ARNAUD Fernand [ARNAUD Henri, Fernand]

Par Antoine Olivesi, Jacques Girault

Né le 12 novembre 1899 à Nice (Alpes-Maritimes), mort le 15 février 1982 ; représentant de commerce, puis entrepreneur ; militant socialiste à Marseille (Bouches-du-Rhône), puis, après 1945, communiste ; conseiller d’arrondissement SFIO du IIe canton de Marseille (1937-1940) ; conseiller municipal communiste de la ville (1945-1947) ; candidat communiste aux élections législatives (1958) dans le Var.

Son père, Fernand Arnaud, propriétaire et négociant en vins et huiles, avait été maire radical-socialiste de Pignans (Var) de 1900 à 1904. Arnaud reçut les sacrements catholiques. Orphelin à quatorze ans, il fit ses études au lycée de Toulon, puis, s’engagea à dix-sept ans et fit toute la guerre avec le 5e régiment d’infanterie coloniale (Verdun, Somme). Il fut décoré de la croix du combattant volontaire, de la médaille de Verdun et de la médaille américaine de Saint-Mihiel. Il était selon son témoignage sergent-chef. Son meilleur ami pendant la guerre avait été un métallurgiste parisien socialiste.
Après l’armistice, Arnaud s’installa à Marseille dans le quartier de Vauban, s’y maria en décembre 1920, s’y remaria en août 1931. Ses deux enfants ne reçurent pas de sacrements catholiques. Employé dans diverses maisons jusqu’en 1926, il devint négociant en matériaux et entrepreneur en carrelages. Comme agent d’usine, il était expert près du Tribunal de Commerce. En 1935-1938, il était secrétaire d’honneur du Syndicat des négociants et entrepositaires de matériaux, ex-trésorier du syndicat des entrepreneurs de carrelages de la ville de Marseille, administrateur de la Caisse des Écoles, du Bureau de Bienfaisance, des colonies scolaires municipales de vacances, de l’École professionnelle du Bâtiment et de l’Institut départemental des aveugles. Il était également délégué cantonal et membre de plusieurs sociétés à caractère éducatif et de divers comités de quartiers. En 1933, il était président d’honneur des « Enfants de 93 » et secrétaire général adjoint de la Fédération de la Libre-pensée des Bouches-du-Rhône. Il en devint le vice-président au congrès de Marseille en avril 1934.
En 1920, membre de la SFIO, partisan des idées de Jean Longuet, Arnaud resta au Parti socialiste après la scission.
Arnaud avait acquis dans son quartier et dans le Parti socialiste une certaine influence que confirmait un rapport de police ultérieur, le 29 décembre 1939 : « Assez influent, considéré comme la personne de confiance de M. Tasso » (Henri Tasso). Cette expression est contestée par l’intéressé ; il indique dans sa lettre en janvier 1981 qu’il était seulement « l’ami de Tasso ». Depuis 1935, il était secrétaire de la 11e section SFIO de Marseille, correspondant à son quartier où il avait fondé une sous-section (Vauban) qui groupait une centaine d’adhérents et dont il était le secrétaire depuis 1934. Il présidait à ce titre la commission exécutive du comité électoral du candidat socialiste Victor Perlet au conseil d’arrondissement en octobre 1934. Ses activités philanthropiques, sociales et laïques (Amis de l’Instruction laïque) lui valaient une grande popularité. Il fut élu secrétaire de la commission fédérale des conflits et secrétaire adjoint de la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône, secrétaire du bureau fédéral pour la région de Marseille, au congrès d’Arles, en juillet 1935. Il se prononçait régulièrement en faveur des analyses de La Bataille socialiste (tendance Zyromski). En 1939, il indiquait les responsabilités occupées dans le Parti : secrétaire fondateur de la sous-section Vauban pendant quinze ans, secrétaire de la 11eme section pendant trois ans, secrétaire de la commission fédérale des conflits pendant deux ans, secrétaire fédéral adjoint pendant deux ans (et il précisait « J’ai démissionné de ce poste pour protester contre l’attitude de la Fédération dans l’affaire Bouisson » (Fernand Bouisson), délégué suppléant au Conseil national du Parti pendant deux ans.
Aux élections législatives de 1936, il fut le candidat du Parti socialiste dans la 7e circonscription de Marseille contre Daher (URD) qui fut élu. Gaston Defferre faisait partie de son comité électoral. Il obtint 3 833 voix sur 23 001 électeurs inscrits au premier tour et 7 141 au second. En octobre 1937, il fut élu conseiller d’arrondissement du 11e canton de Marseille avec 4 094 voix sur 12 963 inscrits et 10 194 votants et au second, avec 6 509 voix sur 10 124 votants, contre le PSF Bernard. En mai 1939, il se prononça pour l’unité avec le Parti communiste (Rouge-Midi, 26 mai 1939). En 1958, il indiquait qu’en mai 1939 il avait écrit à la section socialiste d’Arles qui s’était étonnée de cette position : « Ne vaut-il pas mieux souhaiter l’unité d’action avec les communistes que d’écrire dans les journaux réactionnaires comme La Tribune provençale ou dans Le Petit Provençal, qui soutient aujourd’hui la politique Daladier-Paul Reynaud, et que combattent seuls socialistes et communistes ? » (Cité dans Le Petit Varois, 2 novembre 1958).
Le rapport de police cité plus haut et la note confidentielle qui l’accompagnait mentionnaient qu’Arnaud était mobilisé comme caporal-chef à Marseille en décembre 1939 et qu’il manifestait « une attitude politique et nationale correcte ».
