BRODEL Louis, Édouard

Par Jean Maitron, Claude Pennetier et Justinien Raymond

Né le 31 mars 1892 à Saint-André (Nord), mort le 26 janvier 1936 à Lille, marié au Creusot (Saône-et-Loire) le 3 mars 1917 avec Léonie Clair, père d’un enfant ; employé, mineur, agent d’affaires, représentant de commerce ; militant syndicaliste du Nord ; membre du Comité directeur du Parti communiste élu en décembre 1921 (démissionne en janvier 1922) ; socialiste-communiste puis socialiste SFIO ; député socialiste du Nord de janvier 1934 à janvier 1936.

Louis Brodel (1921)
Louis Brodel (1921)
cc Agence Meurisse

Louis Brodel était le plus jeune des quatre enfants d’un peintre en Bâtiment (Alexandre, Adolphe, né en 1859, domicilié rue de Lille à Saint-André) qui le laissa orphelin à l’âge de treize ou quatorze ans. Il quitta alors l’école primaire chrétienne pour travailler successivement : à la banque locale Scalbert, aux abattoirs, chez Kuhlmann, dans une minoterie, et, enfin, comme mineur à Lens. Avant la Première Guerre mondiale, il vécut pendant deux ans en Pologne russe et en Roumanie comme employé de l’entreprise textile française Motte et Meillassoux de Roubaix. Pendant l’entre-deux-guerres, il déclarait les professions d’agent d’affaires ou de représentant de commerce.

Mobilisé en août 1914, blessé à Neuville-Saint-Vaast en 1915, renvoyé au front, Louis Brodel put quitter Verdun, en 1916, en raison d’une cardiopathie qui le fit réformer et pensionner. Il travailla peut-être au Creusot car il s’y maria en mars 1917. La paix revenue, Brodel, socialiste depuis 1910, se lança dans l’action syndicale et politique. Après avoir été membre de la commission administrative du syndicat des mineurs du Nord en 1919, il fut un temps secrétaire de la Bourse du Travail d’Halluin et militant de la CGT puis de la CGTU. Membre du Parti socialiste et candidat au conseil d’arrondissement à Lille en 1919, il opta pour la IIIe Internationale à l’issue du congrès de Tours (décembre 1920). Dès sa formation, il assura les fonctions d’archiviste de la Fédération communiste du Nord, de collaborateur du journal Le Prolétaire du Nord et du Pas-de-Calais et, en 1921, de secrétaire fédéral. La Fédération du Nord délégua, au congrès national de Marseille (25-30 décembre 1921) Brodel et Mayer avec des mandats favorables à la Gauche et pour consigne de faire élire au Comité directeur Lauridan, malgré l’obstacle statutaire présenté par sa date d’adhésion : Lauridan n’atteignait les trois ans d’appartenance au Parti que le 1er janvier 1923. Les instructions fédérales étaient impératives et impliquaient qu’en cas de refus du congrès aucun représentant du Nord ne siégerait au CD, or, Brodel se présenta comme candidat et fut élu. Son attitude pendant le congrès contribua à l’élimination de Boris Souvarine, leader de la Gauche. La commission administrative du Nord, réunie le 8 janvier 1922, adressa un message de sympathie aux dirigeants solidaires de Souvarine et mit Brodel en demeure de choisir entre le Comité directeur et sa responsabilité de secrétaire général permanent. Il démissionna du CD (séance du 24 janvier 1922) mais les militants les plus influents jugèrent son attitude « opportuniste » et trop favorable à la « droite » du Parti.

Il démissionna du secrétariat fédéral en février 1922, fut réélu le 24 mars 1922 mais, blâmé par le congrès fédéral de Douai, le 14 janvier 1923, il fut exclu le 4 mars suivant.

Ce conflit se répercuta dans l’ARAC (Association républicaine des anciens Combattants) : le congrès départemental de Valenciennes, du 10 mai 1923, le mit en minorité. Il démissionna et G. Jerram, militant communiste, accéda au secrétariat. Brodel assura pendant quelques années le secrétariat général de la Fédération du Nord de la Libre Pensée.

Brodel adhéra alors à la Fédération socialiste-communiste du Nord, appartint à son bureau, devint son délégué à la propagande et, en 1924, son secrétaire général pour peu de temps. Il réintégra le Parti socialiste SFIO, entra au bureau de section de Saint-André en 1928 et fut rapidement nommé secrétaire général. Il était, en 1934, secrétaire général des sections socialistes de l’arrondissement de Cambrai (huit sections). Louis Brodel remporta quelques succès électoraux : de 1925 à 1929 il siégea au conseil municipal de Marquette-lès-Lille, puis, de 1929 à sa mort à l’Hôtel de ville de Lille ; en 1931 le canton sud de Lille l’envoya au conseil d’arrondissement dont il fut secrétaire puis vice-président. Dans une ville ouvrière atteinte par la guerre, Louis Brodel joua un rôle efficace à la présidence de l’Office municipal des HLM. Pour l’élection partielle, rendue nécessaire dans la 1ere circonscription de Cambrai par la mort du député socialiste Maurice Camier, la Fédération socialiste donna l’investiture à Brodel. Le 14 janvier 1934, il recueillit 6 605 voix sur 28 057 inscrits, derrière le candidat de droite (9 114), devant les candidats radical (5 532) et communiste (2 998). Il conquit le siège le 28 janvier avec 12 196 contre 11 146 au candidat de droite. À la Chambre, Brodel prit la défense des chômeurs et des retraités, mais la mort interrompit son mandat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102609, notice BRODEL Louis, Édouard par Jean Maitron, Claude Pennetier et Justinien Raymond, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 6 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier et Justinien Raymond

Louis Brodel (1921)
Louis Brodel (1921)
cc Agence Meurisse

ŒUVRE :Préface à la brochure : Face aux exploiteurs de la Mort.

SOURCES : Arch. Nat. F7/12893, F7/13083, rapport du 26 octobre 1926 ; F7/13610, rapports du 15 et 23 janvier 1921. — Arch. Dép. Nord, M 154/78 A, M 154/195, M 37/76, M 37/89. — Le Prolétaire, (Nord et Pas-de-Calais), 27 mars 1921. — L’Humanité, 12 juillet 1921. — Le Réveil du Nord, 22 janvier 1934, 28 janvier 1936. — L’Avenir du Cambrésis, 24 décembre 1933. — Le Populaire, 15 et 29 janvier 1934. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français, op. cit. — État civil de Saint-André. — Renseignements recueillis par Y. Le Maner.

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