ARMAND Michel, Charles

Par Madeleine Singer

Né le 28 février 1933 à Paris (Xe arr.) ; professeur certifié d’histoire-géographie ; membre du comité national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1964 à 1977, secrétaire académique d’Orléans (Loiret) de 1964 à 1972, membre du bureau national de 1972 à 1977 en qualité de secrétaire national du second degré.

Michel Armand était le plus jeune des deux enfants de Roger Armand, commissaire aux jeux, qui fut tué à Dunkerque (Nord) le 2 juin 1940. Celui-ci avait épousé Raymonde Despratx, sténodactylo. En 1945, Michel Armand entra en Sixième au lycée Colbert, à Paris ; quatre ans plus tard il passa en Seconde au lycée Chaptal à Paris où il obtint le baccalauréat en 1952. Il fit alors une hypokhâgne et une khâgne dans le même établissement et fréquenta les cours de la Sorbonne ainsi que de l’Institut de géographie. Il acquit la licence de géographie en 1957, le DES en 1958, le CAPES en 1959. Exempté du service militaire, il passa un an au CPR de Lyon (Rhône) et fut nommé au lycée Benjamin Franklin d’Orléans où il prit sa retraite en 1997. Il s’était marié en août 1959 avec Hélène Dujarier qui était jardinière d’enfants. Ils eurent trois fils : l’un ingénieur à l’Institut de sûreté nucléaire, un autre professeur d’économie, le troisième fonctionnaire territorial.

Michel Armand avait été jéciste au lycée Chaptal. Il entra au secrétariat général de la JEC lorsqu’il fut en hypokhâgne ; cela lui prenait plus de temps que les études, mais dit-il, le formait bien davantage ; il y découvrit le plaisir et l’art de transmettre un enseignement. Secrétaire national pour les lycées, il y lança en 1955 une enquête sur la formation professionnelle et devint alors secrétaire de l’ensemble, c’est-à-dire de la Sixième à la Terminale, car il y avait auparavant une branche « cadets » et une branche « lycéens ». À cette époque il lisait régulièrement Le Monde et de temps à autre la revue Esprit. En 1956 la démission d’André Vial, secrétaire de l’ACJF (action catholique de la jeunesse française), annonça celle des équipes JEC (jeunesse étudiante catholique), garçons et filles, le 12 mai 1957. En effet la JOC (jeunesse ouvrière catholique), soutenue par l’épiscopat, maintenait fermement l’idée que seule comptait l’évangélisation de chaque milieu. L’ACJF ne pouvait être dans ces conditions qu’une coordination lâche entre des mouvements chargés de la responsabilité de leur propre milieu. La thèse d’André Vial, de la JEC et de la JAC (jeunesse agricole catholique) de l’époque était qu’il ne suffisait pas de témoigner, qu’il fallait transformer les structures, lesquelles conditionnaient les mentalités. Cette logique impliquait donc que l’ACJF coordonnât davantage les mouvements d’action catholique. Il ne s’agissait pas de fonder un « Parti » chrétien — l’exemple du MRP (mouvement républicain populaire) les en dissuadait — mais de renforcer une réflexion commune sur la société. L’épiscopat ne voulait entendre parler que de mentalités propres à chaque milieu et de « témoignage ». En outre l’engagement de beaucoup de jécistes avec l’UNEF contre la guerre d’Algérie faisait craindre aux évêques une politisation qui eût engagé l’Église. C’était une autre pomme de discorde car les évêques voulaient que chaque mouvement ait un mandat impératif d’évangélisation alors que la JEC voulait plus de liberté. Après l’éclatement de l’ACJF, la démission des jécistes dont Michel Armand faisait partie, était inévitable.

