ANXIONNAZ Paul, Marius

Par Gilles Morin

Né le 31 décembre 1902 à Aimé (Savoie), mort le 20 février 1997 à Louveciennes (Yvelines) ; ingénieur, professeur de lycée ; militant et élu radical-socialiste puis socialiste, puis PSU, secrétaire général du parti radical-socialiste (1945-1948, 1955-1957) ; conseiller général de Moutiers (Savoie 1937-1940), député de la Marne (1946-1951, 1956-1958) ; secrétaire d’État aux Forces armées (1956-1957) ; grand maître du Grand-Orient de France (1964-1965, 1966-1969).

Député

Fils de deux instituteurs savoyards, petit-fils d’agriculteurs, Paul Anxionnaz, boursier par concours, fut élève au lycée de Chambéry entre 1913 et 1920. Il fut reçu à l’École Polytechnique l’année suivante et obtint le diplôme d’ingénieur de l’industrie chimique et mécanique en 1923. Dans le même temps, il passa une licence puis deux diplômes d’études supérieures de Droit. Il fit son service militaire dans l’aviation, à Thionville et à Mayenne. Il exerça par la suite comme ingénieur et comme professeur de mathématiques.

Membre du Parti radical-socialiste, il exerça la fonction de secrétaire général adjoint de l’organisation au plan national en 1936-1939. Franc-maçon, il appartenait à la loge parisienne « Liberté ». Il se présenta aux élections de 1932 et 1936 en Savoie. En 1937, il fut élu conseiller général de Moutiers.

Mobilisé le 31 août 1939 dans l’aviation, comme capitaine aviateur au deuxième bureau, il fut nommé attaché de l’Air à Copenhague, où il fut arrêté par les Allemands le 9 avril 1940. Expulsé en wagon plombé, en mai 1940, il rejoignit un nouveau poste à Budapest, où il se trouvait lorsque la France s’effondra. Le 21 juin suivant, il rallia le général de Gaulle qui le désigna comme représentant de la France Libre en Hongrie. Expulsé de Budapest début 1941 avec son épouse, Jeanne de Szilli Stein, de nationalité hongroise, il rejoignit le général Catroux au Liban, en passant par l’URSS et par Le Caire. Engagé dans les FFL (Forces françaises libres), il exerça des fonctions dans l’État-major de Catroux, comme adjoint au chef d’état-major des Forces aériennes au Moyen-Orient en 1942-1943. Muté en Afrique du Sud, puis à Londres en 1943, il fut attaché d’état-major. Il fut enfin désigné à l’Assemblée consultative provisoire à Alger en 1944, par le Conseil national de la Résistance et y représenta le Parti radical-socialiste.

Il fut un des principaux artisans de la reconstruction du parti. Selon le journal d’Henri Queuille celle-ci fut entreprise dès mars 1943 par Anxionnaz et Jacques Maroselli*. Au congrès d’Alger, les 10 et 11 juin 1944, il fut désigné comme secrétaire général du Comité exécutif provisoire. Il acheva la guerre comme commandant en janvier 1945, puis lieutenant-colonel en décembre de la même année.

Après la Libération, Paul Anxionnaz fut confirmé à l’Assemblée consultative provisoire de Paris et en présida la commission des Finances. Secrétaire général adjoint du parti radical-socialiste de décembre 1944 à août 1945, il présenta le rapport de politique générale adopté à l’unanimité par le congrès de décembre 1944, puis fut désigné comme secrétaire général d’août 1945 à octobre 1948. Il était par ailleurs un des dirigeants nationaux du RGR (Rassemblement des gauches républicaines).

Paul Anxionnaz se présenta comme tête de liste radicale dans le Lot aux élections à la première Assemblée nationale constituante, mais échoua. En juin suivant, pour les élections à la deuxième Constituante, il se présenta à nouveau dans la Marne, comme tête de liste RGR, sans plus de succès. De nouveau candidat dans ce département, sous la même étiquette, en novembre 1946, il était élu contre un communiste. Député de la Marne du 10 novembre 1946 à 1951, il présida la commission de la Défense nationale à partir de 1947 et siégea à la Haute-Cour de justice. Mais il s’opposa au président du Conseil, le radical Henri Queuille fin 1948, et démissionna de ses fonctions de secrétaire général en octobre, lorsque fut prise la décision de reporter les élections cantonales. Et, un an plus tard, il fut le seul élu radical à refuser de voter l’ordre du jour de l’Assemblée, constatant que dans l’affaire des généraux, Paul Ramadier et Henri Queuille « ont été guidés par des considérations d’ordre national ».

Paul Anxionnaz fut battu le 17 juin 1951 lors du renouvellement de l’Assemblée, en dépit de son apparentement avec la SFIO et la liste « de défense des contribuables ». Cet échec le conduisit à poursuivre le combat sur le terrain. Conseiller général d’Écury-sur-École, depuis 1949, où il avait succédé à un radical-socialiste qui ne se représentait pas, réélu en 1955 dans le même canton, il se fit élire conseiller municipal de Châlons-sur-Marne en mars 1953. Il s’était fait inscrire sur les listes de la ville au mois de décembre précédent.

