BOURGEOIS Georges, Albert

Par Claude Pennetier, Jean-Jacques Doré, Gilles Pichavant

Né le 15 août 1905 à Paris (XXe arr.), mort à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 31 décembre 1995 : ouvrier couvreur ; militant communiste de Rouen ; secrétaire du syndicat CGT du Bâtiment de Rouen en 1938 et 1939.

Fils d’un employé, ouvrier couvreur de Rouen, frère de Roger Bourgeois, Georges, inscrit aux Jeunesses communistes de Rouen depuis 1925, fut élu secrétaire en 1927. La même année, à la tête de la section couverture du syndicat du Bâtiment unitaire (CGTU) de Rouen, il participa le 20 septembre 1927, à la Conférence nationale des jeunes, convoquée parallèlement au Congrès de la CGTU à Bordeaux (Gironde). Il y prit la parole pour défendre les intérêts des pupilles de l’Assistance publique, "honteusement exploités". Quinze jours plus tôt (4 septembre 1927), au congrès extraordinaire de la 19° Région unitaire d’Elbeuf, il avait été porté à la commission exécutive qui assistait le bureau dirigé par Victor Caruel.

Secrétaire adjoint d’Émile Boutin au syndicat général du Bâtiment et membre du comité régional du PC à partir de 1928, il effectua un long séjour en Russie ; peu après son retour à Rouen, le 1er décembre 1929, lors du congrès de Rouen de la 19e U.R, il fut élu archiviste du bureau qui comprenait aussi Jean Rivière (secrétaire), Paul Lemarchand (secrétaire adjoint), Émile Boutin (trésorier) et Théodore Pigné (trésorier adjoint). Secrétaire du syndicat général du Bâtiment à partir de 1930, il tenta de reconstituer sans succès une puissante organisation, découragé par son échec, sévèrement critiqué par la direction de l’UR, il dut laisser la direction du syndicat au « vieux Boutin » puis à son jeune frère Roger qui dirigeait la section des Maçons.

En mai 1932, Georges Bourgeois fut candidat communiste aux élections législatives, dans la 1ère circonscription de Rouen. Avec 1208 voix, il devança le candidat socialiste Albert Morel qui obtint 804 voix, mais arriva en 3e position derrière le candidat radical socialiste arrivé en tête avec 9158 voix.

Le syndicat du Bâtiment de Rouen avait rejoint la CGTU en 1922 et malgré plusieurs tentatives les confédérés ne réussirent point à mettre sur pied une organisation concurrente, ainsi le syndicat unitaire rejoignit tout naturellement la CGT après le congrès de fusion de Toulouse du 2 au 5 mars 1936. Il ne comptait alors que 72 militants représentés par un bureau composé de communistes, Lucien Coudray (secrétaire), Georges Bourgeois (secrétaire adjoint), Émile Boutin (trésorier) et Albert Vallet (trésorier adjoint).

Avec Coudray, il fut l’un des principaux animateurs des grèves de 1936, et il lui succéda au secrétariat du syndicat du Bâtiment lorsque le premier fut victime d’un grave accident de moto fin 1938. Il était assisté de René Remy et Charles Godot (secrétaires adjoints), Christian Viandier (trésorier), Georges Riaux (trésorier adjoint) et Paul Boufflet (archiviste). Depuis 1936, il siégeait en outre à la commission administrative de l’Union locale.

À l’annonce de la signature du Pacte Germano-soviétique et l’entrée de l’Armée rouge en Pologne, il annonça qu’il quittait le Parti communiste. Conseiller prud’homme de Rouen, il fut sous le coup d’une déchéance de son mandat en application du décret du 29 novembre 1939 qui excluait de cette fonction les membres des organisations interdites. Mobilisé dans une batterie de DCA du 403e régiment d’artillerie jusqu’en juillet 1940, il n’eut pas d’activité officielle durant la guerre.

Dans une lettre du 10 mars 1940 à Georges Métayer, député-maire de Rouen, il écrivait : "Conformément à la conversation que nous avions le jeudi 29 février dans votre cabinet et en présence de M. Le Batteux 1er adjoint, et conseiller général de mon canton, j’ai l’honneur par écrit de vous faire savoir que depuis l’invasion de la Pologne par la Russie, j’ai décidé de rompre avec ceux qui en France, conservent encore des attaches avec la 3e Internationale et qui s’efforcent de justifier cette agression comme de défendre l’attaque inqualifiable dont est l’objet l’héroïque Finlande."

Le commissaire central de Rouen considéra que cette démarche tardive était "dictée par l’intérêt" et que, s’appuyant sur les résultats d’une perquisition, Bourgeois était toujours toujours en rapport avec des communistes. Il demanda qu’il soit écarté du Conseil des prud’hommes de Rouen, mais Georges Bourgeois fut temporairement maintenu.

En 1941, le commissaire ré intervint auprès du préfet, à l’occasion du retour de Georges Bourgeois à Rouen suite à sa démobilisation de son unité repliée en zone libre, pour lui dire qu’à ses yeux “il n’y a pas lieu de le maintenir au sein de la juridiction prud’homale”. Cette fois-ci, un courrier du Secrétariat d’État au travail et à la main d’œuvre, au Préfet, en date du 3 avril 1941, se termina par un ajout à propos de Georges Bourgeois : “conformément aux renseignements que vous m’avez fourni dans votre rapport du 11 mars 1941, concernant Georges Bourgois (…), je soumets à M. le Garde des Seaux (…) un projet d’arrêté relevant de ses fonctions le conseiller prud’homme en cause”. Il fut donc finalement révoqué.

Georges Bourgeois s’était marié à Rouen le 6 juin 1931 avec Geneviève Brulin, d’après Paul Lemarchand il aurait pu être la cible de la résistance FTP en 1944, en fait, il mourut à Rouen le 31 décembre 1995 à l’âge de 90 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article101776, notice BOURGEOIS Georges, Albert par Claude Pennetier, Jean-Jacques Doré, Gilles Pichavant, version mise en ligne le 11 mai 2022, dernière modification le 11 mai 2022.

Par Claude Pennetier, Jean-Jacques Doré, Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime, Sûreté générale Rapports mensuels des commissaires spéciaux, 1 MP 242 et 1 MP 535 Manifestations politiques et syndicales, 1 M 313, 4 MP 1810 Réunions syndicales. — Arch. Com. Rouen, 7 F 3 Syndicats du bâtiment et 2 I 10 Partis politiques. — Stéphane Courtois, thèse, op. cit.. — IHS CGT, Congrès — Notes de Gilles Pichavant. — Le Prolétaire normand 27 juillet 1928. — Témoignage de Paul Lemarchand.

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