BRUNET Marcelle [BRUNET Marie, Louise, Marcelle]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville

Née le 17 janvier 1885 à Chabanais (Charente), suicidée le 22 avril 1926 ; institutrice en région parisienne ; syndicaliste de l’enseignement ; pacifiste ; féministe ; membre de la commission exécutive du Comité pour la reprise des relations internationales ; membre du comité exécutif du Comité de la IIIe Internationale.

Élève de l’école primaire supérieure Edgar Quinet, Marcelle Brunet devint institutrice en 1904, et exerça à Choisy, Issy, Vitry-Centre, Saint-Denis et Paris (XVIIIe arr.). Elle habitait depuis 1912 avec sa mère et ses deux frères, 97 rue de Rennes à Paris, VIe arrondissement.
Syndiquée depuis 1910 à la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs (FNSI, affiliée à la CGT), elle fut signataire en 1912 du Manifeste des instituteurs qui s’opposait à la pression gouvernementale visant à dissoudre la FNSI. Elle reçut en conséquence une réprimande de l’Inspecteur d’académie le 9 octobre 1912. Membre de L’École de la Paix, Marcelle Brunet participa au congrès pacifiste international de Stockholm en 1910, et manifesta son pacifisme avant la Première Guerre mondiale en participant aux campagnes contre la guerre des Balkans et la loi des trois ans. Elle était également militante de la Fédération féministe universitaire, et écrivait dans sa revue L’Action féministe.

Pendant la guerre elle contribua à partir de 1915 à la remise sur pied de la FNSI, entra au conseil syndical et seconda son amie Hélène Brion. Elle fit partie avec Fernand Loriot et Hélène Brion de la commission exécutive du Comité pour la reprise des relations internationales. Déléguée par le Syndicat des instituteurs de la Seine au Comité de défense syndicaliste, elle fut amenée à participer directement à la propagande en milieu ouvrier. Elle prit ainsi la parole, le 11 mars 1917 dans une réunion publique organisée à Montreuil par la Chambre syndicale de la céramique et le comité intersyndical de Montreuil-Vincennes, pour se déclarer heureuse d’apprendre qu’en raison de la vie chère, des femmes s’étaient révoltées, mais elle regrettait que ce fût à Aix-la-Chapelle et à Cologne et non à Paris : « Que font les Parisiennes ! Elles ont cependant un tempérament plutôt révolté. La tiédeur dont elles font preuve est le résultat de la fréquentation des églises et des temples ; mais, lorsque cela cessera, l’esprit révolutionnaire renaîtra plus vigoureux que jamais » (Arch. Nat. F7/13575, 18 décembre 1917).
Marcelle Brunet écrivait en 1919-1921 dans la revue La Lutte féministe d’Hélène Brion. Elle soutenait aussi le journal La Paix organisée. Elle militait à la 6e section socialiste de la Seine et aux Femmes socialistes qu’elle représenta au congrès des Jeunesses socialistes de France, à Puteaux, le 25 juillet 1920. Elle figura au comité exécutif du Comité de la IIIe Internationale.

Ses activités et des plaintes de parents d’élèves lui valurent d’être déplacée d’office en 1922. Après l’Armistice, Marcelle Brunet eut des responsabilités au syndicat de l’Enseignement de la Seine (trésorière en 1919-1920, membre du bureau en 1922-1923, membre du conseil syndical de 1918 à 1923 au moins). Elle participa à de nombreux congrès fédéraux de l’Enseignement, en particulier à ceux de 1920 et 1925. Militante des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), elle fut élue à la commission exécutive de l’Union des syndicats de la Seine en décembre 1920, arrivant en tête des suffrages. Déléguée au congrès de fondation de la CGTU, elle fut membre de sa commission féminine et de la commission exécutive de l’Union des syndicats CGTU de la Seine en 1922.
Elle fut également militante du Parti communiste, membre en 1922 de la Commission pour le travail communiste parmi les femmes (dirigée par Marthe Bigot). Mais elle était nettement plus active sur le plan syndical.

Hélène Brion écrivit que Marcelle Brunet était « en même temps révolutionnaire convaincue et ennemie décidée des moyens violents » (L’Action féministe, n° 5, mai 1926). Marthe Bigot, rendant hommage à « son courage », considérait que « féministe, elle fut révolutionnaire se rendant compte que c’était du côté de la Révolution, et de ce côté seulement, que la femme trouverait la véritable émancipation » (L’École Émancipée, n° 38, 20 juin 1926).

Les principales féministes dans le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?mot192

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102877, notice BRUNET Marcelle [BRUNET Marie, Louise, Marcelle] par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville

SOURCES : Arch. Nat. F7/13569, F7/13575, F7/13618, F7/13743, F7/13744, F7/13973. — Arch. Dép. Paris D1T1 297. — L’École Émancipée. — L’Action féministe. — Les Semailles (bulletin syndical de la Seine). — La Bataille syndicaliste. — L’Humanité, 7 novembre 1920 et 19 décembre 1920. — La Révolution Prolétarienne, n° 18, juin 1926, p. 28. — Dossier Marcelle Brunet à la bibliothèque Marguerite Durand. — Interview de Roger Hagnauer par A.-M. Sohn, 16 juin 1971. — A.-M. Sohn, Féminisme et syndicalisme, thèse IIIe cycle, op. cit.

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