ARTHAUD René, Ferdinand

Par Claude Pennetier, François Roux

Né le 20 septembre 1915 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 21 juillet 2007 ; pharmacien ; militant communiste de Marseille puis du Vaucluse, écarté en 1953 et démissionnaire en 1957 ; maire adjoint d’Avignon (Vaucluse), député du Vaucluse (1946-1951), conseiller de l’Union française ; ministre de la Santé publique en 1946.

René Arthaud dans les années 1940
René Arthaud dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

Militant de premier plan à la Libération, Arthaud est parmi les ministres communistes celui qui est le plus oublié, sans doute en raison de sa mise à l’écart à partir de 1953, mais aussi de son silence après sa démission du Parti communiste en 1957.

Le père de René Arthaud, Rodolphe Arthaud, employé des postes, disciple de Camille Pelletan, fut conseiller général radical d’Orpierre (Hautes-Alpes), adjoint au maire de Gap et président du conseil général des Hautes-Alpes. Il fit un voyage en URSS et revint avec des « témoignages très documentés » (présentation du ministre, 1946).

Après des études secondaires à Gap, Marseille, Paris, René Arthaud sortit pharmacien de la Faculté de Marseille en 1941. Sa famille habitait à Paris en 1932. René Arthaud adhéra aux Jeunesses communistes en 1934 et participa aux bagarres avec les Camelots du Roy. Après une coupure d’un an pour raisons familiales, il rejoignit le Parti communiste en 1936. Il était secrétaire des étudiants communistes à Marseille en 1938 et rédacteur au journal Rouge Midi.

Mobilisé en 1939 à l’hôpital de Bar-le-Duc, puis à Rouen, il tenta, sans beaucoup de succès, de constituer un noyau communiste avec Jacques Solomon*. L’activité se limita à la diffusion de matériel de propagande parmi les infirmiers, dont la lettre d’André Marty* à Léon Blum*. Il était à Laon le 10 mai 1940. Il prolongea ses études à Marseille après la défaite, reprit contact avec le Parti communiste en septembre 1940 et constitua un groupe d’étudiants. Grièvement blessé et soigné à Gap, René Arthaud permit la liaison des militants de cette ville avec le PCF mais en février 1941 une vague d’arrestations dispersa son groupe. Il revint à Marseille en juin 1941 et reprit une activité de diffusion de matériel de propagande mais, un mois plus tard, il perdit le contact avec le PCF. Il vint s’installer à Avignon (il se maria à Apt le 30 décembre 1941 avec Delphine Dromel), reprit contact ave le Parti en mai 1942 et y organisa le Front national. En février 1944, le responsable régional, très gravement blessé par la police se réfugia dans sa pharmacie. Il réussit à faire disparaître tout ce qui pouvait être compromettant et à le faire mener à l’hôpital, mais la Gestapo l’interrogea, sans suite. Le Parti lui demanda de rester isolé un certain temps. Il représenta le PC au Comité de Libération clandestine puis, après la Libération, au Comité départemental de Libération.

Il fut membre du conseil municipal d’Avignon, nommé le 25 août 1944 et désigné comme adjoint au maire, fonctions que les électeurs lui confirmèrent aux élections municipales de 1945. Il fut élu, à la tête de la liste du PC, député du Vaucluse à la Constituante, le 21 octobre 1945 — à l’issue d’une campagne contre Daladier, « le fossoyeur de la Patrie » —, puis réélu aux élections du 2 juin 1946 à la seconde Constituante et aux législatives du 10 novembre 1946. Secrétaire de l’Assemblée, il fit partie, comme ministre de la Santé, du gouvernement Georges Bidault (24 juin-6 décembre 1946). Il était présenté comme le plus jeune ministre « qu’ait eu la République ». Un autre militant du Vaucluse, Fernand Marin, fut son chef de cabinet adjoint. Arthaud fut souvent présent dans son département, ainsi à Apt où il inaugura une place Gabriel-Péri* en août 1946, et à Avignon. Il tenta des régler le problème de la pénurie de moyens de transport médicaux, poursuivit la lutte contre la tuberculose, s’attacha particulièrement à la question de la santé mentale en privilégiant les soins sur l’internement, et contribua à la création de nouvelles écoles « publiques » d’infirmières (l’Humanité, 5 septembre 1946).

René Arthaud fut un parlementaire actif, particulièrement dans la commission de la famille, de la population et de la santé publique. Son intervention du 5 décembre 1947 fut remarquée : il interpella le gouvernement à la suite des incidents qui ont fait trois morts à Valence.

Dans une lettre au secrétariat du Parti communiste, datée du 23 février 1950, il indiquait qu’il avait été chargé de l’activité des groupes des TOM à l’Assemblée nationale, et constata les divergences entre André Marty, qui avait la responsabilité politique des colonies, et des militants comme Raymond Barbé* et Élie Mignot*, notamment à propos de Madagascar. Il n’admit pas que Mignot, un proche de Thorez, lui dise que le camarade « Marty avait perdu [du pouvoir] dans la dernière période » et sembla partager le point de vue anticolonialiste de Marty sur la question nationale, sans bien se rendre compte qu’il était au cœur d’une contradiction entre Maurice Thorez* et ses amisd’une part, et Marty d’autre part. Il est significatif que cette lettre ait été conservée dans les papiers personnels de Thorez, dans un dossier « André ».

Aux élections législatives du 17 juin 1951, René Arthaud fut victime du système des apparentements. Il fut nommé conseiller de l’Union française, et siégea du 9 octobre 1952 au 13 janvier 1953. Le Parti communiste lui demanda de présenter sa démission pour avoir défendu des positions non conformes à la ligne du Parti. À la Mutualité le 21 janvier 1953, dans le contexte de l’affaire Marty-Tillon, Auguste Lecoeur* déclara : « Ces jours derniers, nous avons exigé du camarade sa démission de l’Assemblée de l’Union française. En effet, les écarts de conduite de ce camarade risquaient d’en faire une proie facile pour l’ennemi de classe. ». Pendant l’été 1952, il avait quitté le poste de direction du périodique communiste La Renaissance du Vaucluse. Revenu à la base, il quitta le PCF en 1957 après le rapport Khrouchtchev et l’affaire hongroise et se retira de toute vie politique tout en gardant des idées de gauche. Dans sa lettre de démission, René Arthaud justifia sa démission par la non prise en compte à la direction du PCF des questions politiques posées par le XXe congrès du PCUS. Il réaffirma sa fidélité au PCF mais dit préférer rester un sympathisant gardant espoir d’une évolution du PCF, plutôt qu’un militant mal à l’aise.

Il créa la pharmacie du Landy à Aubervilliers dans les années 1960, puis une autre pharmacie-laboratoire à Sarcelles. Retraité, il vécut à Apt au milieu des années 1980 puis revint à Paris après le décès de son épouse en 1991.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10289, notice ARTHAUD René, Ferdinand par Claude Pennetier, François Roux, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 17 février 2022.

Par Claude Pennetier, François Roux

René Arthaud dans les années 1940
René Arthaud dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

SOURCES : Fonds René Arthaud, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (272 J), inventaire en ligne. — RGASPI, 495 270 183. — Arch. comité national du PCF. — Arch. Thorez, AP 286, notes de Paul Boulland. — DPF, 1940-1958, tome I, op. cit. — DBFC, Pharos, 1954. — Le Monde, 15 janvier, 22 janvier 1953. — Notes d’André Simon.

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