Ce dernier adhéra au SGEN en arrivant en 1959 au CPR car le Syndicat poursuivait avec l’UNEF cette politique en faveur de la paix en Algérie comme le souhaitait la JEC qui avait mené la campagne de politisation de la masse des étudiants depuis le début de la guerre. Mais l’adhésion syndicale de Michel Armand procédait d’une visée pédagogique plus que politique car depuis 1952 il n’avait cessé de réfléchir avec ses camarades de la JEC sur l’école et sur les transformations nécessaires. Aussi sera-t-il plus tard abonné à Enseignement 70 : cette publication était l’organe d’un groupe de recherche pédagogique fondé en 1962 par une trentaine d’enseignants qui venaient du syndicalisme étudiant et avaient pour objectif de réfléchir sur la pratique enseignante de façon interdisciplinaire en gardant le contact avec l’Enseignement supérieur.

Nommé en 1960 au lycée Benjamin Franklin, Michel Armand y fut aussitôt secrétaire de section. Il se préoccupa en même temps de créer au sein du SGEN une commission pédagogique académique avec le concours d’Antoine Prost*, professeur au lycée Pothier d’Orléans. En janvier 1962 cette commission publia dans Syndicalisme universitaire une « étude d’implantation d’annexes pour la ville d’Orléans ». Membre du bureau académique, M. Armand épaulait le secrétaire académique Yvan Dadou ; il le remplaça à différentes reprises au comité national car celui-ci devait ménager sa santé. C’est ainsi qu’au cours des sessions du comité national, en 1962-1963, il fit état de préoccupations non seulement pédagogiques, mais aussi revendicatives. Il souligna en effet au congrès national de 1964 que la revendication ne serait crédible que si elle était liée à des impératifs pédagogiques.

À la rentrée de 1964, il devint secrétaire académique d’Orléans et par conséquent membre titulaire du comité national où il allait siéger pendant de longues années. À l’issue du congrès, il fit partie du bureau national Second degré dans lequel quatorze membres représentaient les académies de province. Il présenta à la commission administrative Second degré du 30 octobre 1965 un rapport sur l’action revendicative qui analysait les causes de l’échec des actions traditionnelles et demandait qu’on définît au préalable le rôle nouveau des enseignants dans des structures elles-mêmes renouvelées. Aussi fut-il chargé de l’animation et de la coordination des groupes de travail réclamés par le congrès national de 1966 et il put avec Jacques André* présenter à la commission administrative Second degré du 30 octobre 1966, les premiers documents destinés à ces groupes (promotion interne, organisation de l’année scolaire, etc.). Michel Armand se souciait en même temps des problèmes confédéraux car il était devenu membre du bureau de l’Union départementale (UD) CFDT d’Orléans dès qu’il fut secrétaire académique. Aussi fut-il présent à Paris le 3 décembre 1964, lors de la constitution de la commission des problèmes confédéraux décidée par le congrès SGEN de 1964. Il passa au bureau de l’Union régionale (UR) quand celle-ci fut créée à la suite du congrès confédéral de 1970 qui avait modifié les statuts et y demeura tant que ses responsabilités au sein du SGEN lui en laissèrent la possibilité.

Au congrès national de 1966 s’étaient manifestées les premières dissensions : l’académie d’Orléans vota avec la totalité de ses mandats contre la réélection de Paul Vignaux* au poste de secrétaire général. Ce vote n’émanait pas d’une décision de leur congrès académique, mais d’une réunion de la délégation qui s’était tenue après une séance très dure de commission pendant laquelle un représentant de l’académie avait demandé que le Supérieur, au lieu de constituer une section nationale, fût intégré dans les sections académiques afin qu’il y eût vraiment un Syndicat général. Le refus de P. Vignaux prit à leurs yeux une signification politique puisque ce type d’organisation lui permettait, pensaient-ils, de garder la haute main sur le Supérieur. Au congrès suivant, en avril 1968, l’opposition se durcit car un long texte de l’académie d’Orléans critiquait sévèrement le rapport général présenté par le bureau national ; il demandait notamment que l’action revendicative s’effectuât en liaison avec l’action pédagogique, que l’on renforçât le caractère général du syndicat et que l’on intégrât mieux son effort dans celui de la Confédération. P. Vignaux accepta ces propositions, mais Syndicalisme universitaire les publia en supprimant le préambule critique.

