BOUR Baptiste

Par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Pigenet

Né le 6 juillet 1875 à Paris (XXe arr.) ; cocher-livreur ; secrétaire de la Fédération des Ports et Docks (CGT et CGTU) ; membre de la commission exécutive de la CGTU (1927-1929) ; signataire du manifeste des 22 pour l’Unité syndicale.

Domicilié 20, rue de l’Ermitage à Paris XXe arr., Baptiste Bour était, en 1912, secrétaire de la Fédération CGT des Ports et Docks. Il se confond vraisemblablement avec Bour (voir Dict. t. 11) représentant du syndicat des garçons de magasins, livreurs de la Seine au Xe congrès de la CGT tenu à Marseille du 5 au 12 octobre 1908. Il assista également au XIIe congrès réuni au Havre du 16 au 23 septembre 1912 et fut élu au CCN de la CGT avant la guerre.

Bour participa à la fusion, devenue effective en 1910, de la Fédération des Ports et Docks avec celle des Transports et Manutentions diverses à laquelle il appartenait. A ce titre, il fut élu au secrétariat de la nouvelle organisation. Son activité suscita, toutefois, de nombreuses critiques, tant chez les déménageurs parisiens qui lui reprochaient de les négliger que parmi les dockers dont il n’était pas. Contestée, sa réélection en 1912, fut annulée.

Baptiste Bour fut déclaré réformé temporaire en septembre 1914 pour faiblesse de la vue. Nous le retrouvons en 1921 secrétaire du syndicat des Transports et Manutention de la Seine et, en 1922, secrétaire de la Fédération CGTU des Ports et Docks. Membre du Parti communiste il signa, en octobre 1925, la lettre au comité exécutif de l’Internationale communiste dite lettre des 250 — cf. t. 16 du Dict. Le 24 octobre 1924, il devint secrétaire général de la Fédération nationale des Ports et Docks, Transports, Manutention, Marine marchande et Pêche, résultant de la fusion de la Fédération unitaire de la Marine marchande et de celle des Ports et Docks. Il travaillait alors à la coopérative La Bellevilloise et demeurait à Bobigny (Seine). Bour était secondé par P. Fargue (secrétaire adjoint), Étienne Tabard (trésorier) et François Vignaud (trésorier adjoint). Il conserva ses fonctions jusqu’en 1929, année où il céda la place à son ami V. Engler*. En 1927, le IVe congrès national de la CGTU réuni à Bordeaux, l’élut à la commission exécutive. Mais il entra bientôt, de concert avec V. Engler, dans l’opposition à la direction confédérale, lui reprochant ses interventions à l’intérieur de sa Fédération et son suivisme à l’égard des analyses et des décisions du Parti communiste. En septembre 1929, au congrès de sa Fédération, il attaqua énergiquement la direction de la CGTU en bénéficiant du soutien de vingt-cinq des trente-quatre syndicats affiliés. L’Humanité l’accusa d’avoir fait expulser de la salle les militants communistes. Au Ve congrès de la CGTU en 1929, il soutint les positions de Maurice Chambelland* et fut élu suppléant sur la liste présentée par la « minorité n° 1 », mais dont les représentants ne devaient pas siéger par la suite.

Le 9 novembre 1930, Bour signa avec 22 militants syndicaux (unitaires, confédérés, autonomes) un appel à l’Unité syndicale : ils étaient d’accord pour « lancer l’idée de la reconstruction de l’unité syndicale dans une Centrale syndicale unique sur les bases de la Charte d’Amiens (...) dans la pratique de la lutte de classe (...) dans l’indépendance du mouvement syndical ». Les 22 étaient :

Six militants de la CGT : Marthe Pichorel, L. Digat, P. Monatte, G. Dumoulin, C. Delsol et R. Hagnauer (la liste publiée par la Révolution prolétarienne comprend un septième nom : J. Toesca).

Sept militants autonomes : Roger Francq, M. Piquemal, R. Laplagne, J. Métayer, P. Martzloff, R. Marthonnet, G. Guilbot.

Neuf militants de la CGTU : A. Rambaud, V. Engler, Lucie Colliard, H. Boville, R. Deveaux, P. Cadeau, B. Bour, M. Chambelland et F. Charbit (La Révolution prolétarienne ne citait pas ce dernier nom).

À la conférence nationale des partisans de l’Unité syndicale réunie le 28 juin 1931, Bour secrétaire administratif de la Fédération des Ports et Docks déclara : « les militants qui s’opposent à la reconstitution d’une unité syndicale sincère, comme le veulent les « 22 » auront une lourde responsabilité devant l’histoire ouvrière » (Le Cri du Peuple, 1er juillet 1931). Il partit le mois suivant pour trois semaines à Moscou, au congrès de l’Internationale syndicaliste rouge, accompagné de Engler*, Boville*, Colin*, Rousseau*, Rambaud* et Pérignon*.

Devant l’échec de la campagne pour l’Unité syndicale, en perte de vitesse, exposé aux attaques incessantes d’adversaires communistes résolus à le discréditer, Bour rejoignit la CGT au printemps 1934.

Charles Tillon, désigné pour reprendre le contrôle de la Fédération unitaire brossa, beaucoup plus tard, la caricature de Bour et Engler en « curieux personnages, viveurs, également gras comme des loches, fripés de visage, grasseyant comme des truands et familiers d’un café à filles ».

Plus que réticent devant le processus engagé, il assista au congrès de fusion des trois fédérations des Ports et Docks réuni, au Havre, en décembre 1935. Il intervint pour rappeler qu’il fut, avec Engler, l’ » un de ceux qui (avaient) le plus souffert moralement des divisions et des injures déversées ». A partir de ce moment, il joua un rôle plus effacé et se consacra à son mandat de conseiller prud’homme (1921 à 1938, section des Métaux et industries diverses). L’Atelier accompagna l’annonce de son décès, en octobre 1942, d’une notice nécrologique approximative et signala la présence à ses obsèques de Boucher, Dhoogue, Gaulard et Flamand.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article101684, notice BOUR Baptiste par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Pigenet, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 10 juillet 2012.

Par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Pigenet

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 053, état de février 1916—Arch. Nat. F7/13580 (23 mai 1935), F7/13699, F7/13767. — L’Humanité, 25 octobre 1925, 15 septembre 1929. — Le Cri du Peuple, 1931. — La Révolution Prolétarienne, n° 112, 5 décembre 1930. — Le Travailleur parisien, juillet-septembre 1932. — Agendas de la Bourse du Travail de Paris. — Archives nationales : F7 13699, 13700, 13705 et 13711. — Archives de la préfecture de police : Ba 300. — Congrès de fusion des syndicats Autonomes, Confédérés et Unitaires, 13-15 décembre 1935 (Le Havre). — Le Cri du docker, juin 1930 ; L’Atelier du 30 octobre 1942. — C. Tillon, On chantait rouge, Robert Laffont, 1977.

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