ARCHIDICE Georges [ARCHIDICE J., Georges]

Par Noëlline Castagnez, Gilles Morin

Né le 13 juillet 1912 à Colayrac-Saint-Cirq (Lot-et-Garonne) ; mort le 19 avril 1968 à Monflanquin (Lot-et-Garonne) ; instituteur puis professeur d’histoire du Lot-et-Garonne puis du Lot ; militant socialiste ; secrétaire départemental du SNI (1938-1940) ; secrétaire de la fédération SFIO (1939, 1944-1945) ; résistant, membre du Comité départemental de libération ; député du Lot (1945-1950).

Georges Archidice dans les années 1940
Georges Archidice dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

Fils d’Henri Archidice et de Clotilde Darriet, tous deux cultivateurs, Georges Archidice, fit ses études à l’École normale, obtint le brevet supérieur et entra dans l’enseignement en 1931 comme instituteur. Il fut titularisé en 1932. Il exerça successivement à Lannas, Libos, Port-Saint-Marie et Agen, avec une interruption d’un an en 1933-1934 pour son service militaire.

Professeur de cours complémentaires à Agen, Georges Archidice, qui aurait adhéré à la SFIO durant son adolescence, était, en 1936, secrétaire adjoint de la Fédération SFIO du Lot-et-Garonne. Lors du congrès fédéral de juillet 1937, il défendit la motion de la « Bataille socialiste ». Il représenta sa fédération aux congrès de Marseille (1937) et de Royan (1938) et succéda, en mai 1939, à Clément au poste de secrétaire fédéral. Depuis 1938, il était secrétaire départemental du SNI (Syndicat national des instituteurs).

Organisateur des réseaux Veny dans le département, recherché par la Gestapo, Georges Archidice fut condamné à mort par un Tribunal militaire allemand et à 5 ans de travaux forcés, par la section spéciale d’Agen en 1944. Il était par ailleurs, depuis 1942, délégué régional du CAS (Comité d’action socialiste, clandestin) pour le Lot-et-Garonne, le Gers, le Lot et le Tarn-et-Garonne. Membre du Comité départemental de Libération (CDL), au titre de la SFIO et commissaire du gouvernement près le tribunal militaire d’Agen avec le grade de lieutenant-colonel, il se fit remarquer pour ses réquisitoires éloquents et s’occupa des propositions de citations ou récompenses.

Secrétaire fédéral SFIO du Lot-et-Garonne en novembre 1944-1945, secrétaire départemental du SNI, directeur politique de l’hebdomadaire SFIO, Le Travail, et du quotidien toulousain La République du Sud-Ouest (il possédait un dixième des parts de la société éditrice, la Société industrielle et financière des éditions de presse), il contribua avec efficacité à la reconstruction de la fédération mais ses positions fermes lui valurent une « haine sans merci » des communistes (rapports Renseignements généraux, mars 1950). Délégué au congrès des fédérations socialistes reconstituées de la SFIO en novembre 1944, il siégea à la commission des finances chargée de contrôler la gestion du comité exécutif clandestin. Le mois suivant, il fut délégué au congrès des CDL à Paris. Un rapport des RG le présentait en août 1945 comme étant une « Intelligence supérieure, d’une logique cinglante, est certainement l’âme de son parti dans le département » et ajoutait « Est considéré dans les milieux instituteurs comme supérieur à tout point de vue. Est respecté et même en certain cas, est craint ».

Désigné comme tête de liste SFIO pour les élections législatives d’octobre 1945 dans le Lot, alors que la direction du Parti proposait André Blumel, il abandonna ses fonctions de secrétaire fédéral du Lot-et-Garonne. Sa désignation fut contestée par la section de Saint-Céré qui critiqua la tenue du congrès et lui reprochait d’être étranger au département et d’y être totalement inconnu.
Élu député SFIO du Lot (par 18 447 voix sur 80 041 suffrages exprimés), Georges Archidice fut réélu sur la même liste en juin 1946 (par 19 510 voix sur 86 587 exprimés) et en novembre 1946 (18 971 voix sur 83 146 exprimés). Georges Archidice représenta le Lot aux deux Assemblées constituantes (1945 et 1946) puis à l’Assemblée nationale (1946). Il appartint à la commission exécutive du groupe parlementaire en décembre 1946.

