscription de Versailles-ouest en 1924, il fut élu le 11 mai de la même année député de Seine-et-Oise sur la liste Bloc ouvrier et paysan. Bizet avait certes bénéficié du classement de la liste par ordre alphabétique (à l’exception de la tête de liste André Marty), mais sa popularité à Saint-Cyr-l’École et dans les milieux ouvriers de Versailles lui permit de devancer d’une centaine de voix Benoit et Biard. Sur 256 329 inscrits, 220 879 votants et 217 335 suffrages exprimés, les candidats communistes recueillirent dans l’ordre de présentation : André Marty, 63 430 (élu), Félix Barbecot 60 925 (élu), Émile Benoit 60 895 (battu), Charles Biard 60 862 (battu), Ernest Bizet 60 992 (élu), Georges Cadudal 60 819, Félix Desenfants 60 780, Léon Lachant 60 777, Maurice Nilès 60 723, Alfred Peluchon 60 726, Roger Tirard 60 780, Émile Trivier 60 647.
Au moment de son élection un rapport de police présentait favorablement Bizet : il « a toujours fait preuve de courtoisie et de modération dans ses rapports avec les administrés et avec les autorités civiles et militaires » (Arch. Nat. F7/13091). Au Palais-Bourbon, il participa à la commission du travail et à la commission des travaux publics et des moyens de communication puis entra en 1926 à la commission de l’administration générale, départementale et communale. Son passé de syndicaliste des chemins de fer le désignait pour interpeller le gouvernement sur les conditions de réintégration des cheminots révoqués en 1920. Il déposa au nom du groupe communiste, en 1925, un ordre du jour réclamant la nationalisation des chemins de fer et défendit lors de la discussion des budgets de 1926, 1927 et 1928, les revendications des ouvriers de l’Imprimerie nationale. Il s’inquiéta également de la modernisation du service des eaux de Marly 1927) et réclama la suppression des fonds secrets (1927). En 1925, le maire de Saint-Cyr-l’École prit la parole en province à l’occasion de la campagne contre la guerre du Maroc. Cette même année, le Bureau politique, saisi de plusieurs protestations, fit des remarques à Bizet concernant son attitude politique et personnelle.
Ernest Bizet avait signé en octobre 1925 la lettre au comité exécutif de l’Internationale communiste dite lettre des 250 — cf. t. 16 du Dict. — qui critiquait la direction du Parti communiste. Il fit de nombreux meetings en province en 1928. Le BP l’écarta de la candidature pour les élections législatives d’avril 1928 au profit de Jean-Marie Depouilly, candidat d’amnistie. Un rapport de police précisait cependant que le « maire de Saint-Cyr avait toute la confiance du parti » (Arch. Nat. F7/13256, rapport du 4 mars 1928). Il conserva cependant son poste de maire, au-delà des élections municipales de mai 1929, jusqu’à son décès.
Marié, il était père de six enfants ; deux d’entre eux furent des militants communistes de Saint-Cyr-l’École : Roger, maire adjoint en 1939 et Georges, maire adjoint vers 1945.
Par Jean Maitron, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Nat. F7/13091, F7/13105 et F7/13256. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 11/16. — Renseignements fournis par la mairie de Saint-Cyr-l’École. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires, op. cit. — Renseignements fournis par Jacques Girault.