BRUSCHINI Gaston, Émile, Ange, Jacques, Paul, Henri, Félicien

Par Roland Andréani

Né le 16 juin 1900 à Stazzona (Haute-Corse), mort le 26 avril 1978 à Digne (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; répétiteur, puis professeur-adjoint, puis surveillant général de lycée ; syndicaliste de la FGE-CGT, puis CGT-FO ; militant socialiste SFIO, puis PS ; conseiller général des Basses-Alpes (1945-1978).

Fils d’instituteurs, Gaston Bruschini, ajourné pour faiblesse par les conseils de révision de 1920 et 1921, fut déclaré bon pour le service armé l’année suivante. Arrivé au 23e régiment de tirailleurs algériens le 18 novembre 1922, il fut renvoyé dans ses foyers, à Bastia, dès le 14 mai 1923. Cette libération anticipée ayant été déclarée indue, sa réaffectation au même corps le 9 fut suivie de sa promotion immédiate au grade de caporal le 16 août, avant un rapide retour à la vie civile le 14 novembre 1923.

Titulaire de la première partie du baccalauréat en 1920 (option Latin, langues), il travailla comme répétiteur au collège de Soissons (Aisne) en 1921, comme surveillant d’internat au lycée de Valenciennes (Nord) en 1922. Les débuts du bachelier (option Philosophie) de 1924 comme maître d’internat au lycée Gassendi de Digne, allaient déterminer les carrières professionnelle et militante de Bruschini, puisqu’ils furent sans doute l’occasion de la rencontre d’Élise Andrée Gratienne Richard, née au chef-lieu des Basses-Alpes le 12 août 1901, et épousée à Roanne le 18 septembre 1926. Entre temps, le passage dans le corps des répétiteurs avait dès 1925, conduit le Corse dans la Somme, au collège d’Abbeville, la mutation au lycée de Roanne en 1926, expliquant le mariage dans cette sous-préfecture de la Loire, où la conjointe, d’abord sans profession, allait devenir dame employée d’hypothèques. La nouvelle fonctionnaire ne s’attarda pas dans le poste, obtenant une mutation à Paris fin 1927, pour rejoindre le mari qui venait d’être affecté au lycée Lakanal de Sceaux où il avait été nommé pour lui permettre de préparer une licence à la Sorbonne. Elle se trouvait alors à Digne où elle avait été nommée, auprès de ses parents, Paul Isidore Richard, entrepreneur de maçonnerie, et Élida Marie, née Gilly, sans profession, pour donner le jour à la fille unique du couple, Renée Yvonne, le 27 décembre 1927. Il obtint un poste de répétiteur au lycée de Digne en 1928 où, à partir de 1932, il exerça les fonctions de secrétaire du proviseur.

Élu en avril 1928 au bureau du Syndicat national des professeurs-adjoints, répétiteurs et répétitrices des lycées, Bruschini fut avec Caudry codirecteur du journal de cette organisation qui avait adhéré à la CGT l’année précédente, et qui y participait à la création de la Fédération générale de l’Enseignement (FGE) en octobre. À cette date, nommé au lycée de Digne, il continua son militantisme syndical, tout en étant correspondant du quotidien socialiste Le Petit provençal. Il s’attira des menaces de sanctions de sa hiérarchie d’autant que secrétaire de la section socialiste SFIO, il se heurtait aux dirigeants politiques locaux radicaux-socialistes. Son proviseur, très critiqué pour sa gestion par l’inspecteur d’académie, échoua dans ses demandes de sanctions contre le militant. La situation se modifia après la mutation du proviseur.

Organisateur dès 1929 de la section bas-alpine de la FGE, il en assuma le secrétariat, tout en devenant la même année, secrétaire général de l’UD-CGT qui se séparait alors des Hautes-Alpes, et dont son collègue Roger Guigues était nommé trésorier. Maintenu par le congrès bas-alpin d’unification du 17 novembre 1935, Bruschini, qui conserva cette charge jusqu’au retour sous les drapeaux le 26 août 1939, représenta la CGT devant la commission préfectorale pour les grèves de 1936 à L’Argentière-La Bessée (Hautes-Alpes). Secrétaire de la section socialiste SFIO de Digne, il avait apporté, à propos de la Russie, la contradiction à Virgile Barel lors de la réunion organisée par les communistes locaux le 28 mars 1929. À la commission de propagande du parti cette année-là, il fut ensuite membre du bureau fédéral en 1930-1931, secrétaire du comité de la circonscription de Digne-Barcelonnette en 1932. Les obligations syndicales ne l’empêchèrent pas d’être candidat au conseil général dans le canton de Turriers le 10 octobre 1937, avant de se retirer au 2e tour en faveur du radical Auguste Taxy.

Ces engagements allaient valoir au sergent-chef démobilisé le 4 août 1940, d’être éloigné de l’établissement où il avait été promu professeur-adjoint le 28 juillet 1938 conformément au décret du 8 avril précédent. Chargé à titre provisoire de la surveillance générale en 1939 au lycée de Digne, nommé professeur adjoint au lycée de Montluçon (Allier) le 21 octobre 1940, déplacé d’office le 15 décembre 1940 (mesure non appliquée en raison de sa situation familiale), relevé de ses fonctions le 10 février 1941 pour appartenance à la franc-maçonnerie (unique loge bas-alpine de l’entre-deux guerres, La Fraternité provençale, fixée à Oraison depuis 1930 et affiliée au Grand Orient), il fut maintenu en fonctions en mars 1941 avant d’être mis la retraite en 1942.

