BRIDIER A. Pseudonyme à Moscou : DURANT Louis

Par René Lemarquis

Né le 16 octobre 1900 à Le Bourg-d’Hem (Creuse) ; maçon cimentier puis chauffeur de taxi ; militant communiste et syndicaliste unitaire de la région parisienne (Paris, Vanves) ; élève de l’ELI en 1934.

A. Bridier était le fils de petits paysans pauvres. Son père, ancien maçon parisien avant la guerre était abonné à La Bataille Syndicaliste et votait socialiste, engageant les autres paysans à faire de même (« Votez donc rouge, ils ont toujours le temps de blanchir » disait-il). Il avait un esprit de classe très développé selon son fils qui fréquenta l’école primaire de sept à treize ans et en garda une certaine soif de connaissances. Il affirmait avoir « toujours aimé la lecture dévorant tout ce qui [lui] tombait sous la main » et être heureux « quand un livre anticlérical [lui] tombait sous les yeux ». De fait la liste des auteurs cités dans son autobiographie du 9 avril 1934 est assez impressionnante tant en littérature qu’en théorie politique. Cette culture s’étendra en 1928-1931 au cinéma (il indique les principaux films d’Eisenstein, Poudovkine, Ekk, Pabst...) et au théâtre.

A. Bridier commença à travailler à treize ans chez ses parents jusqu’à dix-sept ans puis fut manœuvre maçon à Pithiviers (Loiret). Il fut employé en 1919 comme maçon au barrage d’Éguzon (Indre). En 1920-1922 il fit deux ans de service militaire et affecté pendant quatorze mois au Service géographique où il préparait des cartes géographiques (ainsi en 1921 des cartes pour l’armée d’occupation en Allemagne). (Plus tard, en 1927, lors d’une période de réserve au camp de La Courtine, il eut une activité antimilitariste dont pouvait témoigner Lenoir, un responsable de la CGTU). A son retour en 1922 il fut maçon à Reims et à Paris jusqu’en 1926. Après un retour dans sa région chez ses parents en 1927 il revint à Paris et commença, à partir d’octobre 1928, à exercer le métier de chauffeur de taxi. Il s’était marié en 1924 avec Berthe Laroche, fille de paysans pauvres, employée de maison à Paris ; ils avaient, en 1934, un fils de 9 ans.

A. Bridier adhéra en juin 1924, lors d’une campagne électorale, au Parti communiste, à la 15e section de Paris, en même temps qu’au Syndicat unitaire du Bâtiment (à direction anarchiste dit-il) où il ne s’investit guère étant plus attiré par la théorie politique. Il constitua une cellule dans le IXe arr. (rue de la Tour-des-Dames). De retour quelque temps dans la Creuse en 1927 il tenta vainement de faire vivre une cellule à Champsanglard. Ayant alors des difficultés d’argent il cessa de payer ses cotisations au parti tout en restant propagandiste (de 4 voix en 1924, le PC passa à 30 voix en 1928 sur environ 120 électeurs).

A son retour à Paris, il adhéra de nouveau au Syndicat du Bâtiment à la suite d’une lettre qu’il avait envoyée à l’Humanité sur les conditions de travail des cimentiers mais sans reprendre sa carte au PC. Il milita ensuite dans le Syndicat unitaire des cochers chauffeurs où il fut élu membre de la commission exécutive à majorité communiste. Désireux de soutenir son point de vue contre certains membres de cette CE, il demanda, en 1932, sa réadhésion au PC, d’autant plus que la crise mondiale « augmentait les possibilités révolutionnaires ». Il fut candidat communiste aux élections municipales de Vanves, mais il jugeait que « le travail syndical est plus important que le travail local ».

Après 1932, A. Bridier fut surtout actif dans la fraction communiste du syndicat où un conflit opposait Constantin Nespoulos, administrateur de la Coopérative syndicale des taxis, à Raymond Loche* et Garcia. A. Bridier critiquait aussi bien « l’opportunisme » de Nespoulos que « l’activité entachée de sectarisme des deux autres copains ». Mais c’est de Nespoulos qu’après « une bagarre acharnée » dans sa cellule que l’exclusion fut demandée ce qui fut obtenu à la suite d’une commission de contrôle régionale. Ces luttes avaient affaibli le syndicat qui s’engagea en 1933 dans un combat contre les mesures du gouvernement Daladier relatives à un impôt sur l’essence qu’aggravaient les conditions de vie des chauffeurs. A la suite de cette bataille, A. Bridier affirmait qu’il fut choisi, avec quatre autres camarades pour compléter le travail d’organisation de la section syndicale. La direction du parti ayant alors demandé au secrétaire du syndicat de choisir deux militants pour aller à Moscou à l’ELI son nom fut retenu avec un certain Lambert. Il écrivit son autobiographie le 9 avril 1934 à Moscou où il prit le pseudonyme de Louis Durant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102470, notice BRIDIER A. Pseudonyme à Moscou : DURANT Louis par René Lemarquis, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2010.

Par René Lemarquis

SOURCE : RGASPI : 495.270.1021 : Autobiographie du 9 avril 1934 (n’indique pas de prénom, ni d’adresse).

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