Les événements de Mai 68 aboutirent à une véritable fracture car les dirigeants de plusieurs académies contestèrent la politique menée par le bureau national et notamment le communiqué du 4 mai par lequel le SGEN Supérieur refusait toute participation à la grève. C’était le cas entre autres de Michel Armand et de Roger Lépiney*, secrétaire académique de Rouen (Seine-Maritime) qui se connaissaient bien car leurs académies étaient alors à la pointe de la réflexion pédagogique du Syndicat. Aussi exprimèrent-ils durement leur désaccord avec la ligne politique de Paul Vignaux et de Charles Piétri, secrétaire du Supérieur : ceux-ci n’avaient à leurs yeux pas lié l’action du SGEN à celle de la Confédération et avaient sacralisé le Savoir sans admettre la révolte étudiante qui mettait en question les modalités de transmission du savoir. Une réunion des « minoritaires » eut lieu le 16 juillet 1968, à Blois (Loir-et-Cher), à la Bourse du travail de la ville qui accueillait des réunions académiques, M. Armand et R. Lépiney ayant au préalable contacté les académies qui avaient manifesté leur mécontentement. Ils décidèrent de faire connaître leur point de vue au cours de la session de militants qui allait se tenir en septembre à Bierville, au centre confédéral de formation sur le territoire de Boissy-la-Rivière (Essonne). N’ayant pas obtenu, au cours du comité national restreint qui suivit la session, la convocation d’un congrès extraordinaire, ils reprirent l’offensive au comité national des 9-11 novembre 1968, où ils présentèrent un texte signé par dix collègues appartenant à six académies. Celui-ci fut rejeté, mais toutefois inséré dans le Bulletin Cadres avec les réponses de P. Vignaux qui avait fait adopter sa propre motion par 65 voix (25 contre, 10 abstentions).

Sans nous étendre sur cette polémique, signalons simplement que les minoritaires se réunirent à nouveau les 25-26 mai 1969 à Chaingy (Loiret), près d’Orléans, dans une maison réservée aux sessions syndicales, qui appartenait à l’UD CFDT ; ils jugeaient nécessaire de se concerter avant la session de cadres de septembre 1969. Dans l’intervalle il y eut des tentatives d’accord entre majoritaires et minoritaires qui échouèrent. Aussi les minoritaires se retrouvèrent à Chaingy les 20-21 septembre 1969 pour préparer le comité national de novembre 1969 qui devait entendre les rapports des deux candidats au poste de secrétaire général, Charles Piétri soutenu par P. Vignaux, et Jacques George* présenté par les minoritaires. Au cours des débats, Michel Armand rappela notamment les propositions que son académie avait déjà exposées au congrès de 1968, propositions dont seulement « quelques éléments fragmentaires ont été appliqués ». Il déplora le peu de place que faisait le rapport de C. Piétri aux affaires confédérales, alors qu’on ne pouvait, disait-il, définir une politique universitaire sans la CFDT, car la CFDT, « ce n’est pas simplement des parents, ce sont aussi des gens qui apportent un éclairage nouveau sur tous les problèmes et singulièrement celui de l’enseignement ».

Après le congrès de 1970 où C. Piétri fut élu, les escarmouches reprirent. Au comité national des 18-20 février 1971, Michel Armand présenta avec R. Lépiney une motion demandant notamment que les positions du Syndicat ne s’identifient pas à celles sur lesquelles s’étaient battus les responsables lors de leur élection, mais qu’elles fussent une synthèse de tous les points de vue en présence. Ils réclamaient une discussion publique qui entraînait la liberté de publier dans les organes du Syndicat, une commission des sages statuant sur les appels éventuels en cas de refus de publication. Ils demandaient également que les positions pédagogiques du SGEN fussent élaborées avec la CFDT, au lieu d’être proposées à cette dernière. Cette motion ayant été rejetée, les minoritaires préparèrent dès lors le congrès de mars 1972, avec François Garrigue, secrétaire académique de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Charles Piétri fut élu de justesse, mais Michel Armand et Pierre Fleith, secrétaire départemental (SD) de l’Yonne, furent élus ensuite secrétaires du Second degré par 51,3 % des suffrages. Le Second degré votait donc pour une ligne politique contraire à celle du secrétaire général C. Piétri. Ce dernier estima ne pas pouvoir diriger dans ces conditions le Syndicat car à l’époque le Second degré en était la section la plus importante. Il démissionna en plein congrès. Cette situation entraîna l’élection de F. Garrigue au poste de secrétaire général.

