APOLINAIRE Roger, Hubert, Émile

Par Jean-Pierre Bonnet

Né le 14 septembre 1907 à Thouars (Deux-Sèvres), mort le 12 juillet 1983 au Mans (Sarthe) ; ouvrier serrurier, puis chef de brigade d’ouvriers aux ateliers du Mans ; déporté à Buchenwald (Allemagne) ; membre du conseil national de la Fédération CGT des cheminots (1973-1976).

Originaire des Deux-Sèvres, fils d’un employé au chemin de fer (chef de train à la Compagnie de l’Ouest) qui mourut en 1924 et d’une garde barrière, Roger Apolinaire effectua divers emplois avant son départ à l’armée. Il accomplit sa période de service militaire de novembre 1927 à mai 1929 au 117e RI stationné au Mans (Sarthe) ; d’autres sources évoquent un service militaire dans la Marine à Toulon. Resté dans la Sarthe après sa libération, il entra au réseau État en août 1929 comme manœuvre, d’abord à Mortagne (Orne) puis, à partir du 1er mars 1931, aux ateliers du Mans comme ouvrier serrurier.
Militant actif du Parti communiste, Roger Apolinaire fut élu, dès 1937, au secrétariat fédéral de la Sarthe, responsabilité qu’il conserva à partir d’août 1939 dans l’appareil clandestin. Il fut également, avant la guerre, secrétaire du syndicat CGT des cheminots du Mans, mais son refus de condamner le Pacte Germano-soviétique durant l’été 1939 le contraignit à abandonner ses fonctions syndicales. Il se vit même refuser la carte syndicale en février 1940.
Selon le témoignage de Marcel Paul, cité par Maurice Choury, Roger Apolinaire fut « dès la première heure un rédacteur, un diffuseur de tracts et de journaux clandestins. Il organisait en même temps les équipes de sabotage du matériel SNCF utilisé par les Allemands ». Il aurait, dès 1940, participé à de nombreuses actions de sabotages sur les lignes à haute tension et fit sauter vingt-cinq wagons de munitions à Yvré-l’Evêque le 11 décembre 1940.
Arrêté le 21 (ou 25) mars 1941, il fut interné successivement à La Flèche (Sarthe), Châteaubriant (Loire-Inférieure) de mai à septembre, Le Mans et Angers (Maine-et-Loire). Il fut condamné à trois ans de prison effectués à Fontevrault (Indre-et-Loire), Fresnes (Seine, Val-de-Marne) et Châlons-sur-Marne (Marne). En avril 1944, il fut déporté à Buchenwald (Allemagne), matricule 51 456 où, membre de l’organisation clandestine du camp, il eut une « conduite tout simplement exemplaire » (Marcel Paul). Il fut libéré à Flossenburg en avril 1945.
Revenu au Mans en 1945, Roger Apolinaire reprit son poste d’ouvrier, qu’il conserva jusqu’en 1958. Alors qu’il avait été reçu à l’examen dès 1946, il ne fut promu chef d’équipe qu’en janvier 1958 et c’est seulement en 1962, année de la retraite, qu’il fut nommé in extremis chef de brigade d’ouvriers. Son engagement syndical et politique n’était probablement pas étranger à cet étonnant retard de carrière. Il fut secrétaire de l’UD-CGT et conseiller prud’hommal en 1958. Roger Apolinaire assurait depuis 1945 la fonction de secrétaire du secteur CGT du Mans, puis très vite celle de membre du bureau de l’Union Ouest. Il fut élu dans de nombreuses instances représentatives : délégué du personnel, délégué au comité mixte, délégué au comité régional de sécurité. Mis à la retraite en octobre 1962, il milita activement à l’Union fédérale des retraités CGT qu’il représenta au conseil national de la Fédération de 1973 à 1976. Il fut aussi membre du comité national de la FNDIRP.
Roger Apolinaire resta toujours fidèle à son engagement communiste, même si ses responsabilités furent surtout syndicales. Sa popularité dans la région du Mans faisait de lui le candidat naturel de son parti aux élections locales. Il figura à deux reprises - mais sans succès - sur la liste communiste aux élections municipales du Mans. En 1964, il fut candidat aux élections cantonales d’Écommoy et se retira au second tour en faveur du radical.
Sollicité pour une proposition de décoration, Roger Apolinaire écrivit à Georges Lanoue le 28 février 1983 : « ne nous cassons pas la tête pour les décorations que je n’ai jamais recherchées. » Revenant à cette occasion sur sa vie militante, il privilégiait son engagement syndical et écrivait : « mon plaisir et ma joie ne se retrouvent que lorsque j’ai pu rendre service à quiconque. » Cette modestie et cette disponibilité aux autres résument bien le profil du militant qu’a été Roger Apolinaire durant plus de quarante années.
Roger Apolinaire s’était remarié en décembre 1964 au Mans avec Jeanne Marquet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10167, notice APOLINAIRE Roger, Hubert, Émile par Jean-Pierre Bonnet, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 28 avril 2021.

Par Jean-Pierre Bonnet

SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Robert Jarry, 1920-1970. Les Communistes au cœur des luttes des travailleurs sarthois, 2 vol, Le Mans, 1970. — Maurice Choury, Les Cheminots dans la Baille du Rail, Paris, Perrin, 1970, p. 38-39. — DBMOF, tome XVII, p. 193. — Notes de Pierre Vincent. — Acte de naissance.

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