BOURGOIN François

Par Jean Maitron

Né à Étagnac (Charente) le 10 septembre 1858 ; mort à Saint-Junien (Haute-Vienne) le 26 février 1932 ; ouvrier palissonneur ; militant socialiste ; syndicaliste ; coopérateur ; père de Jean Bourgoin*.

François Bourgoin fut un des premiers membres du Parti ouvrier français, à Saint-Junien. Candidat sur une liste socialiste, il fut élu conseiller municipal de Saint-Junien en 1900 avec sept autres camarades. Il démissionna en 1903 pour protester contre l’attitude anti-ouvrière du maire pendant la grève des gantiers, et Beausoleil indiqua en réunion publique les raisons de cette démission. Trésorier du syndicat des gantiers, François Bourgoin fut un des animateurs de la grève des mégissiers en 1902 et de celle, malheureuse, de 1905. Militant actif de ce syndicat, il fut l’ami des frères Griffuelhes. En janvier 1906, il fut poursuivi pour entraves à la liberté du travail. Il était allé avec Justin Terlaud, secrétaire du syndicat des ouvriers papetiers, organiser une réunion à la sortie d’une papeterie pour protester contre le licenciement d’un ouvrier, sur lequel le patron refusait de revenir. Ils réussirent à mettre l’usine en grève pendant deux jours, mais sans parvenir à vaincre l’intransigeance patronale. Licencié de son usine, où pourtant son travail était estimé, il se rendit à Millau, mais ne put s’habituer à vivre dans une autre ville et revint à Saint-Junien où il travailla encore comme manœuvre dans le Bâtiment.

Après la Première Guerre mondiale, il fut élu conseiller municipal sur la liste de Lasvergnas et siégea au conseil, du 10 décembre 1919 au 2 juillet 1923. Il fut nommé ensuite concierge de la mairie. Avec la plupart des socialistes de Saint-Junien, il choisit le Parti communiste lors de la scission de Tours et, de 1924 à 1927, fut conseiller municipal communiste de Saint-Junien.

À soixante-dix ans, il accepta d’être le gérant du Travailleur du Centre-Ouest, hebdomadaire du Parti communiste. À l’occasion d’articles publiés lors de la journée de protestation contre la guerre, le 1er août 1929, Bourgoin fut poursuivi en correctionnelle, comme gérant du journal, et condamné à un mois de prison. Ayant, par ailleurs plusieurs milliers de francs d’amende à payer, y compris les frais du procès, somme qu’il ne possédait pas, il fut menacé de la contrainte par corps. Il resta emprisonné pendant un mois. En 1931, il fut encore condamné, en qualité de gérant du Travailleur du Centre-Ouest, à payer au quotidien parisien Le Journal, solidairement avec Perrin, secrétaire régional du Parti communiste, la somme de 10 000 francs de dommages intérêts, en raison d’un article où le Travailleur avait affirmé que le Journal avait reçu 1 million de francs de Mme Hanau.

François Bourgoin fut aussi un militant mutualiste et coopérateur et exerça, de 1920 à 1927, les fonctions de vice-président de « l’Union coopérative ouvrière de consommation » fondée en 1902.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article101815, notice BOURGOIN François par Jean Maitron, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 13 janvier 2022.

Par Jean Maitron

SOURCES : Le Travailleur du Centre-Ouest, mars 1932. — Notes fournies par le Mouvement coopératif et par Ant. Perrier.

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