Réélu avec P. Fleith au congrès de 1974, M. Armand allait partager avec celui-ci la lourde responsabilité du Second degré jusqu’au congrès de 1977. Il bénéficia dès lors d’une décharge complète de service qui se substitua aux quatre heures que le Recteur d’Orléans, sur demande du Ministère, lui avait accordées en 1965, vu sa qualité de secrétaire académique. Joseph Fontanet était ministre de l’Éducation nationale depuis que Pierre Messmer avait remplacé comme Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, démissionnaire le 5 juillet 1972. L’action de M. Armand se concentra d’abord sur la défense des auxiliaires qui constituait une « priorité » comme il le déclara au lendemain du congrès de 1972 : il fallait obtenir pour ceux-ci l’arrêt du recrutement, une garantie immédiate d’emploi et leur titularisation. Les audiences telles que celle de Deygout, directeur des personnels le 24 octobre 1972, n’ayant donné aucun résultat, il fallut engager la lutte. Michel Armand s’efforça en vain d’obtenir l’unité d’action avec le SNES sur ce sujet, le SGEN fit donc seul la grève en avril 1973 ; celle-ci fut reprise avec le SNES le mois suivant. Le groupe de travail sur les maîtres auxiliaires, constitué alors au Ministère, n’avait pas encore abouti lorsque la mort de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, amena au pouvoir un nouveau ministère dans lequel René Haby fut chargé de l’Éducation nationale.

Or ce combat pour les auxiliaires s’était accompagné d’une lutte avec le bureau national SGEN tout entier, lutte contre les projets pédagogiques de J. Fontanet qui préparait une réforme renforçant notamment la sélection. Michel Armand dans ses éditoriaux incitait les adhérents à agir au sein des établissements en constituant des équipes pédagogiques, en exigeant l’incorporation dans les horaires de trois heures de coordination soit entre professeurs, soit entre professeurs et élèves. En même temps il les alertait sur la nécessité de veiller à toute « mise au pas » car le Ministre cherchait à renforcer « l’encadrement des enseignants ».

L’arrivée de René Haby modifia la donne car celui-ci abandonna le projet de son prédécesseur et mit en chantier sa propre réforme. Depuis le congrès de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en mai 1974, le SGEN avait pris l’offensive par de nouvelles méthodes d’action, dites « effectifs-emplois-conditions de travail ». Les enseignants devaient pendant une période déterminée n’accepter en classe que 25 élèves, le surplus étant gardé par des collègues disponibles : il s’agissait de mettre en lumière l’efficacité pédagogique d’un travail effectué avec un groupe restreint tout en révélant les besoins en postes, lesquels permettraient de caser les auxiliaires. Michel Armand avec le Second degré était à la pointe du mouvement. Pendant trois ans il rédigea de multiples chroniques relatant les expériences faites dans divers établissements ; « le cap des 200 », disait-il, fut franchi en octobre 1975.

