BOUCHARD Alphonse

Par J. Omnes

Né vers 1872 ; boulanger ; militant syndicaliste ; premier secrétaire de la Fédération socialiste puis communiste de la Mayenne.

En 1911, le préfet de la Mayenne, répondant à un questionnaire du ministère de l’Intérieur sur les responsables de la Bourse du Travail de Laval (Mayenne), présentait Alphonse Bouchard comme « dirigeant socialiste militant ».

Alphonse Bouchard avait alors trente-neuf ans et il était gérant de la boulangerie coopérative ouverte le 1er novembre 1905 à Laval sous l’égide de l’Émancipatrice lavalloise, société coopérative de consommation créée en juin 1903. — Voir François Acambon*.

En 1919 il fut candidat du Parti socialiste SFIO aux élections législatives sur la même liste que François Acambon*, Louis Trohel*, Alexandre Rivière* et Élie Dufrenoy. Il se présenta alors officiellement aux suffrages des mayennais comme « secrétaire de la Fédération socialiste » et obtint 847 voix sur 56 547 suffrages exprimés. Mais ce n’est qu’à partir de février 1920, date de la création de la Fédération socialiste de la Mayenne, qu’il mérite vraiment ce titre. Avant cette date le nombre des adhérents et des sections socialistes était insuffisant pour que se constituât une organisation départementale reconnue par la direction nationale du Parti socialiste. Les socialistes mayennais étaient donc rattachés à la Fédération d’Ille-et-Vilaine.

Le 13 janvier 1921, les socialistes mayennais qui, avant le congrès de Tours, s’étaient montrés réticents ou hésitants face à l’adhésion du Parti socialiste à la IIIe Internationale, entérinèrent néanmoins la décision majoritaire du congrès et fondèrent une section communiste dont Bouchard devint secrétaire. — Voir aussi Dufrenoy Louis*.

Lorsque, le 27 août 1921, se constitua un « comité syndicaliste révolutionnaire » départemental (CSR), Alphonse Bouchard fut élu secrétaire du bureau provisoire.

Le 26 juin 1921, au congrès de l’UD-CGT, qu’il présidait, il avait déposé une motion protestant « contre toutes les exclusions et contre toute scission, d’où qu’elle vienne » — Voir aussi Durant Auguste Henri* ; il condamnait ainsi l’attitude de d’Acambon, le secrétaire de l’UD, qui, sans avoir été mandaté, avait voté la motion Dumoulin réclamant au Comité confédéral national l’exclusion de la minorité révolutionnaire de la CGT.

Le 26 mars 1922, la scission syndicale étant consommée au niveau national, un congrès extraordinaire de l’UD décida la création d’une UD confédérée (CGT) et d’une UD unitaire (CGTU)

Alphonse Bouchard devint secrétaire de l’UD unitaire, dont le 1er congrès eut lieu le 30 juillet 1922. Il eut ensuite souvent l’occasion de représenter l’UD unitaire de la Mayenne dans les instances régionales ou nationales de la CGTU.

Le 1er septembre 1923, dans un article publié par Le Syndicaliste de l’Ouest, organe de la 6e Union régionale de la CGTU (Ille-et-Vilaine, Côtes-du-Nord, Finistère, Mayenne), il défendit le vote émis par l’UD de la Mayenne au Comité confédéral national des 22 et 23 juillet 1923 pour la résolution Semard favorable aux « commissions syndicales » du Parti communiste, dans lesquelles la minorité de la CGTU voyait un instrument de subordination du syndicat à l’organisation politique.

Au Comité exécutif de la 6e Union régionale de la CGTU réuni le 16 septembre 1923, il protesta contre la publication par Le Syndicaliste de l’Ouest d’articles polémiques hostiles aux « commissions syndicales » et d’attaques contre Charles Tillon. Il proposa également que le secrétaire régional, qui travaillait dans le Bâtiment, fasse le tour des départements pour aider à l’organisation de la CGTU dans cette corporation.

Du 12 au 17 novembre 1923 il participa au IIe congrès national de la CGTU à Bourges. Il en revint optimiste après avoir nourri des craintes pour la cohésion de l’organisation.

Pendant toute cette période, Bouchard continua d’assumer des responsabilités politiques : le 9 septembre 1923 il fut réélu secrétaire fédéral du Parti communiste.

En 1925 la fermeture de la boulangerie coopérative devenue déficitaire l’obligea à quitter la Mayenne pour la région de Nantes. Ce départ vint aggraver les difficultés du jeune Parti communiste, faiblement implanté dans ce département conservateur et faiblement industrialisé. Il fallut attendre la fin de 1926 pour que le Parti communiste renaisse en Mayenne, sous l’impulsion notamment d’Émile Kervran*.

Alphonse Bouchard est mort peu après la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article101354, notice BOUCHARD Alphonse par J. Omnes, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2010.

Par J. Omnes

SOURCES : Arch. Dép. Mayenne, 1 W 534, 535, 2884 et M 3054, 240 J 37. — La Bretagne Communiste. — Laval Républicain. — L’Émancipation de l’Instituteur. — La Vie Ouvrière. — Renseignements fournis par M. Marcel Bouchard, petit-fils d’Alphonse Bouchard.

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