Sa déclaration d’appartenance comme agent du service de renseignements interallié de mars 1943 à juin 1944 ne reçut pas d’homologation à la différence de son appartenance à l’AS (FFI) à partir du 10 juin 1944, au maquis de Fabre (Tarn) au lendemain du débarquement de Normandie, puis au Corps Bayard vers Toulouse (Haute-Garonne) jusqu’au 22 septembre. Il retrouva le lycée Gassendi le 1er octobre 1944. Inscrit en juin 1945 sur la liste d’aptitude aux fonctions de surveillant général, nommé surveillant général à titre provisoire, il obtint sa retraite à la fin de l’année scolaire 1959-1960, faisant fonction de censeur depuis 1957.

Veuf en 1938, il s’était remarié le 23 décembre 1944 avec une professeur d’italien à l’Ecole normale d’instituteurs de Digne. Élu conseiller général de Noyers-sur-Jabron le 30 septembre 1945, porte-parole du groupe socialiste, il fit élire à la présidence son camarade Ernest Borrély, et devint secrétaire de la commission départementale. Son mandat lui valut d’être l’un des six représentants des intérêts économiques, nommés au conseil d’administration du bassin des houillères de Provence le 11 mars 1947. Ces positions expliquaient son effacement comme responsable provisoire désigné fin décembre pour les Basses-Alpes par la direction de Force ouvrière : Bruschini ne figura pas dans le premier bureau de l’union départementale dont les statuts furent déposés le 28 mai 1948. Fidèle au socialisme jusqu’à sa mort, le canton le réélut dès le 1er tour, les 20 mars 1949, 17 avril 1955, 4 juin 1961, 24 septembre 1967, et 23 septembre 1973. C’est dans la 1ère circonscription qui n’incluait pas Noyers-sur-Jabron que Bruschini représenta sans succès la SFIO au 1er tour des élections législatives le 23 novembre 1958.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102706, notice BRUSCHINI Gaston, Émile, Ange, Jacques, Paul, Henri, Félicien par Roland Andréani, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 17 août 2021.

Par Roland Andréani

SOURCES : Arch. Nat., F17/27680.— Arch. Dép. Haute-Corse, état civil. Arch. Dép. Corse-du-Sud, registre matricule, classe 1920, 9 NUM 61/1977. — Arch. Dép. Loire, état civil. Arch. Dép. Alpes-de-Haute-Provence, état civil et 6 M 090, recensements de Digne, 1931, f. 96 et 130, 1936, f. 161. — Arch. Nat., F 7/13024, F 7/13081, F 7/13115. J.O. Lois et décrets, 15 décembre 1927, p. 12610, 24 août 1941, p. 3569, 22 juin 1945, p. 3772, 12 mars 1947, p. 2272 (BNF Gallica). Le Professeur adjoint. Section Collèges, 1ère année, n° 1, avril 1928, p. 10, 2e année, n° 1, octobre 1928, p. 2, 3 et 4 (BNF Gallica). L’Université, 1ère année, n° 8, novembre-décembre 1929, p. 1 (BNF Gallica). — Bulletin d’informations du Syndicat du Personnel de l’Enseignement secondaire, 1ère année, n° 8, 15 mai 1938, p. 424-427, 2e année, n° 11, 15 octobre 1938, p. 38 (BNF Gallica). — La Voix du peuple, n° 92, avril 1928, p. 260, n° 112, décembre 1929, p. 900-901, n° 138, février 1932, p. 156, n° 160, janvier 1934, p. 57, n° 165, juin 1934, p. 438, n° 181, novembre 1935, p. 936, n° 196, février 1937, p. 129, n° 210, avril 1938, p. 300-301 (BNF Gallica). Le Travailleur des Alpes, 2 janvier 1932. Le Peuple, 3 mai 1938, p. 4 (BNF Gallica). Le Cri des travailleurs, 17 juin 1939, p. 6 (BNF Gallica). La Provence ouvrière et paysanne, 6 avril 1929, p. 3 (BNF Gallica). Le Populaire, 12 octobre 1937, p. 4 (BNF Gallica). Conseil général du département des Basses-Alpes. Rapport de M. Édouard Orliac, préfet des Basses-Alpes. Procès-Verbaux des délibérations du Conseil général et de la Commission départementale. Deuxième session ordinaire de 1945, Digne, 1946 (BNF Gallica). — Michel Dreyfus, « Les responsables départementaux de Force ouvrière durant l’ère Bothereau » dans Michel Dreyfus, Gérard Gautron et Jean-Louis Robert (dir.), La Naissance de Force ouvrière. Autour de Robert Bothereau, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 67-82. Force ouvrière, 1er janvier 1948. — Arch. Mun. Digne. Roland Andréani, « Un établissement d’enseignement secondaire masculin de la Libération à la 5e République : le lycée Gassendi de Digne », Liame, n° 6, juillet-décembre 2000, p. 167-198. — Notes de Louis Botella et de Jacques Girault.

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