Bien entendu le Ministre avait réagi, imposant des retenues d’un jour de traitement par journée d’action. Dès que celles-ci furent effectives, le SGEN conseilla des recours auprès des tribunaux administratifs, recours dont M. Armand rendait régulièrement compte ; au cours de l’année 1976, les tribunaux administratifs de Nantes (Loire-Atlantique) et de Toulouse (Haute-Garonne) comme ceux de Poitiers (Vienne), de Dijon (Côte-d’Or), de Caen (Calvados) et de Strasbourg (Bas-Rhin) déclarèrent que ces retenues étaient entachées d’illégalité car à aucun moment les enseignants n’avaient cessé le travail. Le Ministre fit appel devant le Conseil d’État qui lui donna tort le 20 mai 1977. Le SGEN ayant demandé une audience à René Haby pour négocier l’abaissement des effectifs des classes, il avait été reçu le 14 novembre 1975, mais n’avait obtenu aucun résultat. Il aurait fallu mener une action commune avec le SNES qui s’y refusait car il condamnait les actions « effectifs-emplois ». Or nous y tenions, déclarait M. Armand, car elles permettent aux travailleurs de l’Éducation nationale de contrôler leurs conditions de travail. À la rentrée de 1976, le SGEN lança une nouvelle action : le refus des heures supplémentaires obligatoires, partout où il y avait des maîtres auxiliaires au chômage. À nouveau le Ministre menaça de retenir une journée de traitement pour ces heures non effectuées ; le SGEN préconisa des recours aux tribunaux administratifs si ces retenues étaient effectives. Mais René Haby quitta son poste à l’issue des élections législatives de mars 1978, alors qu’aucune retenue n’avait encore été opérée.

En même temps Michel Armand dut lutter avec le bureau national contre les projets pédagogiques de René Haby, publiés le 12 février 1975 qui, entre autres mesures, renforçaient la sélection dès l’école maternelle. M. Armand s’élevait aussi contre le « dossier scolaire » qui allait suivre l’élève de l’école maternelle à la fin de la scolarité car c’était « la voie ouverte au fichage ». Le Second degré était spécialement concerné par les mesures d’encadrement du personnel. M. Armand prit donc en charge les cas de repression relatifs aux maîtres du secondaire, tel ce professeur de dessin suspendu avec demi-traitement, ses élèves ayant dessiné une fresque qui représentait un tank au milieu des moutons du Larzac. Ce plateau du Massif central était alors l’objet d’un conflit entre l’armée qui voulait agrandir un camp militaire et les agriculteurs menacés d’expropriation qui étaient soutenus par les défenseurs de l’environnement. M. Armand s’occupait aussi des cas de répression concernant les instituteurs ou les ATOSS (administratifs, techniciens, ouvriers, personnel de service et de santé) car l’équipe qui avait pris le pouvoir au SGEN en 1972 voulait marquer ainsi le caractère général du Syndicat puisque les dirigeants ne se cantonnaient pas dans les problèmes propres à la section dont ils avaient la charge.

Ce furent donc des années harassantes pendant lesquelles se déroulèrent en outre les élections aux Commissions administratives paritaires (CAP), le 15 décembre 1975. Michel Armand attira sur elles l’attention des adhérents car les CAP sont, disait-il, un moyen de contrôle syndical sur l’activité de l’administration. On comprend qu’au congrès de mars 1977, il ne renouvela pas sa candidature pas plus que Pierre Fleith qui l’avait épaulé tout au long de ces cinq années. Tous deux invoquèrent des « raisons personnelles et familiales ». Sans cela M. Armand aurait sans doute accepté un mandant de plus, mais pas davantage, car il pensait qu’il ne fallait pas faire carrière dans le syndicalisme ou la politique, que les mandats par conséquent devaient être limités dans le temps. Mais avant de quitter son poste, il avait obtenu que la commission administrative du Second degré et celle de la section PEGC-Voie III (professeur d’enseignement général de collège, instituteur enseignant dans les classes de transition et les classes pratiques) votent en mai 1976 leur fusion afin de constituer un grand Second degré. Cette fusion, ratifiée par le comité national plénier des 12-13 novembre 1976, devint effective au congrès de 1977 où furent élus comme secrétaires Bernard Hubert, professeur de lettres modernes au lycée de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et Christian Lebeau, PEGC.

