ARLÈS Henri, Aimé

Par Claude Pennetier, Annie Pennetier, Françoise Strauss.

Né le 4 mai 1898 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 28 août 1995 à Créteil (Val-de-Marne) ; ouvrier puis artisan souffleur de verre ; militant communiste ; maire de Bonneuil-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) de 1935 à 1939 et de 1944 à 1971.

Sur l’acte de naissance d’Henri Arlès, son père, Amans Arlès, est dit employé de commerce. En fait, il était souffleur de verre et c’est dans son atelier à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) que le jeune Henri fit son apprentissage. Henri Arlès le présente comme un « vieux syndicaliste » puis un artisan qualifié qui fabriquait des thermomètres médicaux et comme le créateur d’une seringue médicale. Sa mère, Marie Ferragut, était ménagère.

Membre de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) après avoir été mobilisé en 1919, entré aux chemins de fer, Henri Arlès participa aux grèves de 1920. Il adhéra au Parti communiste en 1923 à Joinville-le-Pont.

Il vint s’installer à Bonneuil-sur-Marne en 1927. L’artisanat du verre ayant été touché par la crise, il travailla un temps comme manœuvre aux « fermetures Périer » où il créa un syndicat CGTU dont il était secrétaire en 1933. Henri Arlès refusa de participer à la campagne électorale des élections municipales partielles de 1932 parce que l’animateur de la liste n’était pas « impeccable » (entretien), mais il fut tête de liste communiste aux élections municipales de mai 1935. Les partis ouvriers n’avaient jamais détenu la municipalité et les effectifs communistes étaient partis de très bas : seize cartes et soixante timbres placés en 1921. Les communistes regroupaient 72 voix sur 307 suffrages exprimés et 330 inscrits aux élections municipales de mai 1925 ; quatre ans plus tard ils eurent 115 voix au premier tour (435 suffrages exprimés) et aux élections partielles du 27 novembre 1932, leur score monta à 125 voix sur 380 suffrages exprimés. L’implantation d’industries dans le port de Bonneuil permit une croissance de l’électorat ouvrier. Aussi, le 5 mai 1935, la liste Arlès obtint 207 voix de moyenne contre 166 aux républicains de gauche et 131 aux républicains. Henri Arlès recueillit au second tour 326 voix sur 601 votants et 648 inscrits. Les communistes conquirent dix des seize sièges : Henri Arlès, Charles Snoek, Eugène Loubière, Denis Beaume, Henri Poirson, Alfred Ribière, Raymond Brunelle, Georges Ferrand, Alexandre Guillou et Louis Le Métayer. L’assemblée municipale désigna Henri Arlès aux fonctions de maire.

La préfecture de la Seine le suspendit de ses responsabilités en octobre 1939 et, constatant son refus de désavouer le Parti communiste, le déchut le 9 février 1940. Envoyé en séjour surveillé le 19 décembre 1939 à la Ferme Saint-Benoît (Seine-et-Oise, Yvelines), il fut appelé par l’autorité militaire et mobilisé le 12 janvier 1940 selon les rapports préfectoraux. Lorsqu’il se maria, le 2 mars 1940, à Bonneuil-sur-Marne, avec Sarah Dreux, il était en effet « soldat au dépôt de guerre n° 213 ». Henri Arlès donne un itinéraire plus précis dans une interview recueillie par Guy Gibout : « Les flics m’embarquent au commissariat de Saint-Maur puis à la mairie du XIe arrondissement de Paris [...] Direction Saint-Étienne par Baillet, en Seine-et-Oise, et un détour par Rambouillet. À Saint-Étienne, nous avons été accueillis par une manifestation de mineurs et de métallos, organisée par les communistes. En camions, nous nous sommes dirigés vers Chartreuse-de-Brémol, dans l’Isère » d’où Georges Marrane le fit évader. Henri Arlès travailla sous la direction de celui-ci à la mise en place d’un réseau d’évasion dans ce camp puis il fut chargé de repérer des points de passage entre la zone sud et la zone nord. Repris à Varennes-sur-Allier (Allier), il s’évada à nouveau et retourna sur Paris. « En 1941, le Parti me demande de remonter à Paris pour installer une imprimerie clandestine. C’était passage Lepreux, dans la rue de Charonne. Le papier, on le volait dans une imprimerie sous séquestre à Alfortville. Quelques agents de liaison ayant disparu, nous avons supprimé l’imprimerie et je me suis mis au vert dans l’Oise. » (l’Humanité, 9 novembre 1991).

De retour à Bonneuil le 9 septembre 1944, Henri Arlès fut élu président du Comité local de Libération constitué après la libération de la commune le 21 août, en remplacement de Serge Dumas (Front national) devenu suppléant avec Henri Poirson. Le Comité local de Libération désigna un conseil municipal provisoire de dix-huit membres comprenant cinq conseillers municipaux de 1939, dont deux déportés non rentrés, Georges Ferrand et Alexandre Guillou et des dirigeants de la résistance clandestine, tels Louis Lafarguette (Front national), Georges Pouget (communiste), Maurice Gentie (président du comité local d’épuration) ainsi que deux femmes, Yvonne Pouget et Louise Grandjean. Les conseillers municipaux réélurent les trois édiles en attente des élections municipales d’avril 1945.
Les difficultés étaient nombreuses, ravitaillement, déminage du parc du Raincy, accueil des prisonniers et déportés (Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés), des actions de solidarité s’organisant, collecte du sang pour les soldats par la Croix-Rouge, collecte de vêtements pour la ville sinistrée de Lisieux (Orne) par "l’Assistance française", parrainage par l’Union des femmes françaises (UFF) de cinq soldats à l’hôpital de Créteil.
A l’issue des élections municipales du 29 avril 1945, Henri Arlès fut réélu maire par quinze voix sur 16 et un bulletin blanc ; les conseillers municipaux étaient Louise Voeckel, Raymond Brunelle, Serge Dumas, Jacques Letard (radical-socialiste), René Belliart (Libération-SFIO) et Ernest Courteil (OCM). Ce conseil représentait l’unité des forces de gauche et de la Résistance.

