ANQUETIL Georges [ANQUETIL Jules, Georges]. Pseudonyme de journaliste : DENFER Georges

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 27 avril 1888 à Limésy (Seine-Inférieure), mort déporté le 1er mars 1945 à Weimar Buchenwald (Allemagne) ; avocat ; homme d’affaire, journaliste, éditeur, aventurier de la politique et peut-être plus ; directeur de nombreux journaux dont Le Bolcheviste, Les Soviets, Le Titre censuré, La Rafale, La Garde rouge.

Avocat puis homme d’affaire failli, Georges Anquetil ne fut lié au mouvement ouvrier que pendant une courte période, en 1919-1920, et dans des conditions qualifiées de « douteuses » par plusieurs historiens (Annie Kriegel, Robert Wohl).
Fils d’un juge de paix de Saint-Denis (Seine), il obtint sa licence de droit en 1907 et se lança aussitôt dans le journalisme. Sous le pseudonyme de Georges Denfer, il collabora aux journaux L’Action et Le Soir, tout en animant la « Société républicaine des conférences populaires ». En 1911, il fonda à Saint-Denis — où il habitait — un journal intitulé Le Populaire de banlieue qui disparut rapidement. Sa présence à la Cour d’appel de Paris, comme avocat, fut éphémère : dès 1914, il dut démissionner après avoir organisé à Monaco un « Congrès de police international ». Il prit alors la direction du Courrier français et fonda le « Comité d’organisation des festivals du Trocadéro ».
La guerre interrompit un moment ses multiples activités. Versé dans les services auxiliaires, il fut mobilisé à la 20e section des secrétaires d’état-major et détaché dans les bureaux de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur. L’armée le réforma temporairement le 27 avril 1917. Anquetil entra alors au service du ministère de la Justice sans abandonner sa passion pour le journalisme, puisqu’il fonda dès son retour à la vie civile le journal l’Homme.
Il évolua brusquement vers les thèses « communistes » en 1919 et se présenta sous cette étiquette aux élections municipales de Paris dans le quartier de la Goutte-d’Or. Il créa de nombreuses feuilles politiques, à l’étonnement des partisans français du bolchevisme qui s’interrogeaient sur l’origine de ses sources financières. Parurent ainsi : Le Bolcheviste, Les Soviets, Le Titre censuré, La Rafale, La Garde rouge. Lénine, mal informé, cita Le Titre censuré comme l’un des deux « journaux communistes » français avec l’Internationale de Raymond Péricat. Boris Souvarine mieux inspiré traita Anquetil « d’agent du gouvernement » dans le Bulletin communiste du 1er avril 1920. Une condamnation du directeur de La Rafale, pour encouragement à ne pas souscrire l’emprunt, vint opportunément le disculper de connivences avec les autorités. Le Comité de la IIIe Internationale décida pourtant de l’exclure le 23 juin 1920 et l’ARAC l’imita bientôt. En 1921, Anquetil continua à créer des journaux « de gauche » comme le journal satirique Le Grand guignol (juin 1921) qui reprit en septembre le titre L’Assiette au beurre ; il assurait la gérance des publications La Carmagnole et Le Bonnet rouge.
Condamné le 31 mai 1922 à six mois de prison pour « extorsion de fonds et outrages aux mœurs », il se consacra à la rédaction d’ouvrages publiés aux Éditions Anquetil. Un Essai sur Romain Rolland côtoyait de multiples titres « libertins ». Ainsi son essai intitulé La maîtresse légitime. Essai sur le mariage polygamique de demain (1923), très en surface, ne comportait aucune trace des influences néomalthusiennes ou libertaires ; il remplissait son livre d’une multitude de réponses d’écrivains, de journalistes, d’artistes à son enquête sur la polygamie, mais déclarait en avoir édité 39 000 exemplaires.
En janvier 1927, Georges Anquetil fonda la société anonyme dite « Groupement national de la baie du Mont-Saint-Michel » dont il détenait la majorité des actions. Par une publicité adroite, il fit monter les titres et vendit les siens au meilleur cours avant de se désintéresser de l’affaire. L’année suivante, il fut inculpé « d’escroquerie, complicité et recel » avant d’être, le 28 juin 1932, condamné à trois ans de prison de 2 000 francs d’amende pour émission de chèque sans provision. Georges Anquetil fut déclaré en faillite le 11 mai 1933. Il continua à créer des journaux : après la disparition de La Rumeur (1927-1929), il fonda Le Home (1933), L’Officiel de l’Exposition (1936) et Confiance (1939). À cette dernière date, il habitait à Chatou (Seine-et-Oise).
Georges Anquetil s’était marié le 24 février 1910 à Saint-Denis avec Rose, Blanche Berton puis, après avoir divorcé, le 24 février 1921 à Paris (VIIe arr.) avec Augustine Berthelot.
Déporté et arrivé à Weimar Buchenwald (Allemagne) le 6 août 1944, il y mourut le 1er mars 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10132, notice ANQUETIL Georges [ANQUETIL Jules, Georges]. Pseudonyme de journaliste : DENFER Georges par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 mars 2019.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

ŒUVRE : Journaux et ouvrages cités dans la biographie.

SOURCES : Arch. Jean Maitron. — Bulletin communiste, 1er avril 1920. — La Révolution prolétarienne, mai 1975 (article de A.C.). — Robert Wohl, French communism in the making, 1914-1924, Stanford, 1966, p. 171. — Annie Kriegel, Aux origines du communisme français, Mouton, 1964. — Mémorial de Buchenwald, Dora et Kommandos, édité par l’Association française Buchenwald Dora et Kommandos, 1999. — Note de Jean-Pierre Besse.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable