Par Jean Gaumont, Gaston Prache
Né le 21 avril 1899 au Mans (Sarthe), mort accidentellement le 27 juillet 1976 près d’Auxerre (Yonne) ; éditeur, coopérateur, Président-directeur général des Presses Universitaires de France.
Sorti major de sa promotion HEC, Angoulvent entra au service des Musées nationaux.
En 1934, la défaillance soudaine de la Banque des Coopératives de France (BCF) révélait la situation financière difficile dans laquelle se trouvait la coopérative d’éditions et de librairie « Les Presses universitaires de France » (PUF), débitrice pour près de vingt millions de francs de la BCF et adhérente à la FNCC. Devant le péril imminent qui planait sur l’existence de cet établissement coopératif, l’intervention du ministre des Finances de l’époque M. Germain-Martin amena l’aide financière de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI). Chargé par celle-ci de déposer un rapport de contrôle assorti de conclusions, Paul Angoulvent fut rapidement nommé contrôleur aux dépenses des PUF puis adjoint aux deux directeurs-administrateurs en fonction, Pierre Marcel Lévi, dit Pierre Marcel* et Edmond Schneider (août 1934). À cette époque, le CA des PUF comprenait en son sein trois représentants du Mouvement coopératif : Poisson*, Gaussel* et Rey* (voir ces noms), un quatrième, Georges Lebon* était commissaire aux comptes. En 1937, le Conseil nommait Angoulvent directeur des services commerciaux, administratifs et financiers des PUF, Pierre Marcel restant chargé des relations avec les milieux universitaires et coopératifs, Schneider ne siégeant plus au CA mais y assistant avec voix consultative et le titre de conseiller technique. Avec le concours de Gaston Défossé* Angoulvent s’appliqua à rétablir la structure financière des PUF. En octobre 1940, il fut élu directeur général, Pierre Marcel ayant été invité à quitter le Conseil, ainsi que deux autres administrateurs, en raison des ordonnances prises à l’encontre des entreprises possédant plusieurs administrateurs israélites, ce qui était le cas des PUF. Pierre Marcel, en mai-juin 1945, intenta un procès aux PUF qui furent astreintes à lui verser un total d’indemnités supérieur à celui qu’elles proposaient mais Marcel, qui s’était transformé aussi en accusateur des Presses en raison de l’attitude qu’elles avaient prise pendant l’Occupation, fut débouté de ses requêtes administratives et morales.
Au cours des années qui suivirent, Angoulvent, devenu PDG de l’entreprise, continua de donner à celle-ci, avec le plein accord du Conseil, l’impulsion nationale et internationale qui fit d’elle une grande maison d’édition. Plusieurs expositions dans des capitales ou grandes villes étrangères connurent un grand succès et conférèrent aux PUF un renom universel. Disposant d’une imprimerie à Vendôme (Loir-et-Cher), d’excellents collaborateurs techniques, de comités universitaires compétents dans les diverses disciplines nourrissant ouvrages et collections, divulguant la connaissance de ses travaux par une revue « Moissons de l’Esprit », Paul Angoulvent, largement ouvert aux choses de l’esprit sut toujours allier le sens pratique à celui de l’idéal coopératif, s’entourant d’universitaires éminents tels Maurice Caullery* qui fut jusqu’à sa mort président honoraire des PUF, Charles Maurain, Émile Brehier, Paul Pelliot, Le Senne, Charles Picard, Gaston Bachelard, François Perroux, Pierre George et bien d’autres encore, de coopérateurs tels Défossé, Prache (d’autres n’ayant plus été réélus par l’assemblée générale de 1945 comme Gaussel et Justin Godard à cause de leur attitude hostile), de techniciens financiers, tels Défossé devenu directeur de la BNP (ex-BNCI), Jacques Branger.
Avec tous ses collègues, Angoulvent se tint aux côtés du président national de la Coopération française Gaston Prache, attaqué en 1944-1945, et vota la motion Boully au congrès de la FNCC de fin juillet 1945 à Paris. Il fut, cette même année un des signataires du Manifeste coopératif de Lavergne, Fauquet, Boully et Prache et membre fondateur de l’Association des amis de la coopération. Le 26 novembre 1945, il reçut l’approbation unanime de l’assemblée générale des PUF qui condamna sans réserve les accusations portées contre lui et certains de ses proches amis, ainsi que contre la société elle-même des PUF, par Pierre Marcel et ses amis dont certains dirigeants de la FNCC et de la SGCC, cette position d’hostilité amenant les PUF à cesser depuis lors toutes relations avec ces organismes. Parmi les innombrables ouvrages édités par les PUF en ce qui concerne la Coopération, il convient de mentionner ceux de Défossé, de Prache, de Lavergne, de Fauquet, de Lasserre, de Georges Hoog (coopération ouvrière de production) ainsi qu’une réédition du « Juste prix » de Charles Gide en 1941. Angoulvent fut aussi pendant plusieurs années membre du Comité de direction de la Revue des études coopératives, fondée par Charles Gide et Bernard Lavergne en 1921.
Atteint par la limite d’âge, Angoulvent cessa ses fonctions de PDG des Presses Universitaires en 1966 et devint président du Conseil de surveillance jusqu’en 1974, Gaston Défossé en assumant alors la charge. Angoulvent était commandeur de la Légion d’honneur.
Par Jean Gaumont, Gaston Prache
ŒUVRE : L’art du livre en France (en collaboration), Éd. Morancé, 1931. — L’Édition française au pied du mur, PUF, 1960. — Éditoriaux des « Moissons de l’Esprit » ; articles dans diverses publications (Nouvelles littéraires et autres...). — Textes de discours prononcés en France et à l’étranger au sujet des activités des PUF et des problèmes de l’édition.
SOURCES : Archives des PUF, notamment rapports annuels aux assemblées générales et comptes rendus. — Collections des « Moissons de l’Esprit », avec photographies. — Fonds d’archives J. Gaumont-G. Prache. — Bulletins n° 1 et 3 de l’Association des amis de la Coopération », avec photographie. — Une maison d’édition pendant l’Occupation (1945) par Pierre Marcel avec les plaidoiries en faveur du plaignant au procès de juin 1945. — Réponse à un pamphlet, 1945, par les PUF avec la plaidoirie de Me Garçon.