En juin 1955, les dirigeants radicaux firent appel à ce fin connaisseur de la machine du parti, patron de la fédération de la Marne, comme homme de compromis, lors de l’affrontement interne au Parti radical qui opposait Pierre Mendès France à ses adversaires de la rue de Valois qui l’avaient fait tomber du gouvernement en février précédent. Après la démission de Maurice Faure* et le rejet par les radicaux orthodoxes du Midi de la candidate mendésiste Léone Georges-Picot, Anxionnaz fut de nouveau désigné comme secrétaire général du parti radical. Il géra un parti alors en pleine croissance d’effectifs, grâce à l’attraction mendésiste et appuya fermement Mendès entouré d’une équipe de fidèles, dont Paul Martinais* et Harris-Puisais*. Le 2 janvier 1956, il fut réélu député radical, sur une liste du Front républicain. Lorsque Guy Mollet* forma son gouvernement, il y entra comme secrétaire d’État aux Forces armées (Marine). Lorsque Pierre Mendès France démissionna du gouvernement Mollet en mai 1956, il demanda à ses amis d’y demeurer et Anxionaz conserva son secrétariat d’État. Après la chute du gouvernement le 11 juin 1957, le radical Bourgès-Maunoury ne fit pas appel à son collègue de parti devenu son adversaire, en raison de son soutien renouvelé au député de l’Eure. Ensemble, ils perdirent la direction du parti au congrès national de novembre 1957 : Anxionnaz y était remplacé au secrétariat général par le député de l’Ariège, Galy-Gasparrou. L’année suivante, on le retrouvait parmi les orateurs des « Forums de l’Express », au côté d’hommes comme André Philip, Gilles Martinet, Claude Bourdet ou Daniel Mayer.

Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, le député Paul Anxionnaz refusa de voter l’investiture de celui-ci, le premier juin 1958, et les pleins pouvoirs, le lendemain. Il se représenta à nouveau aux élections législatives de novembre dans la Marne, comme candidat de l’Union des forces démocratiques (UFD), mais fut sévèrement battu. Il fut de nouveau candidat sous cette étiquette, mais aussi celle de socialiste, aux cantonales en juin 1961, puis aux législatives de 1962 dans la Vienne. Anxionnaz en effet resta fidèle à Pierre Mendès France qu’il suivit dans la constitution du Centre d’action démocratique après leur exclusion du Parti radical pour leur appartenance à l’UFD en février 1959, puis dans son ralliement au Parti socialiste autonome en octobre suivant. Ensemble, ils participèrent au processus de fusion qui devait donner naissance au Parti socialiste unifié. Il fut candidat au comité politique national du PSU lors de la fusion. Rapidement minoritaire dans cette organisation, il fut un des signataires de la « déclaration des 47 », protestant contre l’organisation du conseil national de juin 1962. Il appartenait toujours à ce parti en 1966.

L’ancien député radical fut élu Grand maître du Grand-Orient en 1964-1965 puis en septembre 1966-1969. Ses mandats furent marqués par le début de « l’extériorisation » de l’obédience. Durant sa maîtrise, des débats furent organisés pour la première fois, auxquels participaient des personnalités extérieures à la franc-maçonnerie.

Paul Anxionnaz exerça de nombreuses autres activités. Signalons sa fonction de président et de fondateur des Maisons internationales de la jeunesse et des étudiants (en 1958-1994) et d’administrateur de la société Marcel Dassault, de 1968 à 1977.

Paul Anxionnaz avait été promu commandeur de la Légion d’honneur en avril 1987 par François Mitterrand. Il était par ailleurs titulaire de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance avec rosette.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10163, notice ANXIONNAZ Paul, Marius par Gilles Morin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 septembre 2021.

Par Gilles Morin

Député

ŒUVRE : Mes trois Républiques, La Pensée universelle, 1988.

SOURCES : Arch. Nat., 4AG/73 ; F/1cII/112/B ; F/1cII/132/A ; F/1cII/278 ; F/1cII/312. — Arch. Ass. Nat., dossier personnel. — Arch. A. Seurat. — Fichiers des adhérents du PSU. — Who’s Who in France, 1955 et 1994. — Directives, n° 2, 20 janvier 1958. — Tribune socialiste, 3 juin 1961, 1er octobre 1966. — Jean-Louis Rizzo, Mendès France ou la rénovation en politique, Presse de la FNSP, 1993. — G. Le Béguec, E. Duhamel (dir.), La Reconstruction du Parti radical, 1944-1948, L’Harmattan, 1993. — Marc Heurgon, Histoire du PSU, La Découverte, 1994, t. 1.

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