BUIGNET Gaston

Comptable chez un négociant abbevillois, Gaston Buignet embrassa très jeune les idées socialistes, ce qui lui valut de perdre son emploi et de connaître la misère pendant plusieurs années. Ayant adhéré au POF en 1895 au moment où les Fédérations guesdistes de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord étaient groupées, il animait avant l’unité le groupe guesdiste d’Abbeville (Somme) qui, en s’unissant à la Fédération autonome, en un congrès qu’il présida en tant que correspondant à la propagande de la Fédération de la Somme du POF, le 1er juin 1905 à Saint-Léger-lès-Domart, réalisa l’unité départementale.

De janvier à novembre 1905, Buignet fut, avec Dufossé, secrétaire de l’Union des syndicats ouvriers d’Abbeville. Dufossé fut remplacé par Farcy à partir du 13 novembre 1905 et jusqu’au 27 décembre 1907. Buignet demeura alors seul secrétaire de l’Union qui devint Bourse du Travail fin 1908.

Il fut avant-guerre candidat malheureux du parti SFIO à diverses élections, en particulier aux cantonales de 1910 dans la 1ère circonscription d’Abbeville et aux législatives partielles dans la même circonscription, toujours en 1910. Après ces échecs, Buignet orienta en priorité son action sur le terrain syndical.

Lors de la constitution de l’Union départementale des syndicats en 1912, il fut élu secrétaire adjoint, poste qu’il conserva jusqu’en 1914, date à laquelle il remplaça Clevet, appelé au Bureau national de la FNCC, au poste de secrétaire. Georges Buignet conserva cette fonction jusqu’en 1921 et assista à ce titre aux congrès nationaux de la CGT.

Resté fidèle à la SFIO à l’issue du congrès de Tours, il parvint à maintenir la section abbevilloise, dont il était le secrétaire dans le giron du Parti socialiste. Il ne connut pas le même succès sur le plan syndical. En effet, lors du congrès de l’UD-CGT de la Somme, tenu à Amiens en avril 1921, Buignet fut éliminé de son poste de secrétaire sous la pression conjointe des anarchistes et des communistes qui détenaient la majorité des mandats et qui le remplacèrent par l’anarchiste François Rose.

Minoritaires, les militants socialistes furent contraints de créer une nouvelle UD, adhérente à la CGT dont le congrès constitutif eut lieu à Amiens le 22 janvier 1922 et au cours duquel Buignet fut élu à la commission administrative provisoire. Si l’on excepte sa participation à une tentative de réunification syndicale à l’échelon départemental en 1923 (son nom figurait avec ceux de Sellier* et Morel* au bas d’une déclaration commune des responsables confédérés et unitaires), ce congrès de 1922 marqua la fin de l’action de Gaston Buignet au niveau de la région picarde.

Il se cantonna dès lors dans une activité locale, cumulant les responsabilités de secrétaire du syndicat des employés, de secrétaire de la section du Parti socialiste SFIO et de secrétaire du groupe « La Barre-Jean-Jaurès » (affilié à la Fédération de la Libre-Pensée) d’Abbeville, et ce jusqu’à la fin des années 30 où la fatigue le contraignit à se retirer du militantisme. Gaston Buignet s’éteignit en avril 1938 ; il avait 70 ans.