Favorable au vote du rapport moral de Daniel Mayer en août 1946, contre Arrès-Lapoque, il vota pour l’investiture de Maurice Thorez le 4 décembre 1946. Lors des congrès de 1947 et 1948, il se présenta en vain au comité directeur. Il était en 1948 un défenseur fervent de la troisième force, dénonçant « la Quatrième force communo-gaulliste contre le régime républicain ». Lors d’une réunion publique de sa section, le 6 décembre 1949, il prit position contre la participation des socialistes au gouvernement. Vers cette époque, il aurait été initié à la maçonnerie à Paris.

Il fut compromis dans une affaire de mœurs se déroulant à Marseille en août 1950. Le Parti communiste fut le seul pratiquement, avec L’Aurore, à exploiter cette affaire à des fins politiques dans la presse et dans ses réunions publiques du Lot. L’Humanité du 7 octobre 1950 affirmait qu’il avait « été découvert dans un urinoir en compagnie d’un abbé, dans une pose si équivoque, ou plutôt si peu équivoque, qu’elle lui a valu de comparaître en correctionnelle à huis clos, pour outrage aux mœurs » et ajoutait : « Décidément, la pourriture et la déchéance physique accompagnent toujours la décadence des classes dirigeantes. » Le journal fédéral du PCF, Notre Quercy, publia un article intitulé : « Qu’il est mignon cet Archidice » en octobre 1950 qui reprenait, en aggravant, les articles du quotidien communiste national mettant plus explicitement encore en cause les socialistes en général : « Entre deux discours anticommunistes, il courrait les boîtes de nuit et vaquait à ses occupations "spéciales", alors que tous les travailleurs, socialistes comme communistes, connaissaient la même misère. C’était un corrompu, de même que les dirigeants socialistes qui pataugent dans de nombreux scandales (bons d’Arras, affaire des généraux, scandale du vin). Ainsi Jules Moch avait protégé Archidice lors de précédentes affaires. La politique de trahison de la classe ouvrière pratiquée par les dirigeants socialistes ne peut être faite que par des corrompus. » L’Humanité du 6 août 1951 le mettait de nouveau en cause dans une autre affaire.

Georges Archidice démissionna de la SFIO, de ses fonctions dans la presse et de son mandat de député le 16 septembre 1950 (démission prenant effet le 17 octobre 1950). Il fut remplacé comme député par le deuxième de la liste SFIO, le docteur Jean Rougier. Il abandonna la vie publique et poursuivit sa carrière à l’Institut pédagogique national. Le comité directeur de la SFIO avait fait pression pour sa démission. Le 19 octobre 1950, il fut acquitté par le tribunal correctionnel de Marseille, le jugement ayant été mis en délibéré le 5 octobre précédent.

Georges Archidice mourut victime d’un accident de la circulation. Il était célibataire.
ll était titulaire de nombreuses décorations, acquise pour son action militaire et résistante : chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, avec rosette et Croix de la guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance avec rosette.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10188, notice ARCHIDICE Georges [ARCHIDICE J., Georges] par Noëlline Castagnez, Gilles Morin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 septembre 2021.

Par Noëlline Castagnez, Gilles Morin

Georges Archidice dans les années 1940
Georges Archidice dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

SOURCES : Arch. Nat., CARAN, F7/15486 B, n° 2414 ; 4AG/68. F/1cII/132/A ; — Arch. Ass. Nat. — Le Réveil socialiste, 1936-1939, 1945. — Dictionnaire des parlementaires, 1940-1958, t. 1, 1988. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 23, 27, 35. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Arch. OURS, correspondance du Lot et du Lot-et-Garonne. — Nicolas Dohrmann, Les relations entre les socialistes français et allemands dans les premières années de l’après-guerre (1945-1953), mémoire de DEA, Paris IV, 2002, 147 p. — Notice du DBMOF. — Noëlline Castagnez, Socialistes en République. Les parlementaires SFIO de la IVe République, Presses universitaires de Rennes, 2004.

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