Michel Armand avait d’ailleurs d’autres activités syndicales. Depuis 1974 il était le suppléant de Pierre Lherbier* au Conseil de l’enseignement général et technique (CEGT). Si l’assiduité de ce dernier ne lui donna guère l’occasion de siéger, il devint tête de liste pour le SGEN dans le collège des certifiés lors des élections du 13 décembre 1977. Réélu le 27 janvier 1981, son mandat fut prorogé jusqu’en 1986, date à laquelle il y eut une refonte totale des conseils, CEGT et CSEN (Conseil supérieur de l’Éducation nationale). Michel Armand fit dans Syndicalisme universitaire en mars 1986 un compte rendu de « La dernière séance du CEGT », consacrée principalement aux programmes des classes de seconde. Si pendant ces dix années, il n’y eut guère d’écho des séances du CEGT dans les colonnes du bulletin syndical, M. Armand demeurait en relation avec les secrétaires SGEN concernés par les mesures débattues au CEGT. En outre l’élu au CEGT siégeant également au CSEN, il assuma ce deuxième mandat, évoquant dans Syndicalisme universitaire en avril 1979 son intervention dans cet organisme car le texte relatif aux vacances d’été pour la première fois ne fixait plus la date de cessation des classes. Cette « imprécision redoutable », disait-il, motivée par l’autorisation d’expériences localisées d’aménagement du temps scolaire, donnait « un blanc seing sans aucune garantie sur les conséquences pour le personnel ».

Pendant ses dernières années de professorat, Michel Armand n’eut plus de responsabilités syndicales. Il fut toutefois président de l’Association GREC (groupe de réalisation et d’études sur le cinquantenaire du SGEN). Il rassembla un comité de parrainage de 95 personnes où une majorité de militants SGEN côtoyait diverses personnalités. Au cours de l’année 1987, une série d’articles évoqua dans Syndicalisme universitaire l’histoire du Syndicat. M. Armand y apporta sa contribution par une étude sur « La pratique du métier » qui rappelait la signification des actions « effectifs-emplois-conditions de travail », car celles-ci opéraient la jonction entre l’action revendicative de type classique et la réflexion pédagogique dont le SGEN était porteur depuis les origines. Les statuts du SGEN ayant été déposés à la Préfecture de Paris le 9 novembre 1937, un colloque réunit le samedi 14 octobre 1997, de 100 à 150 participants qui entendirent des exposés faits par Jacques Delors et Nicole Notat sur les enjeux de l’éducation, ainsi que par des militants SGEN sur les apports du Syndicat. Avec Jean-Michel Boullier, secrétaire général, Michel Armand clôtura le colloque en insistant sur le rôle de P. Vignaux, notamment par la fondation du groupe Reconstruction, ainsi que sur le travail pédagogique mené par le SGEN.

Michel Armand n’eut pas d’activité politique. Il appartenait, dit-il, à une génération qui avait vu s’effondrer la gauche et qui avait misé sur le syndicalisme comme force de transformation. Pour lui le modèle de l’homme politique, c’était Pierre Mendès France. Très critique à l’égard de François Mitterrand, il adhéra pourtant en 1990 au Parti socialiste (PS) et le quitta deux ans plus tard car il n’approuvait pas le fonctionnement interne du parti. Une fois à la retraite, il demeura adhérent à la section SGEN des retraités, mais sans y avoir de responsabilité. Il consacrait en effet beaucoup de temps à l’Université du temps libre d’Orléans ; il y faisait des cours à 80 auditeurs environ sur « Géopolitique et faits de société » : cela relevait de la sociologie ou de l’économie plus que de l’histoire et exigeait beaucoup de préparation. En outre il animait des groupes de lecture biblique. Il était chevalier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10214, notice ARMAND Michel, Charles par Madeleine Singer, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 27 novembre 2015.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Madeleine Singer, Le SGEN 1937-1970, thèse, Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J1471). — Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987. — Le SGEN. Des origines à nos jours, Le Cerf, 1993, collection Histoire. (Arch. Dép. Nord, J1578). — Syndicalisme universitaire, 1962-1987. — Entretiens avec M. Armand à Paris 16 novembre 1983, à Orléans 12 juillet 1988 ; lettres de M. Armand à M. Singer, 11 septembre 1995, 30 octobre 1999, 25 novembre 1999, 20 décembre 1999. (Arch. privées).

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