BUISSON René, Denis

Par Dominique Tantin

Né le 16 août 1900 à Chamberet (Corrèze), tué le 12 ou 13 juillet 1944 à Chamberet ; commerçant ; maire socialiste de Chamberet (1935-1940) ; résistant, officier dans l’Armée secrète.

René Buisson était le fils de Léonard, tailleur d’habits, alors âgé de 28 ans, et de son épouse Marie Plazanet, couturière, âgée de 23 ans. Appelé sous les drapeaux en 1920-1921 dans un régiment d’artillerie, il participa à l’occupation de la Rhénanie. Il vécut un temps en région parisienne, exerçant la profession de négociant, et le 31 août 1929, à Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), il épousa Germaine Marie Mélanie Ballet, née à Paris (VIe arr.), le 16 avril 1906, couturière.

De retour à Chamberet, il y exerça la profession d’épicier quincailler. Il était père de deux enfants nés à Chamberet, Georgette née en 1931 et André né en 1933. Il militait au Parti socialiste SFIO et il exerçait la fonction de secrétaire de la section des Amis de l’URSS de Chamberet-Treignac constituée le 5 octobre 1935, section dont le trésorier était Ed. Maroudy. Élu maire SFIO de Chamberet en 1935, il fut révoqué par le régime de Vichy en 1941. Il avait été brièvement mobilisé en mars-avril 1940.

Il rejoignit la Résistance au sein de l’Armée secrète. Il était le chef local des Mouvements Unis de la Résistance (MUR). En juillet 1944, il fut assassiné avec cinq autres résistants de l’AS, crime commis sur ordre de Raymond Burillon, capitaine “Charlot” des FTP. Les six hommes furent abattus en deux temps, les 8 et 12-13 juillet.

Le soir du 7 juillet 1944, à Chamberet, cinq hommes circulant dans une traction avant noire furent arrêtés par des FTP commandés par Raymond Burrillon, alias “capitaine Charlot”. Il s’agissait de trois officiers de l’Armée secrète, Pierre Cervoni, Pierre Monteil et Jean Villeneuve, accompagnés par deux soldats, Plas et Delage. Les captifs furent conduits au PC du groupe de Burillon, au hameau de la Borderie, sur la commune de Chamberet. Accusés d’être des espions à la solde de Vichy et des Allemands, ils furent “jugés” et condamnés de manière expéditive, puis exécutés à l’aube du 8 juillet. Les deux soldats furent épargnés mais ils furent contraints d’intégrer le groupe “Charlot”. Si l’on croit Michel Taubmann (op. cit. p. 162), qui s’exprime au conditionnel, « “le “procès” aurait été présidé par un “Charlot” complètement ivre : “j’ai fait cent trente kilomètres pour épurer l’AS”, aurait-il affirmé, prétendant obéir aux ordres d’un chef qu’il nommait “Châtaignier” (dénommé aussi “le Grand Châtaigner”). Est-il ensuite allé lui rendre des comptes ? On peut le supposer. » Michel Taubmann poursuit son récit pour relater, s’exprimant désormais au présent, la suite de cette tragédie : « En effet, le lendemain du crime, “Charlot” part deux jours en Creuse avant de revenir à Chamberet. Entre-temps, le quincailler René Buisson s’est inquiété de la disparition de ses amis de l’Armée secrète. Il pense qu’ils ont été faits prisonniers. “Charlot”, qui entretient apparemment de bonnes relations avec l’ancien maire de Chamberet, lui propose, pour obtenir la libération de ses camarades, de le conduire auprès de Guingouin. Buisson, accompagné de l’instituteur Jean Lair, chef militaire de l’AS locale, monte librement dans la camionnette de la Poste avec “Charlot” et trois ou quatre de ses hommes. Ils prennent la route suivis par un autre officier de l’AS, le lieutenant Périgord, sur une moto conduite par le soldat Chèze. Buisson ne rencontrera jamais Guingouin. Au bout de quelques kilomètres, au lieu de poursuivre vers Eymoutiers, le convoi bifurque et emprunte le petit chemin menant au campement du groupe de “Charlot”... Durant cette nuit, du 12 au 13 juillet, va sa produire un second massacre. Seul le jeune conducteur de la moto sera épargné ». Ce-dernier, Armand Chèze->194158] fut tué par les Allemands à Domps le 24 juillet. Les cadavres de Buisson, Lair et Périgord, enterrés dans une cour de ferme, furent exhumés quelques semaines plus tard.
Georges Guingouin, chef des FTP de Haute-Vienne, fit exécuter Burillon le 3 août 1944.
René Buisson obtint la mention Mort pour la France et fut homologué FFI. La médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret en date du 31 mars 1947. Son nom est inscrit sur la stèle commémorative et le monument aux Morts de Chamberet. Une salle communale porte son nom.


Voir Chamberet (Corrèze), 8-12 juillet 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article102989, notice BUISSON René, Denis par Dominique Tantin, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 13 septembre 2021.

Par Dominique Tantin

SOURCES : Rapport du Commissaire spécial de Tulle au Préfet, 31 janvier 1936 (Ph. Hanen, Mémoire de Maîtrise, op. cit.). — Service historique de la Défense, Caen, AVCC, AC 21 P 35735 et Vincennes GR 16 P 96869 (nc). — Fabrice Grenard, Une légende du maquis, Georges Guingouin, du mythe à l’histoire, Paris, Vendémiaire, 2014, pp. 357-360. — Fabrice Grenard, Maquis noirs et faux maquis, Paris, Vendémiaire, 2013, pp. 100-102. — Michel Taubmann, L’Affaire Guingouin, Saint-Paul, Lucien Souny, 1994, pp. 160-171. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Acte de naissance et registre matricule militaire, arch. dép. de Corrèze en ligne ; acte de mariage, arch. dép. des Hauts-de-Seine en ligne.

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