ANTONINI Alexandre

Par Claude Pennetier

Né le 27 juillet 1894 à Ajaccio (Corse), mort en déportation le 4 octobre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; comptable ; conseiller municipal communiste de Clichy (Seine).

Photographie d’Alexandre Antonini dans son dossier du Komintern, 1938
Photographie d’Alexandre Antonini dans son dossier du Komintern, 1938

Alexandre Antonini était fils d’un marchand (de bois ?) en Corse devenu cheminot de Marseille, syndicaliste d’opinion socialiste. Il commença à travailler en 1914.

Il entra au Parti communiste en 1920 : « attiré surtout par le rayonnement de la révolution Russe. A cette époque (1920) il y avait à la section de Clichy une majorité contre l’adhésion à la IIIe Internationale. En tant que militant syndicaliste nous connaissions ces discussions c’est alors qu’avec un groupe de jeunes revenus des tranchés nous avons décidé d’entrer à la section de Clichy pour combattre ceux qui attaquaient la révolution Russe. » (autobiographie de 1938). Il milita dans le 18e arr. de Paris et fut membre de la commission technique coopérative centrale du Parti, dirigée par Paquereaux. Il était, en 1923, trésorier fédéral de la FOP.

Marié le 28 juillet 1925 à Clichy-la-Garenne avec Marie, Madeleine Passemart (mécanicienne, fille d’un terrassier auvergnat), qui militait au Comité mondial des femmes. Ils eurent un enfant.

Militant communiste de Clichy depuis 1920, Alexandre Antonini était secrétaire de la cellule de la coopérative « La Fraternelle » en 1925. Il défendait les thèses de la « gauche » dans le 18e rayon et s’occupait des problèmes financiers. Il fut élu conseiller municipal communiste de Clichy le 10 mai 1925 et le 5 mai 1929. Un arrêté préfectoral du 11 mars 1931 prononça sa démission d’office pour des raisons inconnues. Cependant, Antonini, présenté par l’Humanité du 22 avril 1935 comme conseiller sortant, fit partie de la liste communiste lors des élections municipales du 5 mai 1935. La majorité du conseil dirigé par Charles Auffray avait quitté le Parti communiste en 1929, participé à la fondation du Parti d’unité prolétarienne en 1930 et conservé le contrôle de la municipalité en mai 1935. Le Parti communiste fit d’Antonini son porte-drapeau aux élections du conseil général de la Seine, le 26 mai 1935. Sur 14 514 inscrits et 9 532 suffrages exprimés, il recueillit 2 488 voix contre 3 162 à Maurice Naile (PUP), 1 110 à Moulinaud (« réactionnaire »), 927 à Kléber Nortier* dissident du PUP, 803 à Travanac (ou Travassac) Parti Camille Pelletan, 630 à Jean Itard* (SFIO), 313 à Pecquignot (Socialiste de France). L’Humanité du 27 mai 1935 précisait : « En 1929 notre Parti avait obtenu sur le nom d’Auffray, aujourd’hui pupiste, 5 195 voix. Les autres suffrages se répartissaient ainsi : communiste indépendant 1 755, SFIO 1 664 ».

Antonini se retira pour le second tour (2 juin 1935). Maurice Naile fut élu avec 4 443 voix mais, fait surprenant, Antonini « non candidat » recueillait 2 769 voix selon l’Humanité et les services du conseil général. Le Parti communiste avait vraisemblablement appelé à voter pour Antonini à la suite d’un désaccord de dernière minute avec le candidat du PUP.

Il fut arrêté le 6 décembre 1940 à Clichy, par la police française pour « reconstitution de ligue dissoute », en même temps que Jean Philibert et Joseph Tortora. Interné à Aincourt à partir du 7 octobre 1941, à Rouillé à partir du 23 mai 1942 puis à Compiègne le 6 juillet 1942, il fut rapidement déporté dans le convoi des « 45 000 », il mourut à Auschwitz le 4 octobre 1942.

Claudine Cardon a recueilli le témoignage de René Petitjean qui décrit sa remarquable attitude dans le convoi : par son sang-froid et son humour, il rétablit le calme dans son wagon, où les Clichois se sont groupés autour de lui.

Il fut homologué « déporté politique ». Une rue de Clichy rappelle sa mémoire.

Sa veuve, Marie Antonini, ménagère, fut élue conseillère municipale de Clichy, en mai 1945, sans étiquette, dans la municipalité communiste de Jean Mercier*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10158, notice ANTONINI Alexandre par Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 12 mai 2020.

Par Claude Pennetier

Photographie d'Alexandre Antonini dans son dossier du Komintern, 1938
Photographie d’Alexandre Antonini dans son dossier du Komintern, 1938

SOURCES : RGASPI, 495 270 2325. — Arch. Nat., F7/13119, 6 novembre 1929. — Arch. Dép. Seine, DM3, Versement 10451/76/1. — Arc. Dép. Seine-Saint-Denis, Bibliothèque marxiste de Paris, bobine 192. — L’Humanité, mai-juin 1935. — L’Aube sociale, 21 mars 1930. — Le Conseil municipal : nos édiles, 1935-1942, Paris (1937). — BAVCC, Caen. — Notes de Claudine Cardon.

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