Les élections municipales du 19 octobre 1947, se plaçaient dans un climat de divisions politiques nationales et internationales ; deux listes s’affrontèrent, l’Union républicaine et résistance (URR) conduite par Henri Arlès et patronnée par le Parti communiste et celle de "Concentration républicaine" dirigée par René Belliart (SFIO) rassemblant des socialistes, des radicaux, des MRP (Mouvement des républicains populaires) et des gaullistes du RPF. La liste conduite par Henri Arlès obtint 48,13% des voix (10 sièges) et celle de Belliart 51,87% (11 sièges).
Le radical-socialiste, Georges Cocula par son vote favorisa la réélection d’Henri Arlès et devint son premier-adjoint.

Aux élections municipales du 26 avril 1953, la liste "d’Union ouvrière et démocratique" conduite par Henri Arlès remporta les élections avec 57,30% des voix et douze élus ; ses adjoints étaient Louise Voeckel, Émile Le Guillou, Yvonne Pouget et René-Georges Evrard.
Dans le contexte difficile de l’installation de la Ve République, lors des élections municipales de mars 1959, la liste "d’Union du Parti communiste français et de personnalités républicaines" conduite par Henri Arlès fut victorieuse mais la liste "d’entente républicaine pour le progrès social et communal" (UNR, MRP, SFIO et indépendants) conduite par Eugène Hubert obtint le 8 décembre 1961 l’annulation pour distributions de tracts favorables à la liste Arlès le jour du scrutin. La délégation spéciale nommée par le ministère de l’Intérieur organisa des élections les 4 et 11 février 1962, au cours desquelles la liste d’Henri Arlès fut élu au second tour avec 51,26% des voix. Son premier adjoint était Raoul Choteau.
Henri Arlès fut réélu maire avec le soutien des socialistes SFIO en 1965 ; Bernard Ywanne, instituteur et conseiller municipal devint son premier adjoint.

Le 26 mars 1971, affaibli par l’âge, il abandonna volontairement son écharpe à son premier adjoint, Bernard Ywanne. Il demeura conseiller municipal jusqu’en 1977.

Durant ces trente années, la municipalité dut faire face à la forte augmentation de la population dont le caractère rural s’estompa devant la progression de l’urbanisation. La crise du logement et l’apparition de bidonvilles comme celui du Moulin-bateau imposèrent une politique d’aménagement. C’est dans ce cadre que l’OPHLM, présidé par Henri Arlès jusqu’en 1965, construisit le grand ensemble Cité Fabien dont les premiers logements furent livrés en 1956 puis en 1965 ceux de la cité Saint-Exupéry et bien d’autres. Les constructions scolaires accompagnèrent l’essor démographique : 1945 école de rééducation du Raincy, 1958 école Frédéric et Irène Joliot-Curie, 1961 école Langevin-Wallon et son gymnase, 1969 groupes Romain Rolland et Aimé et Eugénie Cotton, 1971 collège Paul Eluard. Une politique de loisirs et de vacances pour l’enfance et la jeunesse fut mise en place : création d’un patronage laïque en 1945 devenu en 1957 centre aéré laïque de Bonneuil, classes de mer, de neige, colonies de vacances du Château de Cezais (Vendée) animée par Sarah Arlès, dirigeante des cantines scolaires pendant l’année.
La municipalité favorisa l’installation d’entreprises dans le port de Bonneuil.

Veuf depuis le 29 mai 1964, il s’était remarié le 27 novembre 1971 à Janville-sur-Juine (Essonne) avec Raymonde Cliquot, mécanographe.

Henri Arlès garda une grande popularité à Bonneuil où il vécut jusqu’à sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10209, notice ARLÈS Henri, Aimé par Claude Pennetier, Annie Pennetier, Françoise Strauss., version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 28 août 2022.

Par Claude Pennetier, Annie Pennetier, Françoise Strauss.

Henri Arlès
Henri Arlès

SOURCES : Arch. PPo. 101. — Arch. Paris, DM3, versement 10451/76/1. — l’Humanité, mai 1935, 9 novembre 1991, 30 août 1995. — Fédération communiste de la Seine, congrès fédéral trimestriel, 23 avril 1922. — 6e conférence régionale Paris-Est, Noisy-le-Sec, 11-12 décembre 1937. — Entretien avec Henri Arlès. — G. Blanc-Césan, Les maires du Val-de-Marne, 1988. — Jacques Varin, Bonneuil-sur-Marne, une histoire millénaire, Servédis, 1988. — État civil de Levallois-Perret et de Bonneuil-sur-Marne.

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