Démobilisé en juillet 1940, Arnaud démissionna le 14 juillet 1940 des fonctions de conseiller d’arrondissement en signe de protestation contre le vote de la délégation de pouvoirs au maréchal Pétain, dont celui de Tasso. En 1958, il précisait que le choix du 14 juillet était volontaire et avait valeur symbolique. Il fut le premier élu socialiste SFIO de Marseille à démissionner. En septembre 1940, Raymond Vidal, conseiller municipal fit de même. Arnaud rappellera ce fait très souvent à la Libération. Il participa à la Résistance dès février 1941, successivement comme chef de bataillon, de régiment puis chef départemental de l’Armée secrète. Arrêté par les Allemands le 31 août 1943, interné à la prison des Baumettes, puis au camp de Compiègne (Oise) en novembre 1943, il fut déporté à Buchenwald en janvier 1944 où il adhéra au Front national et approcha la direction de la Résistance parmi les déportés. Il s’évada le 25 avril 1945 et fut libéré par les Américains, le 30 avril et fut rapatrié en mai 1945 après des soins donnés à l’hôpital de Liepzig. Commandant, décoré de la croix de guerre et de la Légion d’honneur, il reçut également la médaille de la Résistance. En 1958, il publiait le texte de la citation lui attribuant la Légion d’honneur : « Est promu dans l’Ordre de la Légion d’honneur, au grade de chevalier, Arnaud Henri, Fernand, capitaine de la 15e région militaire. Après avoir manifesté publiquement son esprit de résistance par une démission retentissante de ses fonctions politiques, dès l’Armistice, est entré, en 1941, dans la résistance active. Après avoir recruté, formé un bataillon d’armée secrète, a assuré les plus hautes fonctions d’ordre militaire sur la place de Marseille, traqué par la Gestapo, a, néanmoins, persisté dans son action jusqu’à son arrestation et sa déportation. Aux plus pures qualités de patriotiste [sic] a allié des qualités d’animateur passionné qui font de lui une des plus belles figures de la Résistance française ».
Après la Libération, membre de la SFIO, Arnaud, candidat au conseil général dans le 11e canton, fut battu par le communiste Étienne Gauthier qui le devança au premier tour, le 23 septembre 1945, avec 8 260 voix sur 26 418 inscrits, contre 6 290 à Arnaud qui se désista pour le second tour.
Devant la crise interne qui éclata peu après au sein de la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône, Arnaud, qui avait déjà démissionné, le 25 septembre, du comité directeur du MLN, quitta le Parti socialiste, le 10 octobre suivant, déplorant l’anticommunisme au sein de la SFIO, les rivalités de personnes, les combines politiques où les collaborateurs de 1940, disait-il, se raccrochaient aux profiteurs de la Résistance. En 1958, il indiquait que des « offres alléchantes » lui avaient été faites pour qu’il restât à la SFIO.
Arnaud se prononça pour le Oui-Non et les candidats communistes, le 21 octobre, récusant à la fois G. Defferre et Pierre Ferri-Pisani, puis adhéra localement au Front national dont il fit partie du comité directeur départemental et au Mouvement Uni de la Renaissance dont il fut vice-président du bureau pour les Bouches-du-Rhône. Il adhéra peu après au Parti communiste français et fut élu conseiller municipal de Marseille sur la liste François Billoux-Jean Cristofol en 1945-1946. Il fut de nouveau candidat sur la même liste en octobre 1947 mais sans succès cette fois.
Malade, il se retira de la vie politique et s’établit à Pignans (Var), sa commune d’origine. Il s’y occupa notamment des anciens combattants et des internés. Il présida la fédération varoise de l’ARAC et fut membre de son comité national. Secrétaire de la cellule communiste, candidat aux élections municipales sur la liste communiste à trois reprises, candidat au conseil général dans le canton de Besse, il obtint, le 17 avril 1955, 1 353 voix sur 2 902 inscrits, devancé d’une soixantaine de voix par son adversaire socialiste. Candidat aux élections municipales sur les listes communistes à trois reprises, il conduisait, le 14 mars 1965 la « liste d’union républicaine, laïque et d’intérêt communal. Liste Fernand Arnaud ».
Pour les élections législatives de 1958, le PCF le présenta comme candidat dans la première circonscription (Draguignan) du Var. Il était alors indiqué dans sa profession de foi comme « propriétaire viticulteur ». Le 23 novembre 1958, il obtenait 11 708 voix sur 61 909 inscrits et 12 341 voix au deuxième tour.
En 1981, Arnaud, avec son épouse née Renée, Armandine Gislain, était toujours membre du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10234, notice ARNAUD Fernand [ARNAUD Henri, Fernand] par Antoine Olivesi, Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 19 septembre 2022.

Par Antoine Olivesi, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 11 M/60, 61, 62 ; V M 2/282 ; M 6/11249, rapport cité... — Arch. Fédération communiste du Var. — Le Petit Provençal 25 septembre et 31 novembre 1933, 16 avril, 18 juin, 14, 15 et 16 septembre 1934, janvier, juillet, novembre 1935, 23 avril 1936 (photo), décembre 1936, 5, II et 18 octobre 1937. — La Marseillaise, 10 octobre 1945 (lettre de démission), 18 et 19 octobre, 2 et 3 décembre 1945, 7 décembre 1946, 25 et 26 octobre 1947. — Rouge-Midi, notamment les 24 septembre, 1er octobre et 10 octobre 1945. — Le Petit Varois, 2 novembre 1958 (photo avec son épouse). — Album photographique et biographique des personnalités de Marseille, p. 31 (photo). — Var.Dictionnaire Annuaire et Album (notice sur son père). — Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes de Jocelyne George. — Témoignage de Léon Baudou*.

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