BOYER Joseph, Clément

Né le 16 novembre 1894 à Mauzun (Puy-de-Dôme) , mort le 20 août 1961 à Paris (XIVe arr.) ; professeur ; militant syndicaliste de la FUE et communiste du Puy-de-Dôme et de l’Allier.

Fils d’Henri Boyer, boulanger, et de Marie Gardy, Joseph Boyer fut élève à l’École normale d’instituteurs de Guéret (Creuse), et devint instituteur adjoint à Cournon-d’Auvergne en 1913. Mobilisé dans l’infanterie en décembre 1914, il fut blessé le 28 novembre 1916, obtint deux citations et la médaille militaire, et fut démobilisé le 10 septembre 1919 au grade de caporal dans les services auxiliaires.

Joseph Boyer voyagea pendant un mois en URSS en mars 1926. Le Parti communiste le présenta aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans la 1re circonscription de Clermont-Ferrand (4,7 % et 4 % des inscrits). En fonction de professeur adjoint d’école primaire supérieure dans son département d’origine, il fut déplacé d’office le 18 octobre 1927 « pour s’être laissé entraîner devant ses élèves de Clermont-Ferrand à faire une critique exclusive de la Société des Nations ». Nommé à Rodez (Aveyron) puis à l’école primaire supérieure de Gannat (Allier), il se manifesta également comme un militant actif du Parti communiste, où il assumait la responsabilité de secrétaire du rayon de Gannat.

Sur le plan syndical, il militait à la Fédération unitaire de l’Enseignement, parmi la majorité confédérale CGTU, mais dans la minorité fédérale (MOR : minorité oppositionnelle révolutionnaire), mais qui était majoritaire dans la section des professeurs des 2e et 3e degrés à laquelle il appartenait.

Au nom de celle-ci il développa, lors du congrès fédéral de Marseille, en août 1930, le thème de « l’École laïque contre la classe ouvrière », publié par le Bureau d’Éditions sous le contrôle du PC dans le courant de 1931, et indiquant notamment : « origine de petite bourgeoisie, éducation antiprolétarienne, situation privilégiée d’une catégorie importante des instituteurs laïques, les vieux et les directeurs, par rapport à la classe ouvrière, telles sont les trois raisons qui font que la masse de ceux-ci est et restera contre-révolutionnaire. L’école laïque n’est donc qu’un instrument de la classe bourgeoise ». Dans le même temps il rédigeait et publiait les Cahiers du Contre-Enseignement prolétarien. À la suite de cette parution, il fut traduit devant le conseil départemental de l’enseignement primaire de l’Allier qui, constatant le « trouble fonctionnel grave » apporté dans l’établissement du fait des idées de l’auteur et de leur expression ; que la place d’un adversaire aussi déterminé de l’Enseignement public n’est pas dans cet enseignement et qu’on ne peut à la fois croire et dire que l’école neutre est un mensonge et accepter d’exercer la fonction d’éducateur du second degré dans cette école ; qu’il importe enfin, puisque M. Boyer se considère « comme un esclave du régime capitaliste », de lui donner au plus tôt l’occasion de se libérer de ce qu’il considère comme un esclavage et de mettre ses actes d’accord avec ses écrits, se prononça pour la révocation. Il quitta ensuite la région.

En 1932, l’ITE (Internationale des travailleurs de l’enseignement) amorça un recherche de pratiques plus unitaires sous la direction de Georges Cogniot. Au congrès fédéral du mois d’août, les tensions se réduisirent à l’intérieur de la section de professeurs entre militants de la MOR (Jean Bruhat, Henri Lefebvre et Joseph Boyer) et ceux de la majorité fédérale (Lucien Hérard et Mussigman) : Bruhat devint secrétaire de la section, Boyer secrétaire pédagogique et Mussigman, secrétaire corporatif et membre du bureau fédéral.

Mobilisé en mars 1940, Joseph Boyer fut démobilisé en avril suivant, étant marié et père de deux enfants.

Son nom ne réapparut qu’en mai 1945, dans la brochure du Parti communiste français intitulée Espions, agents de la Gestapo, avec comme commentaire : « démasqué comme provocateur ». Cette accusation n’est étayée par aucun fait précis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102126, notice BOYER Joseph, Clément, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 20 août 2021.

ŒUVRE : La Morale prolétarienne, librairie de l’École Émancipée 1926, 52 p. — L’École laïque contre la classe ouvrière, Paris, Bureau d’Éditions, s.d. (1931), 42 p. J. Boyer a dirigé vers 1922 les journaux : Le Travailleur idiste puis La Langue internationale ; et en 1931-1933 Les Cahiers du Contre-enseignement prolétarien.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13105 et F7/13744. — Arch. Syndicat de l’Enseignement du Cher. — Le Peuple, 15 juillet 1923. — [La Voix des Travailleurs, 4 février 1928. — L’Émancipateur, 1930-1932. — Cahiers du Bolchevisme, 1931. — Espions, agents de la Gestapo, op. cit. — Renseignements recueillis par G. Rougeron. — Arch. Dép. Puy-de-Dôme, état civil, registre matricule. — Notes d’Alain Dalançon.

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